David Cameron, conservateur, pas thatchérien

A David Cameron premier ministre, les conservateurs reviennent à Downing Street. Mais ce n'est pas le retour des thatchériens.

Le soulagement se lisait sur son visage. David Cameron est enfin premier ministre du Royaume-Uni, après cinq jours d'intenses négociations politiques. Son arrivée à Downing Street marque la fin de 13 années d'opposition des conservateurs. C'est aussi la fin d'une incroyable épopée politique, celle du "New Labour", construit par Tony Blair, Gordon Brown et Peter Mandelson.

Le retour des conservateurs au pouvoir n'est cependant pas une victoire de l'idéologie thatchérienne contre celle des travaillistes. David Cameron a mené la bataille politique au centre, pas à droite. Il le dit lui-même: il n'est pas idéologue.

Pas de doute, David Cameron est conservateur. Mais au vieux sens du terme: il croit en la patrie, la famille, la charité... Il se méfie, instinctivement, des grandes politiques centralisées. Il n'aime guère les impôts. Il a horreur de l'Europe, particulièrement quand elle prend la forme d'un rêve fédéral.

Mais David Cameron n'a rien de l'idéologie des années Thatcher. La preuve en a été faite lors de ses négociations avec Nick Clegg, le leader du parti libéral-démocrate. Les deux hommes, qui ont le même âge et vivent dans le même monde de l'élite politique urbaine, se sont immédiatement bien entendus. Et les négociations sur les impôts et la baisse du déficit n'ont guère posées de problème.

Les lib-dems voulaient augmenter de 7000 à 10000 livres la barre avant laquelle les Britanniques ne paient pas d'impôts sur le revenu? Pas de problème, a répondu David Cameron (quoi qu'il soit possible que la barre soit fixée un peu plus basse). En échange, le parti centriste accepte les coupes budgétaires que les conservateurs avaient prévu cette année. Les lib-dems voulait de nombreux postes de ministre? Pas de problème, ils auront cinq membres au conseil des ministres (et des secrétaires d'Etat dans tous les ministères).

Ce pragmatisme est la marque de fabrique de David Cameron. Elle pourra rassurer les leaders européens, y compris Nicolas Sarkozy, concernant les futurs négociations européennes. Le leader conservateur n'aime pas l'Europe mais il n'a pas l'intention d'en faire un terrain de guerre.

Son pragmatisme est aussi la preuve que l'idéologie dominante en Grande-Bretagne a changé. D'une certaine façon, Tony Blair a gagné la bataille des idées: pour un secteur privé fort, mais pour un système de santé et une éducation bien financés. David Cameron fait d'ailleurs régulièrement référence à l'ancien premier ministre, souvent pour en dire du bien. Les conservateurs sont de retour, pas les thatchériens.

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