Arkema, l'alchimie n'opère plus

La société a consacré beaucoup de temps et d'énergie au nettoyage de son portefeuille de métiers hérités des anciennes activités chimiques de Total. Parfois au détriment de son développement dans les pays émergents.

Le défi était à la hauteur de la difficulté de la tâche. Au moment de son introduction en Bourse en 2006, Arkema pensait qu?il était possible de ménager la chèvre et le chou, en rationalisant un portefeuille hérité des anciennes activités chimiques de Total, tout en devenant un acteur incontournable de la chimie de spécialité dans le monde. Entre-temps, les efforts de restructuration se sont avérés particulièrement chronophages et la crise est passée par là. Résultat des courses : si l?impact des cessions et des économies d?échelles a joué positivement sur les comptes 2009, la visibilité sur l?activité demeure relativement faible.

Ainsi, d?un côté, 171 millions d?euros de réduction de coûts ont permis à la marge brute d?exploitation de limiter son recul à 37,7%. De l?autre, l?activité a chuté plus lourdement (-21,1%) que celle de certains de ses pairs comme Rhodia, notamment à cause d?une forte présence sur des segments toujours en difficulté comme la construction ou la peinture. Mais, la problématique d?Arkema va au-delà. La société a accumulé beaucoup de retard par rapport à la concurrence dans sa conquête des pays émergents. Si bien que son exposition à ces régions du monde atteint 21% du chiffre d?affaires contre 45% pour Rhodia.

De surcroît, ce dernier, qui a dégagé l?an passé, un profit opérationnel quatre fois supérieur à celui d?Arkema, dispose aujourd?hui d?une assise financière plus confortable pour accroître son avance. D?ailleurs, le premier s?est montré bien plus optimiste que le second pour l?année en cours. Au vu de ce constat, on comprend mieux pourquoi l?ancienne filiale de Total est victime depuis le début de l?année, d?arbitrages boursiers favorables à Rhodia. Les évolutions opposées des cours des deux actions, à la mi-séance, tendent à le confirmer. Or, à moins d?un événement exceptionnel, il sera difficile, pour Arkema, d?inverser la vapeur.
 

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