Inondations, tempêtes : pour les agriculteurs sinistrés, l'Etat débloque une enveloppe de 80 millions d'euros

Un fonds de 80 millions d'euros va être alloué aux agriculteurs touchés ces dernières semaines par les tempêtes et les inondations en Bretagne, en Normandie et dans les Hauts-de-France. Une somme destinée à couvrir les pertes de récoltes et d'investissements « qui ne seraient pas couvertes par les sujets d'assurance », a indiqué le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau.
Une vue aérienne montrant une zone inondée a Estrée, commune du Pas-de-Calais.
Une vue aérienne montrant une zone inondée a Estrée, commune du Pas-de-Calais. (Crédits : PASCAL ROSSIGNOL)

[Article publié le mercredi 15 novembre 2023 à 12H25 et mis à jour à 17H45] 80 millions d'euros : c'est la promesse du gouvernement pour aider les agriculteurs touchés par la succession de tempêtes et d'inondations qui ont frappé le Nord et l'Ouest de la France ces dernières semaines.

Ce fonds « permettra de couvrir à la fois les pertes de récolte, mais aussi les pertes d'investissement qui ne seraient pas couvertes par les sujets d'assurance », a précisé le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, au micro de France Info ce mercredi 15 novembre

« On a fait un fonds qui permet d'éviter (...) les trous dans la raquette » dans la prise en charge des dégâts, a-t-il ajouté. La veille, sur X (ex-Twitter), le ministre avait indiqué que ce fonds visait à « accompagner les agriculteurs dans le rachat de matériel et soutenir les trésoreries ».

L'Etat pourra ainsi, a précisé le cabinet de Marc Fesneau ce mercredi à l'AFP, financer « jusqu'à 65% de l'investissement éligible » pour « remplacer rapidement les outils de production détruits par les événements climatiques, pour un redémarrage d'activité des exploitations concernées. » Quant à l'aide à la trésorerie, « pour une plus grande souplesse, celle-ci sera à la main des préfets et permettra d'apporter une réponse aux situations de grande fragilité. »

Les agriculteurs concernés sont ceux situés en Bretagne, Normandie et Hauts-de-France. Les tempêtes Ciaran et Domingos, puis les précipitations qui ont fait déborder des cours d'eau dans les Hauts-de-France, affectent durement ces professionnels, qui ont des serres arrachées, des bâtiments inondés ou des cultures sous les eaux.

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Des exploitations toujours inondées dans le Nord

Les agriculteurs des Hauts-de-France ont d'ailleurs toujours les pieds dans l'eau. Le ministre de l'Agriculture a indiqué ce mercredi qu'« une centaine » d'exploitations du nord de la France ont des « bâtiments inondés, mais il y a aussi des terres inondées, des cultures inondées ». Il a aussi précisé que « 200 bovins » ont péri, « noyés par la montée des eaux trop brutale » et qu'il y avait, sans doute, « plusieurs milliers d'hectares » de cultures de betterave à sucre qui « ne pourront pas être récoltées ». « À partir de la décrue, on aura une vision plus complète de l'étendue des dégâts », a souligné Marc Fesneau.

S'il ne pleut pas ce mercredi matin dans le Pas-de-Calais, le département a encore essuyé de fortes précipitations mardi. Il est toutefois repassé en vigilance orange aux crues. De nombreuses opérations de pompage sont menées, avec notamment cinq pompes de grande capacité, pour tenter d'évacuer les eaux.

50 millions d'euros pour les communes

Le président Emmanuel Macron s'est rendu dans le Pas-de-Calais mardi à l'occasion d'un déplacement avec certains ministres, dont Marc Fesneau. Outre l'annonce de ce « fonds exceptionnel » pour les agriculteurs - alors sans précision sur le montant - le chef de l'État a promis le déblocage d'une autre enveloppe, de 50 millions d'euros, destinée à « accompagner les communes les plus touchées ».

« Ça ne sera pas suffisant », a taclé ce mercredi sur France Bleu Nord le président PS du Pas-de-Calais, Jean-Claude Leroy, précisant que le département avait pour sa part « provisionné 10 millions ». « Mais là encore, ça ne sera pas assez », a-t-il souligné.

La reconnaissance en état de catastrophe naturelle de plusieurs communes du Nord et du Pas-de-Calais a par ailleurs été publiée ce mercredi dans le Journal officiel, première étape vers l'indemnisation des sinistrés. Le président Emmanuel Macron avait confirmé mardi cette reconnaissance pour 244 communes, soit 214 dans le Pas-de-Calais et « une trentaine dans le Nord ». Les assurances se sont engagées à faire preuve d'une « très grande réactivité », a indiqué le chef de l'État.

Lire aussiInondations dans le Pas-de-Calais : plus de 200 communes classées en catastrophe naturelle

Selon le préfet du Pas-de-Calais, Jacques Billant, 5.000 habitations ont été touchées par ces inondations « exceptionnelles » et « 1.400 personnes évacuées » depuis le 6 novembre. Il est en tout cas « vraiment beaucoup trop tôt » pour chiffrer le coût engendré par ces crues, a prévenu mardi Florence Lustman, la présidente de France Assureurs, sur RTL. Lundi, cette fédération réunissant les assureurs français a estimé à 1,3 milliard d'euros le coût des tempêtes Ciaran et Domingos.

Côté humain, le bilan des crues dans le Pas-de-Calais reste de « quatre blessés légers ». Une sexagénaire a été retrouvée morte samedi à Bailleul (Nord) dans sa voiture accidentée dans un fossé inondé, sans lien certain avec les intempéries, selon le parquet de Dunkerque.

Colère en Bretagne

Marc Fesneau est désormais attendu jeudi et vendredi en Bretagne. « Nous serons attentifs à l'annonce d'une indemnisation à la hauteur des dégâts, considérables », a prévenu dans un communiqué la députée Nupes du Finistère, Mélanie Thomin, qui reproche à l'exécutif d'avoir « rompu sa promesse ».

En Bretagne, début novembre, Emmanuel Macron avait assuré que l'état de catastrophe naturelle serait activé « partout où on pourra le faire ». Mais à la différence des Hauts-de-France, aucune commune bretonne n'a été classée en catastrophe naturelle au motif que les sinistres liés au vent n'entrent pas dans ce régime, contrairement aux inondations, a expliqué la présidente de France Assureurs mardi.

« Ça n'empêchera pas qu'en Bretagne aussi les risques ou les dégâts soient couverts » via le système des calamités agricoles, « c'est seulement pas le même mécanisme », a assuré le ministre de l'Agriculture ce mercredi matin.

Le cadre de l'indemnisation des calamités agricoles a changé cette année. Les agriculteurs ayant souscrit une assurance récolte doivent être mieux et plus rapidement indemnisés que les autres, et ce pour inciter la profession à s'assurer alors que les experts s'attendent à une multiplication des sinistres avec le changement climatique.

 (Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 15/11/2023 à 18:40
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Je ne suis pas d'accord pour financer des entreprises et indemniser des particuliers qui ont fait construire dans des zones à risque. Ce qui serait intelligent (mais bon manifestement faut pas trop en demander à ce gouvernement), ce serait de finance...

à écrit le 15/11/2023 à 18:40
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Je ne suis pas d'accord pour financer des entreprises et indemniser des particuliers qui ont fait construire dans des zones à risque. Ce qui serait intelligent (mais bon manifestement faut pas trop en demander à ce gouvernement), ce serait de finance...

à écrit le 15/11/2023 à 17:42
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Demain : Des rafales de vent à plus de 100 km/h attendues jeudi dans le nord de la France.Il ne s’agissait à l’origine que d’un coup de vent. Mais les dernières prévisions tablent sur l’arrivée d’une dépression dont les rafales pourraient finalement...

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