Le nouveau dérapage des prix fait sortir l'euro de sa torpeur

L'inflation dans la zone euro s'est élevée à 2,6 % en glissement annuel en mars. Cette embardée, qui devrait pousser les taux de la BCE à la hausse, a relancé l'euro.
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Quasiment étale face au dollar depuis quinze jours, l'euro est soudainement sorti de sa torpeur jeudi à l'annonce par Eurostat de sa première estimation de l'inflation harmonisée dans la zone euro en mars. Un chiffre qui a défié les prévisions de tous les économistes, même les plus pessimistes. La hausse des prix s'est nettement accélérée, à une semaine de la prochaine réunion du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne, qui s'est implicitement engagée à relever ses taux directeurs, pour la première fois depuis juillet 2008. Elle avait affirmé « sa forte vigilance » à l'égard de l'inflation lors de son précédent rendez-vous le 3 mars. Ce qui constitue depuis le début de l'ère Trichet le sésame d'un tour de vis monétaire dès le conseil du mois suivant.

Les prix ont augmenté de 2,6 % en glissement annuel dans les dix sept pays utilisant la monnaie unique, contre 2,3 % attendus et 2,4 % en février. Or, l'objectif de la BCE vise à contenir la hausse des prix pour la maintenir à un niveau inférieur mais proche de 2 %. Le dérapage des prix au-delà de cet objectif observé depuis décembre lui donne donc le champ libre pour infléchir sa politique monétaire et effectuer cette « volte-face » rapide sur les taux réclamée par son chef économiste, le très « faucon » Jürgen Stark, qui s'exprimait jeudi dans les colonnes du « Financial Times » de Londres.

Les acteurs du marché des changes sont à ce point polarisés pour le moment par le creusement prévisible des écarts de taux entre les grandes monnaies qu'ils en oublient presque les rebondissements quasi journaliers de la crise de la dette souveraine de la zone euro. Jeudi, ils ont fait monter l'euro à quelques fractions de son niveau le plus élevé depuis novembre atteint le 22 mars à 1,4250 dollar. Avant de prendre leurs bénéfices dans l'attente du résultat des « stress tests » des banques irlandaises.

Mais au petit jeu des pronostics, qui a déjà commencé avant même l'annonce jeudi prochain de la première hausse des taux de la BCE, l'euro a toutes les probabilités de sortir renforcé, même modestement, en tout cas face au dollar, dont les rendements resteront encore figés près de zéro pendant plusieurs mois. Selon le panel de quatre-vingts économistes interrogés par l'agence Reuters, une très large majorité prédit que le principal taux directeur de la BCE, le taux de refinancement, finira le trimestre en cours à 1,25 %, contre 1 % actuellement, le troisième trimestre à 1,50 % et le dernier du millésime à 1,75 %. Le maniement des taux par quart de point étant également une spécificité de la présidence française de la BCE.

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