Loi Pacte, réforme de l'apprentissage : qu'en pensent les chefs d'entreprise ?

Interrogés en février par Opinion Way pour CCI France/La Tribune/ Europe1 dans le cadre de « La grande consultation », les dirigeants se disent plus méfiants qu'au mois de janvier. Malgré cette légère baisse, le niveau de confiance reste à un niveau élevé.
Grégoire Normand
L’indicateur de l’optimisme enregistre son deuxième meilleur score depuis le début de ce baromètre,
s’établissant à 123 points (+2 points).
L’indicateur de l’optimisme enregistre son deuxième meilleur score depuis le début de ce baromètre, s’établissant à 123 points (+2 points). (Crédits : Reuters)

Le retour de la confiance semble s'inscrire dans la durée. Après avoir atteint un point bas en novembre dernier, l'optimisme chez les chefs d'entreprise ne cesse de s'améliorer depuis la fin de l'année 2017. Interrogés dans le cadre de "La grande consultation" de février réalisée par Opinion Way pour CCI France/La Tribune/Europe 1*, les 603 dirigeants de l'échantillon interrogés restent cependant mesurés. Les sentiments de méfiance et d'inquiétude gagnent respectivement 7 et 6 points.

Loi Pacte bien accueillie

Le plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises (Loi Pacte), qui doit être présenté en conseil des ministres au mois d'avril prochain est plutôt bien accueilli par les entrepreneurs. Sur la méthode d'abord, 64% d'entre eux estiment qu'une consultation publique est "un procédé efficace pour construire une loi visant à favoriser" le développement des entreprises. Ce taux atteint même 80% chez les entreprises de 10 salariés ou plus.

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Sur le fond, les dirigeants interrogés semblent favorables aux suggestions engagées lors de cette consultation. 95% des dirigeants pensent que ce seraient une bonne chose de mieux identifier les entreprises en difficulté pour mieux les accompagner. 86% des répondants sont favorables au fait de donner la possibilité aux salariés de transformer leur temps comptabilisé pour le compte personnel de formation (CPF) "en temps exploitable pour développer une innovation." Reste à savoir quels sont les principaux axes de réforme que le gouvernement va retenir.

Plus de réserves sur l'apprentissage

En ce qui concerne la réforme de l'apprentissage, les patrons se montrent plus réservés. Qualifié par la ministre du Travail Muriel Pénicaud de "révolution copernicienne", ce vaste chantier présente des mesures moins utiles que d'autres. Sur l'ensemble des personnes interrogées, seulement 26% d'entre elles ont déjà eu recours à des contrats d'apprentissage alors que les apprentis français bénéficient parfois d'une très bonne reconnaissance à l'international. Parmi elles, 86% jugent la procédure satisfaisante, 85% considèrent qu'elle apporte une sécurité juridique à l'employeur, 80% estiment qu'elle permet d'éviter de commettre des erreurs. Bien qu'ils semblent satisfaits de cette procédure actuelle, une part non négligeable des chefs d'entreprise soulignent aujourd'hui sa trop grande complexité (41%), signe d'un souhait de fluidification plus que de refonte totale. A l'opposé, 74% des répondants ont déclaré qu'ils n'avaient jamais eu recours à ce type d'embauche. Ce qui peut mettre en exergue de véritables difficultés des entreprises à recourir aux apprentis.

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Des propositions pour l'apprentissage

Outre la question de la complexité des procédures, la moitié (49%) des chefs d'entreprises qui ont déjà eu recours à l'apprentissage jugent qu'il faudrait mettre en place une formation reconnue pour valoriser leurs compétences. 46% estiment qu'il faudrait un accompagnement sur mesure, 30% qu'il faudrait mettre en place un dispositif pour rapprocher les maîtres d'apprentissage du référent de l'apprenti dans les centres de formation (CFA), et seulement 12% qu'il faudrait mettre en place une boîte à outils pour mettre à disposition des informations comme des tutoriels.

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Des patrons plus pessimistes sur l'avenir

Malgré une révision à la hausse du taux de croissance par l'Insee pour 2017 et une baisse du chômage plus forte attendue pour le dernier trimestre de la même année, les chefs d'entreprise se montrent moins confiants (73% en février contre 76% en janvier) pour leur entreprise sur les douze prochains mois. De forts contrastes existent entre les secteurs. Dans l'industrie, seuls 45% des répondants étaient confiants contre 84% dans les services ou 74% dans la construction. Encore un signe que le secteur industriel reste morose malgré la reprise économique. En ce qui concerne l'économie française, les personnes interrogées sont moins confiantes qu'en janvier (55% contre 61% le mois précédent). Ce niveau demeure néanmoins bien supérieur aux taux rencontrés ces trois dernières années.

Du côté des perspectives mondiales, la confiance des chefs d'entreprises questionnés par Opinion Way atteint des sommets (70%). Cette part n'a jamais été aussi élevée depuis 2015 alors que la conjoncture économique mondiale est traversée par de nombreuses sources d'instabilité économiques et géopolitiques.

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* Vous désirez exprimer votre avis, émettre une idée sur les questions économiques ? Rejoignez la Communauté CCI des entrepreneurs en participant à la plateforme d'échanges et de débats : www.grandeconsultation.fr

 Méthode : Étude réalisée auprès d'un échantillon de 603 dirigeants d'entreprise La représentativité de l'échantillon a été assurée par un redressement selon le secteur d'activité et la taille, après stratification par région d'implantation. Les interviews ont été réalisées par téléphone du 12 au 16 février 2018.

Grégoire Normand
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