Pouvoir d'achat, inégalités : le CESE presse le gouvernement d'apporter « une réponse globale »

À la veille de l'annonce des mesures post-émeutes d'Elisabeth Borne, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a dressé un tableau pessimiste de la société française. S'appuyant sur une dizaine d'indicateurs et un sondage, l'institution presse le gouvernement d'apporter des mesures concrètes face aux crispations des Français sur le pouvoir d'achat, les inégalités et le réchauffement climatique
Grégoire Normand
Le Palais d'Iena où siège le conseil économique, social et environnemental.
Le Palais d'Iena où siège le conseil économique, social et environnemental. (Crédits : CESE)

Dans quelle situation économique et sociale se trouve la France ? À écouter l'exécutif, « l'économie française résiste et fait bien mieux que ses voisins européens » comme l'a martelé à plusieurs reprises le ministre de l'Economie Bruno Le Maire mardi 24 octobre lors d'un événement au Pavillon Gabriel dans le très chic 8ème arrondissement de Paris, consacré à la dégradation des retards de paiement entre les entreprises. Mais le tableau dressé et dévoilé ce mercredi par le conseil économique, social et environnemental (CESE) est bien plus préoccupant.

Dans un rapport rendu public d'une centaine de pages, l'institution tire la sonnette d'alarme sur le pouvoir d'achat, les inégalités et la montée de l'anxiété liée au réchauffement climatique. « Les pouvoirs publics ne peuvent plus dire qu'il ne savait pas», a alerté Marianne Tordeux, rapporteuse du CESE, interrogée par La Tribune. Cette année, le conseil a livré un diagnostic de la société à partir d'une batterie de dix indicateurs et un sondage réalisé par Ipsos. «Il y a un écart très fort entre l'optimisme des Français pour eux-mêmes et le pessimisme pour les autres et la société », a affirmé Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce, lors de son intervention au palais d'Iena.

Alors que la Première ministre Elisabeth Borne doit faire des propositions ce jeudi 26 octobre après les émeutes urbaines de juin dernier, les représentants de la société civile espèrent une « réponse globale » et « pas seulement sécuritaire ». Les enquêtes ont montré qu'il y avait « beaucoup de primo-délinquants », a précisé Marianne Tordeux, directrice des affaires publiques chez France digitale.

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Le pouvoir d'achat au centre des préoccupations des Français

La multiplication des crises ces dernières années a remis la question du pouvoir d'achat au coeur des préoccupations des Français. Parmi les thèmes testés dans un baromètre commandé par le CESE, c'est même le sujet numéro UN pour 40% des personnes interrogées. Ce taux monte à 58% chez les familles monoparentales et 46% chez les moins de 35 ans. « Le pouvoir d'achat ne permet plus de répondre aux besoins de la moitié des Français », souligne Marianne Tordeux. « Le budget moyen nécessaire pour vivre dépend grandement du lieu de résidence ou de la vie familiale », poursuit-elle.

L'inflation des prix à certes ralenti depuis quelques mois mais les prix de l'énergie et de l'alimentaire continuent de peser grandement sur le budget des plus modestes contraint par des dépenses pré-engagées (factures d'énergie, abonnements) de plus en plus importantes. « L'inflation alimentaire est un vrai sujet de long terme », explique à La Tribune l'économiste de Pictet Christopher Dembik. « Le sentiment d'appauvrissement risque d'augmenter car les ménages sont directement exposés aux évolutions des prix sur les étiquettes », indique l'économiste.

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Les inégalités géographiques inquiètent les Français

Interrogés sur une batterie d'indicateurs, deux tiers des Français estiment que les inégalités liées au lieu de résidence sont les plus importantes. « Il y a une perception aigüe des Français sur les inégalités et leurs conséquences sur l'emploi », explique Marianne Tordeux. Dans son épais rapport, le CESE recommande au gouvernement de mettre l'accent sur les populations et les territoires les plus défavorisés. « Il y a une vraie pénurie de main d'oeuvre dans de nombreux secteurs » souligne la représentante de France Digitale. « On a besoin de personnel dans le numérique et les métiers verts ». Ces inégalités sont « l'une des causes de l'embrasement des derniers mois ». Pour rappel, le taux d'emploi dans les quartiers prioritaires de la ville (45%) est de 20 points inférieurs à celui de la population en général.

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La montée de l'éco-anxiété

Interrogés sur les freins au bien-être, les Français mentionnent d'abord le manque d'argent et de temps mais aussi l'angoisse liée au réchauffement climatique. En moyenne, 32% des Français affirment que le climat est un sujet d'anxiété. Derrière ce chiffre, il existe de fortes disparités entre les hommes (27%) et les femmes (37%). Le clivage entre les moins de 35 ans (28%) et les plus de 60 ans (37%) est également très marqué. «Les Français sont très loin d'être climatosceptiques », déclare Marianne Tordeux. Face au péril climatique, les répondants évoquent la barrière du financement comme frein à la transition pour accélérer les travaux de rénovation ou acquérir un véhicule moins polluant. Entre « fin du monde » et « fin du mois », la bataille pour le climat promet encore de vifs débats dans les années à venir.

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Grégoire Normand
Commentaires 11
à écrit le 26/10/2023 à 10:32
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Ce coûteux MACHIN est-il plus efficace que notre Assemblée Nationale et nos Syndicats de travailleurs?

à écrit le 26/10/2023 à 10:19
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La jeunesse n'est pas un frein à la créativité criminelle. Et les autorités judiciaires en veulent pour preuve la mise en examen d’un adolescent à peine âgé de 17 ans, pour «escroquerie en bande organisée». Celui-ci a été incarcéré à Paris jeudi 19 o...

à écrit le 26/10/2023 à 10:05
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En parlant de pouvoir d'achat : Cent ans d’existence, cent anciens salariés aux trousses qui réclament leur dû et déposent plainte, notamment pour «escroquerie». Drôle de concomitance pour The Walt Disney Company France, la filiale du géant améric...

à écrit le 25/10/2023 à 20:19
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Les français n'ont pas les moyens de payer les fantasmes des technocrates . Changer de voiture , isoler sa maison , supporter l'inflation, subir des salaires déconnectés de la réalité, payer des impôts et taxes surréalistes etc... Nous sommes en deux...

à écrit le 25/10/2023 à 19:15
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Pour faire des économies, une solution très simple : supprimer ce CESE, qui ne sert strictement à rien : à si j´oubliais, il donne un salaire fixe à une quantité de personnes, qui deviennent des obligés de l´État (voir les centaines de candidatures à...

le 25/10/2023 à 21:15
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Oui, accepter d'y sièger est criminel.

le 26/10/2023 à 9:54
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Le CESE est composé de 175 conseillères et conseillers : 52 représentants des salariés ; 52 représentants des entreprises, exploitants agricoles, artisans, professions libérales, mutuelles, coopératives et chambres consulaires ; 45 représentants au t...

à écrit le 25/10/2023 à 18:54
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Et bien c'est simple puisque nous importons des travailleurs détachés à 300 balles par mois venant de pays de crèves la faim il serait normal que nous ayons les mêmes prix qu'eux non ? Ah ça irait mieux d'un coup hein ! ^^

à écrit le 25/10/2023 à 18:22
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oui, il faut que la gauche vote une loi qui interdit le rechauffement climatique! comment ca se fait que la gauche n'a pas encore vote de loi, hein, c'est sa specialite? he ben si elle n'a pas vote de loi sociale antirechauffement, c'est qu'elle est ...

à écrit le 25/10/2023 à 18:10
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La première mesure est d'économiser sur les dèpenses inutiles et donc de dissoudre le conseil économique, social et environnemental.

à écrit le 25/10/2023 à 17:27
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quelques donnés qui contredisent pas mal le tableau sombre du "machin" en question : - la classe moyenne est résiliente en France (Les classes moyennes font de la résistance en France, Les Echos, 21/11/2017) ; confirmé par l'économiste Guillaume Ba...

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