Analyse : pourquoi le dollar est remonté face à l'euro

Le dollar est remonté à son plus haut niveau depuis quatre mois face à l'euro, brisant le seuil de 1,30. Il est soutenu par le grand écart entre les performances économiques des États-Unis et de la zone euro.
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Il a suffi d'un phénomène technique pour que le dollar reprenne l'initiative : le franchissement jeudi de sa moyenne mobile à deux cents jours face à l'euro, sur laquelle il était venu buter à plusieurs reprises, a déclenché un courant acheteur d'autant plus solide que des facteurs fondamentaux de plus en plus favorables viennent étayer l'engouement des chartistes. Même si le chiffre fétiche des créations d'emplois aux États-Unis en décembre a déçu vendredi, en se limitant à 103.000, alors que les statistiques pour le secteur privé avaient créé la divine surprise mercredi, c'est le taux de chômage qui a finalement retenu l'attention des économistes et des acteurs des marchés. Il a reflué d'un mois sur l'autre de 9,8 % à 9,4 % de la population active. Du coup, le dollar a amplifié le rebond qui l'avait entraîné à son cours le plus élevé depuis quatre mois face à l'euro, en se hissant jusqu'à 1,2905 tandis qu'il poussait une pointe à 82,86 yens et que son indice pondéré face aux monnaies des principaux partenaires commerciaux des États-Unis s'installait à son meilleur niveau depuis un mois. Et ce ne sont pas les propos très politiquement tempérés de Ben Bernanke devant le Sénat, vendredi également, qui ont douché les espoirs renaissants. Le patron de la Fed s'est déclaré modérément optimiste sur l'élan retrouvé de la croissance, soulignant qu'une reprise autonome des dépenses des ménages et des investissements des entreprises était en train de prendre racine. Mais il reste inquiet sur la situation du chômage estimant qu'il faudra « un temps considérable » pour qu'il revienne à un niveau normal. Certes, les États-Unis ont recréé 1,1 million d'emplois en 2010, mais ils en avaient détruit 8,5 en 2008 et 2009. Reste que derrière son discours très profil bas, se cache la nécessité de faire taire les critiques, émanant notamment des républicains, sur son programme d'assouplissement quantitatif bis. Autre facteur de soutien au dollar : le contraste entre l'évolution des données économiques fondamentales de part et d'autre de l'Atlantique.

Craintes omniprésentes

Alors que le rebond de l'activité s'accélère aux États-Unis, le tableau dans la zone euro s'assombrit. Ce que sont venus confirmer deux chiffres vendredi. D'abord, la révision en baisse du PIB du troisième trimestre dont la croissance n'a été que de 0,3 % au lieu de 0,4 % précédemment annoncé et de 1 % au cours des trois mois précédents. Ensuite, la rechute de la production industrielle du poids lourd de la zone euro : elle s'est contractée de 0,7 % en novembre en Allemagne. Et ce dans un contexte où les craintes suscitées par la crise de la dette souveraine restent omniprésentes. Il n'est donc pas exclu que le dollar se dirige lentement vers le point haut de l'année 2010 atteint en juin dernier à 1,1875 pour un euro.

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