Les valeurs bancaires à nouveau attaquées

Le secteur subit les craintes des investisseurs sur les dettes souveraines en zone euro et les réformes en vue sur la réglementation financière.

La Bérézina se poursuit pour les valeurs bancaires, à nouveau massacrées ce jeudi sur le marché. Le compartiment signe les plus fortes baisses du CAC 40 et contribue au net repli de l'indice parisien.

A la clôture, BNP Paribas décrochait ainsi de 4,99% à 45,87 euros, Société Générale de 4,52% à 35,15 euros, Crédit Agricole de 4,72% à 8,81 euros et Dexia de 2,98% à 3,12 euros. 

Sur un mois, le compartiment continue d'afficher un net retard par rapport au marché, avec une évolution négative quand le CAC 40 a, lui, rebondi de 3,6% sur la période.

Depuis le début de l'année, les quatre représentants du secteur bancaire au CAC 40 affichent des chutes allant de près de 18% pour BNP Paribas à 26% pour Dexia et 28% pour Société Générale et Crédit Agricole. A titre de comparasion, l'indice phare de la Bourse de Paris recule de 9,7%.

Craintes sur les dettes

Pourquoi alors une telle correction ? Grandes gagnantes du rebond historique des marchés en 2009, les banques ont été rattrapées en début d'année par la crise grecque qui s'est étendue ensuite à la zone euro, devant plus généralement le problème des dettes souveraines des pays européens. A cela s'ajoute l'opacité entourant encore les actifs toxiques présents dans le bilan des banques.

"Les faibles valorisations des banques européennes reflètent l'incertitude majeure sur l'exposition des différents établissements aux actifs toxiques privés hérités de la crise de 2008 et aux dettes publiques sensibles", indiquent ainsi les analystes d'Axa Investment Managers dans une note.

"Les estimations du FMI (avril 2010) et de la BCE (juin 2010), à partir de modèles et hypothèses très différents, convergent sur un chiffre de 200 milliards d'euros pour les pertes à venir sur les actifs privés (immobilier commercial et résidentiel, produits structurés). La BRI a dévoilé les expositions des banques européennes à la périphérie européenne en crise : 1.000 milliards d'euros de dette privée, et 200 milliards d'euros de dette publique", explique encore Axa IM.

Dans ce contexte, les valorisations des banques européennes ont fondu comme neige au soleil, à des niveaux de ratio cours sur actif net à moins de 1. "La publication par établissement, de stress-tests par les régulateurs espagnols, français et allemands, devrait apporter plus de transparence sur les bilans et éviter une dévalorisation aussi violente qu'au paroxysme de la crise des subprime (ratio cours/actif net de 0,35 en mars 2009)", estiment néanmoins les équipes d'Axa IM.

Du coup, ces dernier jugent "attrayantes" la valorisation des banques de la zone euro et relèvent leur recommandation sur le secteur de sous-pondéré à neutre. Attention toutefois car un autre défi attend le secteur bancaire, celui de la réglementation financière.

Taxe sur les banques

A quelques jours du G20, où l'idée d'une taxe bancaire défendue par les Européens et Américains sera débattue, les incertitudes prédominent autour des nouvelles règles en matière de régulation et de fonds propres.

Mercredi, la ministre de l'Economie Christine Lagarde a dévoilé les modalités du projet français de taxe bancaire, précisant que les activités visées seraient celles les plus risquées des banques. Les recettes, évaluées à plusieurs centaines de millions d'euros, seront affectées au budget de l'Etat.

Or, "la taxation sur les actifs risqués pénalise les banques car cela va limiter leur marge de manoeuvre en termes de prêts et en ce qui concerne toutes les activités rémunératrices", indique Isabelle Enos, gérante d'actions chez B*Capital (groupe BNP Paribas) interrogée par l'AFP (Agence France Presse).

Aux Etats-Unis, un projet de réforme de la réglementation financière est aussi en cours. D'après l'agence Reuters, les sénateurs américains auraient notamment convenu de renforcer les restrictions concernant les opérations des banques pour compte propre. Le Sénat et la Chambre des Représentants espèrent pouvoir synthétiser leurs projets de réforme respectifs cette semaine de façon à transmettre à la signature du président Barack Obama un texte définitif d'ici au début juillet.

Pour les analystes, ces réformes réglementaires sont de nature à changer le 'business model' des banques. C'est pourquoi les analystes d'Axa IM, s'ils relèvent leur recommandation sur le secteur en Europe, restent très prudents. "Les investisseurs devront être très discriminants au sein de cette industrie tourmentée", concluent-ils.

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