
Le marché des crédits est grippé, l'immobilier s'enfonce dans la crise... Mais le gouvernement travaille à trouver une solution a affirmé le président de la commission des Lois de l'Assemblée nationale Sacha Houlié (Renaissance), ce lundi, au micro de France info. Selon le député, qui a parlé avec le ministre de l'Économie Bruno le Maire, la possibilité d'assouplir les conditions de crédit est sur la table des ministres et ce dernier « a dit étudier cette hypothèse », a confié Sacha Houlié.
« Nous sommes extrêmement attentifs à la dynamique de production des crédits immobiliers en France », a réagi Bercy auprès de l'AFP, soulignant que Bruno Le Maire avait « reçu la semaine dernière les représentants de la Fédération bancaire française (FBF) pour faire un point sur le sujet ».
Augmenter le nombre de dérogations aux règles d'accès au crédit
Lors de la rencontre du ministre avec la FBF, « il les a notamment incités à utiliser toutes les flexibilités qui existent déjà et qui ont déjà été assouplies il y a quelques mois », ajoute Bercy.
Mais pour aller plus loin et redynamiser le marché des crédits, Bruno Le Maire va devoir convaincre le Haut Conseil de Stabilité Financière qui peut statuer sur ces questions. « Le ministre verra le gouverneur de la Banque de France pour approfondir le sujet », mardi matin lors d'une réunion du HCSF a encore indiqué Bercy.
Pour rappel, le taux d'endettement des emprunteurs, en incluant le coût de l'assurance des crédits, est actuellement limité à 35% de leurs revenus, avec cependant des dérogations pour les primo-accédants. En juin, par exemple, le HCSF avait relevé la part des crédits immobiliers sur lesquels les banques peuvent appliquer de manière dérogatoire leurs propres critères et aller au-delà des 35%.
Et, pour Sacha Houlié, une des pistes envisageables serait de « desserrer quelques conditions soit le taux (d'endettement maximum) de 35%, soit les dérogations qui sont ouvertes », a-t-il déclaré. Le ministre, en tant que président du HCSF, a d'ailleurs déjà été saisi d'une demande en ce sens par plusieurs présidents de commission de l'Assemblée, dont le président de la commission des Lois, ainsi que par le rapporteur général du budget Jean-René Cazenave.
Le système du crédit immobilier enrayé
« Il existe de multiples cas dans lesquels les ménages, dont les revenus pourraient justifier qu'ils empruntent pour acquérir une résidence principale ou investir dans le locatif, se voient priver d'accès au crédit immobilier. Cette frilosité ne s'explique que par l'application stricte et prudentielle des règles édictées par le Haut conseil », déploraient les présidents de commission dans leur courrier obtenu par l'AFP.
Les taux du crédit immobilier, affichés par les banques, augmentent constamment depuis plusieurs mois avec, selon le courtier en crédit immobilier VousFinancer, « des taux rarement inférieurs à 4% » en septembre. « La révision mensuelle est actée jusqu'à la fin de l'année ce qui devrait conduire les taux d'usure à des niveaux aux alentours de 6 % », estime Julie Bachet, directrice générale de Vousfinancer, dans un communiqué. Selon l'Observatoire Crédit Logement, le taux moyen (hors assurance et frais de dossier) d'un crédit immobilier était de 3,61% en juillet, soit trois fois plus qu'en juillet 2021 (1,05%).
Cette hausse rapide des taux d'usure a certes permis de débloquer certains dossiers de crédit mais elle a également pesé sur la capacité d'emprunt des Français. Selon les chiffres de la Banque de France, la production de crédit immobilier a ainsi chuté de 40% en juillet à 12,7 milliards d'euros. Des chiffres assez proches cette fois-ci de ceux relevés par l'Observatoire Crédit Logement.
Un desserrement des conditions de crédit « permettrait de débloquer de nombreuses situations individuelles et de donner un nouveau souffle bienvenu aux constructions ou aux rénovations de logement », concluent alors les présidents de commission.
Le gouvernement allemand sonne aussi le branle-bas de combat. Ce lundi, le chancelier Olaf Scholz a invité les professionnels de l'immobilier pour un sommet à Berlin dans l'objectif de relancer les constructions, alors que le pays manque cruellement de logements. L'Allemagne est, en effet, particulièrement touchée par la crise du secteur, avec une chute des prix de l'immobilier sur un an de 6,8% au premier trimestre 2023, contre une légère hausse de 0,4% pour l'ensemble de la zone euro. Dans le même temps, les promoteurs souffrent de la hausse du coût des matériaux de construction, consécutive à la pandémie de coronavirus et amplifiée par la guerre en Ukraine. Une société immobilière sur cinq a déclaré avoir annulé des projets de construction en août, tandis que 11,9 % d'entre elles sont confrontées à des difficultés de financement, selon un récent sondage de l'institut IFO. Cette crise est un coup dur pour le gouvernement d'Olaf Scholz, qui avait promis, à son arrivée au pouvoir fin 2021, de construire 400.000 logements par an. Chiffre qui semble aujourd'hui très loin car le secteur s'attend à atteindre péniblement le chiffre de 250.000 cette année, et même à descendre sous les 200.000 en 2024.En Allemagne, l'exécutif planche aussi sur la crise du logement
(Avec AFP)