Entre investissement et fatigue, la pandémie a poussé les salariés à se dépasser

80% des chefs d'entreprise estiment que leurs équipes sont toujours autant investies selon la dernière Grande consultation des entrepreneurs réalisée par OpinionWay pour La Tribune, LCI et CCI France. En revanche, 44% des dirigeants interrogés affirment que leurs salariés sont plus fatigués et plus stressés qu'avant.
Grégoire Normand
(Crédits : Reuters)

Pandémie mondiale, confinement, récession, licenciements, chômage... Depuis maintenant près d'un an, les salariés et indépendants sont secoués par l'électrochoc de cette crise planétaire. Beaucoup de travailleurs ont vécu des situations professionnelles très difficiles marquées par la crainte d'attraper cette maladie infectieuse ou de perdre leur emploi. Malgré ce contexte déprimé, 80% des chefs d'entreprise interrogés dans le cadre de la Grande consultation des entrepreneurs réalisée par OpinionWay pour La Tribune, LCI et CCI France estiment que leurs équipes ont toujours le même niveau d'investissement par rapport à février 2020. 14% des répondants soulignent même que leurs salariés sont encore plus investis qu'auparavant. A l'inverse, seuls 6% signalent une baisse de l'engagement des effectifs. Alors que les mesures d'endiguement ne cessent de se renforcer depuis le début du mois de janvier et que les rumeurs sur un troisième confinement se multiplient, les résultats de cette enquête montrent que les salariés ont tenté de garder le moral. Mieux, ils ont poursuivi leur engagement professionnel, malgré la brutalité et l'ampleur de la pandémie.

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Plus de fatigue et de stress

La pandémie a engendré de la souffrance, de la fatigue, de la détresse et d'autres risques psychosociaux dans une bonne partie de la population active. Ainsi, 44% des dirigeants interrogés reconnaissent que leurs salariés sont plus fatigués et plus stressés qu'avant. A l'opposé, 55% des personnes affirment que ces niveaux n'ont pas bougé depuis un an. Les niveaux de stress sont particulièrement aigus dans l'industrie (52%) et les services (53%). Dans le commerce (40%) et la construction (21%), ces phénomènes sont moins prononcés.

Beaucoup de facteurs peuvent expliquer ces situations angoissantes. Au delà des effets dévastateurs de la pandémie sur les conditions de travail, 82% des dirigeants notent un niveau de performance équivalent à celui enregistré avant l'arrivée du virus alors que la conjoncture s'est considérablement détériorée. 8% des patrons notent même que leurs salariés sont encore plus performants. Cette proportion est encore supérieure dans les services (10%) et le commerce (10%).

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Plus de transparence dans la communication interne

Parmi les leviers activés par les entreprises pour conserver la motivation des troupes, arrivent en premier lieu une communication interne plus transparente (26%) et une communication externe plus optimiste (24%). Malgré la montée en puissance du travail à distance, 14% souligne la nécessité d'entretenir plus de proximité dans le management.

Même si la pandémie a gelé beaucoup de hausses de salaires dans le privé, 8% des dirigeants envisagent cette année de mener une politique de rémunération et d'avantages plus incitative pour booster la motivation de leurs équipes. Enfin, seuls 3% prévoient de mieux valoriser les formations et 4% projettent une meilleure valorisation des parcours professionnels au sein des entreprises. L'autre résultat marquant du baromètre est que 51% des directions n'ont pas effectué ce type d'action pour motiver leurs salariés.

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Deux tiers des patrons jugent la généralisation du couvre feu "juste" ou "insuffisante"

Face à la recrudescence du virus et la circulation accélérée des variants sur le territoire français, le gouvernement a généralisé les mesures de couvre feu à l'ensemble des départements. Interrogés sur cette mesure de restriction, 35% des dirigeants estiment qu'elle est "juste" et 31% considèrent qu'elle est "insuffisante". A l'opposé, 34% jugent que cette initiative est "excessive". Au global, cela signifie que cette mesure suscite de l'adhésion dans une majorité du patronat. En revanche, 52% des personnes interrogées pensent que les entreprises ne sont pas assez associées à la résolution de la crise sanitaire tandis que 46% affirment qu'elles sont consultées "juste comme il faut".

Un léger regain d'optimisme

La levée de certaines mesures sanitaires au mois de décembre et les chiffres favorables de la consommation lors des fêtes de fin d'année ont redonné de l'optimisme aux dirigeants. L'indicateur qui prend en compte les questions de confiance à l'égard de l'économie et d'appréciation de la situation actuelle a rebondi entre décembre et janvier pour passer de 54 à 65 points. Cette évolution concerne toutes les tailles d'entreprise. Et le sentiment de confiance regagne 13 points sur cette période. En revanche, l'inquiétude demeure au même niveau (34%).

S'agissant des perspectives pour leur entreprise, l'économie française ou l'économie mondiale, tous les indicateurs sont au vert. Le début de la campagne de vaccination à la fin du mois de décembre laisse entrevoir le bout du tunnel pour de nombreux secteurs. La situation sanitaire reste néanmoins très préoccupante et le scénario d'un troisième confinement se profile à toute vitesse. Ce qui pourrait doucher les espoirs d'une reprise économique au premier trimestre. La plupart des économistes ont déjà dégradé leurs prévisions macroéconomiques pour le premier trimestre et beaucoup ne s'attendent pas à un rebond avant le début du second semestre.

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Méthode : étude réalisée auprès d'un échantillon de 608 personnes. L'échantillon a été interrogé du 15 au 22 janvier par téléphone. La représentativité de l'échantillon a été effectuée par un redressement selon le secteur, la taille.

Grégoire Normand
Commentaires 4
à écrit le 28/01/2021 à 17:27
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Déjà qu'avant la pandémie 2016 ; Les employés du secteur volailler aux Etats-Unis travaillent dans un tel climat de peur qu’ils n’osent pas demander de pauses pour aller aux toilettes et portent des couches au travail, affirme l’ONG britannique...

à écrit le 28/01/2021 à 12:55
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L’organisation des droits des hommes peuvent porter plainte pour homicide involontaire contre les états ? Pousser les salariés droits au mur : le burn out ?

à écrit le 28/01/2021 à 12:26
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Finalement, les gens ont bien intégré le travailler plus pour gagner moins, ou alors dans le pire des cas, une place chez Pole Emploi. Comme quoi, gouverner par la peur (en l'occurrence ici, de perdre son boulot), ça marche toujours ...

à écrit le 28/01/2021 à 9:06
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L'humain, cet outil formidable entre des mains de profonds arriérés ou la confiture offerte aux cochons. Quel gâchis.

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