Une décennie d'enrichissement pour les Français

Les inégalités ont peu évolué en France entre 1996 et 2008, révèle l'Insee. Elles se sont cependant creusées à partir de 2004 du fait du dynamisme des revenus du patrimoine des classes aisées. L'amélioration des niveaux de vie des plus modestes doit pour sa part beaucoup à l'embellie économique de la fin des années 1990.
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Entre 1996 et 2008, les inégalités de niveau de vie en France ont finalement peu varié, annonce l'Insee dans son rapport 2011 sur les revenus et le patrimoine des ménages. Sauf que, dans ce laps de temps, la pauvreté a perdu du terrain et les riches sont devenus plus riches.

Deux mouvements distincts se dégagent ainsi. De 1996 à 2004, les inégalités ont globalement décru parce que les ménages les plus modestes se sont rapprochés, en termes de niveau de vie, des ménages dits « intermédiaires ». Le recul de la pauvreté s'est fortement concentré sur une période dorée allant de 1997 à 2001, en lien avec la baisse du chômage et l'embellie de la croissance. Une époque également où plusieurs prestations sociales et revenus de remplacement ont été revalorisés, rappelle l'Insee. Lors de ces quatre années, le niveau de vie (soit les revenus disponibles considérés en fonction de la composition des ménages) a ainsi augmenté de 2,5 % par an en moyenne, alors qu'il n'a plus augmenté que de 1,6 %-1,8 % par la suite.

En revanche, à partir de 2004, les inégalités se sont accentuées, « par le haut », souligne l'Insee, c'est-à-dire en raison de l'enrichissement des ménages fortunés. Les 10 % les plus riches ont vu les revenus de leur patrimoine augmenter de 11 % par an pendant quatre ans. De plus, l'augmentation de la richesse semble avoir été proportionnelle à la richesse déjà existante : le niveau de vie des 1 % des personnes les plus aisées de la population a progressé de 9,6 %, celui des 0,1 % les plus riches, de 18,9 %, et celui des 0,01 % les plus aisées, de 32,7 % ! Ce que l'étude de l'Insee ne dit pas - car ses données s'arrêtent à 2008 -, c'est si la crise et la remontée du chômage de 2009 et 2010 ont stoppé net le recul de la pauvreté comme la progression de l'enrichissement.

Rôle protecteur de l'emploi

Le niveau de vie médian pour sa part, qui partage la population entre deux groupes de même effectif, s'élève à environ 19.000 euros par an (1.580 euros par mois), ce qui représente un revenu de 3.320 euros par mois pour un couple avec deux jeunes enfants. À un bout de l'échelle, les 10 % des personnes les plus modestes ont un niveau de vie inférieur à 10.550 euros par an, tandis qu'à l'autre extrémité, les 10 % les plus riches ont un niveau de vie de 35.550 euros ou plus. La France compte enfin 13 % de pauvres, soit 7,8 millions de personnes, dont le niveau de vie est inférieur à 949 euros par mois (60 % du niveau de vie médian). Cela représente un revenu de 2.000 euros par mois pour un couple avec deux jeunes enfants.

L'institut note que le « rôle protecteur de l'emploi s'est renforcé en douze ans ». Ainsi, la pauvreté a baissé parmi les actifs occupés (de 9,4 % à 7,4 %), elle est restée stable pour les chômeurs et les retraités, mais elle a augmenté pour les inactifs (de 23 % à 29,5 %). Les chômeurs restent cependant les plus touchés par la pauvreté (36 % d'entre eux). Enfin, il ne fait pas bon d'être seul, et ou d'avoir des enfants... Même si leur situation s'est améliorée en douze ans, 20 % des familles nombreuses sont pauvres, de même qu'entre 25 % et 54 % des familles monoparentales, selon leur nombre d'enfants à charge.

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