Immobilier : pour dégripper le marché, Le Maire planche sur un assouplissement des conditions d’accès au crédit

Selon le président de la commission des Lois de l'Assemblée nationale Sacha Houlié (Renaissance), interrogé par France info, le ministre de l’Economie étudie l'hypothèse d’un assouplissement des conditions d’accès au crédit dans le but de redynamiser le marché immobilier. Mais pour arriver à une telle mesure, Bruno Le Maire devra d’abord convaincre le Haut Conseil de Stabilité Financière qui statue sur ces questions.
« Nous sommes extrêmement attentifs à la dynamique de production des crédits immobiliers en France », a affirmé Bercy
« Nous sommes extrêmement attentifs à la dynamique de production des crédits immobiliers en France », a affirmé Bercy (Crédits : Pixabay/Raten-Kauf)

Le marché des crédits est grippé, l'immobilier s'enfonce dans la crise... Mais le gouvernement travaille à trouver une solution a affirmé le président de la commission des Lois de l'Assemblée nationale Sacha Houlié (Renaissance), ce lundi, au micro de France info. Selon le député, qui a parlé avec le ministre de l'Économie Bruno le Maire, la possibilité d'assouplir les conditions de crédit est sur la table des ministres et ce dernier « a dit étudier cette hypothèse », a confié Sacha Houlié.

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« Nous sommes extrêmement attentifs à la dynamique de production des crédits immobiliers en France », a réagi Bercy auprès de l'AFP, soulignant que Bruno Le Maire avait « reçu la semaine dernière les représentants de la Fédération bancaire française (FBF) pour faire un point sur le sujet ».

Augmenter le nombre de dérogations aux règles d'accès au crédit

Lors de la rencontre du ministre avec la FBF, « il les a notamment incités à utiliser toutes les flexibilités qui existent déjà et qui ont déjà été assouplies il y a quelques mois », ajoute Bercy.

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Mais pour aller plus loin et redynamiser le marché des crédits, Bruno Le Maire va devoir convaincre le Haut Conseil de Stabilité Financière qui peut statuer sur ces questions. « Le ministre verra le gouverneur de la Banque de France pour approfondir le sujet », mardi matin lors d'une réunion du HCSF a encore indiqué Bercy.

Pour rappel, le taux d'endettement des emprunteurs, en incluant le coût de l'assurance des crédits, est actuellement limité à 35% de leurs revenus, avec cependant des dérogations pour les primo-accédants. En juin, par exemple, le HCSF avait relevé la part des crédits immobiliers sur lesquels les banques peuvent appliquer de manière dérogatoire leurs propres critères et aller au-delà des 35%.

Et, pour Sacha Houlié, une des pistes envisageables serait de « desserrer quelques conditions soit le taux (d'endettement maximum) de 35%, soit les dérogations qui sont ouvertes », a-t-il déclaré. Le ministre, en tant que président du HCSF, a d'ailleurs déjà été saisi d'une demande en ce sens par plusieurs présidents de commission de l'Assemblée, dont le président de la commission des Lois, ainsi que par le rapporteur général du budget Jean-René Cazenave.

Le système du crédit immobilier enrayé

« Il existe de multiples cas dans lesquels les ménages, dont les revenus pourraient justifier qu'ils empruntent pour acquérir une résidence principale ou investir dans le locatif, se voient priver d'accès au crédit immobilier. Cette frilosité ne s'explique que par l'application stricte et prudentielle des règles édictées par le Haut conseil », déploraient les présidents de commission dans leur courrier obtenu par l'AFP.

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Les taux du crédit immobilier, affichés par les banques, augmentent constamment depuis plusieurs mois avec, selon le courtier en crédit immobilier VousFinancer, « des taux rarement inférieurs à 4% » en septembre. « La révision mensuelle est actée jusqu'à la fin de l'année ce qui devrait conduire les taux d'usure à des niveaux aux alentours de 6 % », estime Julie Bachet, directrice générale de Vousfinancer, dans un communiqué. Selon l'Observatoire Crédit Logement, le taux moyen (hors assurance et frais de dossier) d'un crédit immobilier était de 3,61% en juillet, soit trois fois plus qu'en juillet 2021 (1,05%).

Cette hausse rapide des taux d'usure a certes permis de débloquer certains dossiers de crédit mais elle a également pesé sur la capacité d'emprunt des Français. Selon les chiffres de la Banque de France, la production de crédit immobilier a ainsi chuté de 40% en juillet à 12,7 milliards d'euros. Des chiffres assez proches cette fois-ci de ceux relevés par l'Observatoire Crédit Logement.

Un desserrement des conditions de crédit « permettrait de débloquer de nombreuses situations individuelles et de donner un nouveau souffle bienvenu aux constructions ou aux rénovations de logement », concluent alors les présidents de commission.

En Allemagne, l'exécutif planche aussi sur la crise du logement

Le gouvernement allemand sonne aussi le branle-bas de combat. Ce lundi, le chancelier Olaf Scholz a invité les professionnels de l'immobilier pour un sommet à Berlin dans l'objectif de relancer les constructions, alors que le pays manque cruellement de logements. L'Allemagne est, en effet, particulièrement touchée par la crise du secteur, avec une chute des prix de l'immobilier sur un an de 6,8% au premier trimestre 2023, contre une légère hausse de 0,4% pour l'ensemble de la zone euro. Dans le même temps, les promoteurs souffrent de la hausse du coût des matériaux de construction, consécutive à la pandémie de coronavirus et amplifiée par la guerre en Ukraine.

Une société immobilière sur cinq a déclaré avoir annulé des projets de construction en août, tandis que 11,9 % d'entre elles sont confrontées à des difficultés de financement, selon un récent sondage de l'institut IFO. Cette crise est un coup dur pour le gouvernement d'Olaf Scholz, qui avait promis, à son arrivée au pouvoir fin 2021, de construire 400.000 logements par an. Chiffre qui semble aujourd'hui très loin car le secteur s'attend à atteindre péniblement le chiffre de 250.000 cette année, et même à descendre sous les 200.000 en 2024.

(Avec AFP)

Commentaires 16
à écrit le 25/09/2023 à 20:13
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Un prêt à taux réduit pour les primo-accédant peut-être? Et encore, n'oubions pas que la banque ne fait pas de perte sur un prêt puisqu'elle crée de l'argent qu'elle n'a pas: si tu ne peux pas rembourser leur monnaie de singe, alors zou l'hypothèqu...

à écrit le 25/09/2023 à 18:48
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Un peu comme les ventes à pertes??

à écrit le 25/09/2023 à 18:01
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Ca va faire un bon roman; je prévois un succès de librairie.

à écrit le 25/09/2023 à 14:10
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Le marché se dégrippera tout seul suffit d'attendre quelques mois .Toute autre action du gouvernement n'aurait pour effet que de faire remonter les prix .Nos dirigeants qui se disent être partisans d'une économie libérale oublient que le marché se ...

le 25/09/2023 à 17:42
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A ceci près que les libéraux français ne le sont généralement que quand ça les arrange...

à écrit le 25/09/2023 à 12:06
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Bravo bruno le rigolo ! Il va pousser les gens a s endetter plus et donc a terme une generation de surendetté. le probleme est assez simple : les tuax bas avaient poussé les prix vers le haut. La remontee des taux va faire l inverse. evidement les ve...

le 25/09/2023 à 19:28
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Le gros problème, c'est que papy fait facilement une crise de nerfs et nous sommes à quelques mois d'une échéance électorale...

à écrit le 25/09/2023 à 11:37
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un 1er pas : un taux de prélèvement à 30 % max (TVA comprise ) et l'économie française se relèverait . les français sont saignés à mort par les impôts ,les fonciers , les TVA , les charges, les assurances , EDF , l'eau , les carburants, les banque...

à écrit le 25/09/2023 à 11:29
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Déplorable, les prix sont élevés à cause du manque d'offre. Ils sont aujourd'hui en butée sur la capacité (incapacité) des ménages à les financer. Dès lors que l'on va autoriser les ménages à s'endetter d'avantage, les prix vont grimper d'autant !! ...

le 25/09/2023 à 16:55
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Les prix ne sont pas tant le fait d'une pénurie d'offre que de politiques clientélistes, comme par exemple créer les APL sans contrepartie en matière de contrôle des loyers, ce qui permet aux propriétaires de capter l'argent à travers une hausse inju...

le 25/09/2023 à 17:42
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O les loyers suivent l'évolution de l'indice IRL et les APL sont calculées sur les revenus du locataire et non sur le montant du loyer .J'ai des locataires qui perçoivent les APL et le loyer peut être de 500 ou 900euros et le montant de l'apl reste l...

le 25/09/2023 à 19:37
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@idx : dans un marché faiblement élastique, ce qui est le cas de l'immobilier, toute politique de soutien à la demande conduit mécaniquement à une hausse des prix...

à écrit le 25/09/2023 à 9:28
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Je croyait qu'il suffisait de surtaxer les residences secondaires balneaires pour resoudre le probleme

à écrit le 25/09/2023 à 9:05
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Ben voilà qui vient confirmer ce que j'écrivais ces dernières semaines. La France n'est plus dans une économie de marché mais dans une économie planifiée. Hallucinant, alors même que les crédits immobiliers sont de la création monétaire ex-nihilo.

le 25/09/2023 à 12:31
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Bruno Le Maire vient des LR, qui ne devrait pas dire "Les Républicains", mais plutôt "La Rente", plus précisément la rente immobilière, l'essentiel du parc étant détenu par des retraités pour qui le libéralisme, c'est vendre ou louer des taudis à des...

à écrit le 25/09/2023 à 8:48
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C'est pervers car poussant à l'endettement ce qui au sein d'une économie inflationniste est irresponsable.

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