Les Européens se rendent à reculons au sommet de Bruxelles

La chancelière allemande a averti qu'il ne fallait pas s'attendre à une « avancée spectaculaire » au Conseil européen de jeudi, alors que les négociations s'intensifient en coulisse.
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Le grand soir n'est pas pour demain. La prochaine réunion des chefs d'État et de gouvernement de la zone euro ne sera pas l'occasion d'une « grande avancée spectaculaire d'un coup » qui résolve durablement la crise de la zone euro, a dit mardi à Hanovre, Angela Merkel. La flambée des taux de l'Italie et de l'Espagne, qui leur fait craindre d'être à leur tour coupées de l'accès aux marchés financiers, n'a pas infléchi la ligne de la chancelière allemande. Elle veut une approche « en plusieurs étapes ». Que les marchés se le tiennent pour dit : les Dix-Sept se retrouvent jeudi à Bruxelles pour mettre au point un second plan d'aide à la Grèce qui mette en évidence la part du paquet, estimé à 110 milliards d'euros, qui sera fournie par les investisseurs privés et celle qui sera supportée par les autres États de la zone. Ni plus ni moins. De son côté, le FMI, partie prenante de l'aide, s'impatiente et exige un « plan d'action cohérent » face à cette crise qui pourrait connaître « une issue tout à fait imprévisible ».

Mais les différences d'intérêt et d'approche politique entre pays les ont empêchés de converger vers une solution unique jusqu'à présent. Toutes les options consistant à inviter les créanciers à rouler leur dette, à allonger les échéances ou à la remplacer par du papier à plus long terme s'avèrent susceptibles d'être qualifiées de défaut de paiement par les agences de notation. C'est une ligne rouge pour Paris foncièrement hostile à « une solution qui s'apparente à un événement de crédit, c'est-à-dire à un abandon de la dette », a rappelé François Baroin. La France est ici sur la même ligne que la Banque centrale européenne. Berlin, prête à accepter un défaut temporaire, s'y oppose.

Exposition des banques

De surcroît, un tabou plombe les discussions entre Paris et Berlin : les banques françaises ont maintenu leur exposition au risque grec, comme elles s'y étaient engagées, alors que leurs concurrentes allemandes l'ont réduite. Aussi, le remboursement des créanciers privés de la Grèce est en partie un transfert du contribuable allemand vers les banques françaises.

Lundi, le nouveau ministre des Affaires européennes, Jean Léonetti, a relayé l'idée d'une « taxation du secteur financier » pour abonder ce plan d'aide. Elle permettrait de contourner le problème du défaut du créancier, mais ses modalités restent floues. Signe d'urgence, Nicolas Sarkozy avait envoyé mardi son secrétaire général, Xavier Musca, à Bruxelles pour négocier avec ses homologues européens. Parallèlement, l'Institute of International Finance, lobby mondial des banques, explore, à côté des autres options, la voie d'un rachat des titres grecs par le Fond européen de stabilité financière (FESF).

Ironie de l'histoire, les dirigeants politiques européens, qui assuraient après 2008 vouloir remettre la finance au pas, comptent aujourd'hui explicitement sur le secteur bancaire pour leur donner la solution technique de leur propre crise de liquidité et de solvabilité.

 

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