Grande-Bretagne : Le vote Farage pèse sur le Brexit

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Grande-bretagne: farage demande a participer a des negociations sur le brexit[reuters.com]
(Crédits : Hannah Mckay)

SOUTHAMPTON, Angleterre (Reuters) - Fort de la large victoire de son Parti du Brexit nouvellement créé aux élections au Parlement européen, l'eurosceptique Nigel Farage a demandé à participer dès lundi à des négociations avec les conservateurs sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

Le Parti du Brexit a laminé ses adversaires lors des européennes, organisées jeudi dernier au Royaume-Uni, avec 31,6% des voix devant les Libéraux-démocrates pro-européens (18,6%), les travaillistes (14,1%), les Verts (11,1%) et les conservateurs au pouvoir, relégués à une humiliante cinquième place avec 8,7% des suffrages.

Nigel Farage, qui avait poussé à l'organisation du référendum de 2016 sur le Brexit à l'époque où il dirigeait l'Ukip (Parti de l'indépendance du Royaume-Uni), avant de se mettre en retrait, entend de nouveau peser sur l'avenir du pays après le désaveu subi par les Tories.

"Nous devons faire partie de l'équipe désormais, ça me paraît évident", a déclaré le dirigeant eurosceptique à Reuters lors du dépouillement des bulletins à Southampton, dans le sud de l'Angleterre.

Alors que les conservateurs se préparent à élire un nouveau dirigeant à la place de la Première ministre démissionnaire Theresa May, Farage entend obtenir la garantie que le Royaume-Uni sortira bien de l'UE au plus tard le 31 octobre, avec ou sans accord - et de préférence sans accord.

"Si nous ne sortons pas ce jour-là, vous pouvez vous attendre à ce que le Parti du Brexit répète ce genre de performance aux prochaines élections législatives", a-t-il prévenu.

Si aucun dirigeant politique britannique ne veut voir Farage participer de près ou de loin aux négociations avec l'UE, sa popularité chez les partisans du Brexit devrait peser sur la tonalité de la campagne interne au Parti conservateur pour la succession de Theresa May.

"SI L'ON CONTINUE COMME ÇA, ON SERA VIRÉS"

Les prétendants à la succession de la Première ministre ont tous estimé lundi que les résultats des européennes traduisaient la volonté des Britanniques de quitter l'Union européenne, avec ou sans accord.

"Si l'on continue comme cela, on sera virés", a prédit Boris Johnson, pour l'instant donné favori pour le 10, Downing Street.

"Nous pouvons et devons réaliser le Brexit. Aucune personne sensée ne chercherait exclusivement à obtenir une sortie sans accord. Aucune personne responsable n'exclurait une sortie sans accord", a écrit l'ancien ministre des Affaires étrangères et ardent défenseur du Brexit dans une tribune parue dans le Telegraph.

"Si nous sommes courageux et optimistes, nous pourrons obtenir un bon accord avec nos amis de l'autre côté de la Manche, à la date voulue - le 31 octobre - et commencer à répondre aux espoirs et aux ambitions de notre peuple", a-t-il ajouté.

Du côté du Labour, on insiste plutôt sur la nécessité de consulter les Britanniques, que ce soit par de nouvelles élections législatives ou par référendum, et d'éviter toute sortie sans accord.

"Cette question devra être à nouveau soumise au peuple", a déclaré le chef du Parti travailliste, Jeremy Corbyn, dans un communiqué.

Si le parti du Brexit sort grand vainqueur des élections au Parlement européen, trois formations ouvertement pro-européennes - les Libéraux-démocrates, les Verts et Change UK - cumulent à elles trois plus de 30% des voix.

"Loin de fournir un verdict clair, le résultat (des européennes) souligne combien il sera difficile de trouver une issue au processus du Brexit qui puisse satisfaire une nette majorité d'électeurs", relève le politologue John Curtice.

(William James, Elizabeth Piper; Tangi Salaün et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)