Bourse : les investisseurs ne croient plus à un rebond

En chute de plus de 20 % en Europe et de près de 10 % aux États-Unis, les indices boursiers s'acheminent vers une nouvelle année de baisse. Entre la crise des dettes souveraines et le ralentissement économique, les experts sont déboussolés.
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Les gérants de portefeuilles sont confrontés à une rentrée de tous les dangers. Après le pire mois d'août depuis octobre 2008, le mois de septembre s'annonce encore compliqué. Minés par les mauvais chiffres de l'emploi publiés vendredi dernier et le manque de visibilité sur l'issue du deuxième plan d'aide à la Grèce, les indices, ont, depuis le début de la semaine, abandonné 6,3 % pour l'Euro Stoxx 50 et 5,8 % pour le CAC 40. Même la Bourse de Francfort, jusque-là portée par la dynamique exportatrice de ses fleurons industriels, notamment vers les pays émergents, n'a pas échappé aux mouvements vendeurs à l'image du repli de 6,2 % du DAX en l'espace de deux jours. Seul Wall Street, qui affichait à la clôture des Bourses européennes ce mardi, un recul de 1,85 % par rapport à ses niveaux de vendredi dernier, est parvenu à limiter la casse grâce, notamment, à la fermeture des marchés américains lundi pour cause de Labour Day.

Pour se déterminer, les investisseurs doivent prendre en compte deux éléments exceptionnels : d'un coté des niveaux de valorisation historiquement bas, notamment dans le compartiment bancaire, de l'autre les conséquences économiques encore difficilement chiffrables des mesures d'austérité budgétaire imposées par la crise des dettes souveraines sur une croissance déjà molle. Parmi les 10 grands établissements financiers interrogés par « La Tribune », 60 % des sondés sont neutres ou pessimistes quant à l'évolution des marchés d'actions d'ici à la fin de l'année. Autrement dit, les experts manquent cruellement de visibilité sur les prochains mois.

« Les marchés d'actions subissent depuis août les conséquences du ralentissement marqué de l'économie mondiale, de la crise souveraine européenne et de son corollaire, les difficultés du secteur bancaire, et de l'absence de coordination des politiques économiques », selon Alain Bokobza, responsable de la stratégie d'allocations d'actifs chez SGCIB. Selon lui, « les résultats des entreprises du troisième trimestre seront sans aucun doute en dessous des attentes du consensus, encore optimiste ».

Pour Éric Turjeman, responsable de l'expertise Actions chez Amundi, « le climat de panique actuel conjugué au manque de visibilité concernant l'action des banques centrales et des gouvernements européens n'incite pas à accroître la part des actifs risqués dans les portefeuilles à court terme ». Tous les secteurs de la cote ne sont pas logés à la même enseigne. Les acteurs de la pharmacie ou encore de l'agroalimentaire ont mieux résisté à la tempête boursière. Incitant certains, comme Philippe Lecoq, gérant actions européennes chez Edmond de Rothschild, à se positionner sur ces secteurs d'activité tout comme sur « les entreprises capables de maintenir, voire d'augmenter leurs dividendes ».

« Un risque de baisse d'encore 10 % pour le CAC 40 »
Selon Jérôme Vinerier analyste marchés chez IG Markets France, la cassure du seuil des 3.000 points sur l'indice parisien pourrait faire chuter ce dernier jusqu'à 2.700 points.
Que représente le fait d'être retombé sous les 3.000 points ?

Il s'agit avant tout d'un seuil psychologique important, qui n'a été enfoncé qu'à deux reprises depuis 1998, à savoir lors des marchés baissiers de 2002-2003 puis 2008-2009. La cassure actuelle de ce niveau montre que le courant vendeur est encore très présent sur le marché, en raison des inquiétudes et incertitudes élevées. Du point de vue graphique, rien n'empêche désormais le CAC 40 de retomber sur le seuil des 2.700 points, soit un risque de baisse d'encore 10 % pour l'indice français. Toutefois, il faut noter que le CAC 40 n'est jamais resté longtemps sous la barre des 3.000 points au cours de ces treize dernières années . Quelques semaines tout au plus. Les intervenants, guidés par la peur et le doute, continuent de se désengager même si le marché n'est pas cher, mais il s'agit sans nul doute d'une phase d'excès. Les autorités ne devraient pas tarder, en outre, à réagir pour ramener le calme et la confiance, et mettre en oeuvre les mesures qui s'imposent.

Dans ce contexte, que peut-on attendre du CAC 40 d'ici à la fin de l'année ?

Début 2011, le consensus donnait l'indice à 4.100 points en fin d'année, pour être révisé récemment autour des 3.600 points. Il m'est, pour l'heure, difficile de tabler sur un retour du CAC 40 au-delà des 3.300 points. D'ici à la fin de l'année, les intervenants seront très attentifs aux chiffres macroéconomiques - le risque de récession aux États-Unis se faisant grandissant - et vont également beaucoup attendre des banques centrales. Il devient par ailleurs impératif que la transparence soit faite autour du secteur bancaire, qui cristallise une part importante des craintes. D'ailleurs, ce sont les valeurs financières qui ont le plus lourdement pesé sur la chute des indices ces dernières semaines et qui continuent d'entraîner les indices européens à la baisse. Ce qui montre bien que, au-delà des anticipations de récession, les incertitudes sur de nouvelles dépréciations des banques liées aux dettes souveraines des Pigs doivent être levées
Propos recueillis par Blandine Henault

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