L'euphorie est retombée sur les marchés américains. Jeudi, les indices new-yorkais ont bondi après la mi-séance, effaçant leurs pertes initiales pour clôturer en hausse de près de 7% malgré une accumulation de mauvaises nouvelles. Mais ce vendredi, le très fort recul des ventes de détail en octobre sonne comme un rappel à l'ordre et pèse sur Wall Street.

Du coup, le Dow Jones perd 3,82% à 8.497 points, le Nasdaq abandonne 5% à 1.517 points et le S&P 500 cède 4,17% à 873 points. Après être temporairement repassés dans le vert, les indices ont replongé dans les derniers échanges.

Les ventes de détail ont reculé de 2,8% en octobre aux Etats-Unis, tout simplement leur plus fort repli depuis le début de la série statistique sous sa forme actuelle en 1992. Les analystes ne tablaient que sur une baisse de 2,1%. En excluant les ventes d'automobiles, qui plombent l'indice depuis plusieurs mois, l'indice a baissé de 2,2% en octobre, ce qui est là encore un record depuis 1992. Les analystes attendaient en moyenne un recul de 1,2%.

Ce chiffre confirme le ralentissement de la consommation des ménages, principal moteur de la croissance américaine. Pour tenter de relancer la demande interne, Henry Paulson, le secrétaire au Trésor (ministre des finances) a annoncé mercredi qu'il comptait utiliser une partie de l'enveloppe de 700 milliards de dollars mise à sa disposition par le Congrès pour soutenir le secteur des crédits à la consommation.

Petite lueur d'espoir toutefois, l'indice de confiance des consommateurs amércicains de l'université du Michigan a dépassé les attentes, s'établissant à 57,9 points en novembre, contre 57,6 points en octobre. Les analystes tablaient en moyenne sur une légère baisse, à 57 points.

Le secteur de la distribution fait les frais de cette situation. Wal-Mart, le premier distributeur mondial, a ainsi dû revoir à la baisse ses prévisions de résultats, tout comme Best Buy alors que Circuit City s'est placé sous la protection du Chapitre 11 de la loi sur les faillites. Ces deux derniers groupes sont respectivement numéro un et deux américains de la distribution d'électronique grand public.

Ce vendredi, JC Penney a annoncé une baisse de 53% de son bénéfice trimestriel, sous l'effet notamment d'une chute de 9% de ses ventes. Les profits de la troisième chaîne américain de grands magasins sont ressortis à 124 millions de dollars, soit 56 cents par action contre 54 cents attendus par les analystes. Le groupe ne table plus que sur un BPA (bénéfice par action) compris entre 90 cents et 1,05 dollar sur les trois derniers mois de l'année, une prévision bien inférieure au consensus du marché. Le titre plonge de 10,01% à 17,35 dollars.

Toujours dans le secteur de la distribution, Kohl's perd 4,78% à 29,11 dollars. Son bénéfice net a reculé de 17% à 160 millions de dollars. Par action, il s'établit à 52 cents, un cent de mieux que les attentes. Mais le groupe a revu à la baisse ses prévisions pour l'ensemble de l'année, avec un bénéfice attendu entre 2,69 et 2,84 dollars par action, au lieu d'une fourchette précédente allant de 3,02 à 3,18 dollars.

Même constat pour Nordstrom dont les profits se sont affichés en baisse de 57% au troisième trimestre, à 71 millions de dollars. La chaîne de magasins a elle aussi abaissé ses prévisions annuelles. Elle n'attend plus qu'un bénéfice par action compris entre 1,87 et 1,97 dollar par action. En août, elle tablait encore sur un BPA allant de 2,55 à 2,65 dollars. L'action cède 9,41% à 11,74 dollars

Sur le secteur financier, Citigroup prend 0,74% à 9,52 dollars alors que les valeurs bancaires sont mal orientées. Selon le Wall Street Journal, la banque new-yorkaise devrait supprimer au moins 10.000 emplois, notamment au sein de ses activités de banques d'investissement. Par ailleurs, Citi serait toujours à la recherche d'une banque de détail à acquérir après l'échec de sa tentative de rachat d'une partie des actifs de Wachovia.

Freddie Mac plonge de 8,22% à 67 cents. L'établissement de refinancement hypothécaire a perdu 25 milliards de dollars au troisième trimestre, en raison d'importantes charges et provisions. Face à l'ampleur de ses pertes, Freddie Mac indique que son autorité de tutelle a demandé au Trésor américain la somme de 13,8 milliards de dollars, qu'il espère recevoir d'ici fin novembre. Son homologue Fannie Mae, qui a annoncé lundi une perte de 28,9 milliards de dollars, recule de 12,90% à 54 dollars.

Enfin, Sun Microsystems gane 0,98% à 4,12 dollars après avoir révélé un plan de restructuration prévoyant une réduction de ses effectifs. Entre 5.000 et 6.000 postes, soit 15 à 18% des salariés du groupe informatique, seront supprimés. Ce plan devrait lui permettre de dégager des économies annuelles comprises entre 700 et 800 millions de dollars.