Présidence du Medef : Patrick Martin conforte son avance face à Dominique Carlac'h

Patrick Martin et Dominique Carlac'h, tous deux candidats à la succession de Geoffroy Roux de Bézieux, étaient auditionnés par les adhérents et fédérations, ce mardi 30 mai, à la cinémathèque de Paris. Les postulants sont passés tour à tour. Malgré les soutiens de grands patrons engrangés le week-end dernier, Dominique Carlac'h n'a pas réussi à challenger véritablement le favori et Patrick Martin est plutôt sorti vainqueur de cet exercice.
Fanny Guinochet
(Crédits : Laurent Cerino/ADE)

C'est un exercice habituel et classique. À chaque élection du Medef, les candidats en lice sont auditionnés par les votants. Alors même que les grandes fédérations - comme le bâtiment ou l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) - organisent leur propre audition, l'organisation patronale garante du scrutin, offre une tribune aux candidats pour présenter leur programme, répondre aux questions. Une façon neutre de permettre aux électeurs de les départager avant le vote ultime.

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Duel au sommet entre Patrick Martin et Dominique Carlac'h

Et ce mardi 30 mai, l'organisation patronale avait vu grand en s'offrant la cinémathèque à Paris. Une grande salle, réservée aux adhérents ( interdite à la presse, reléguée dans une annexe, et donc obligée de suivre le show sur écran géant ), face à laquelle Patrick Martin et Dominique Carlac'h ont déroulé leur vision du Medef et leurs intentions pour le prochain mandat.

Pas de débat, ni d'interactions entre les deux postulants, qui se sont exprimés chacun à leur tour, une vingtaine de minutes, avant de répondre à des questions. Le stress était palpable pour les deux compétiteurs : Dominique Carlac'h en lisant ses fiches, Patrick Martin, sans note, mais dont la voix affirmée et rauque a laissé transparaitre, à plusieurs reprises, un souffle d'inquiétude.

Tous deux pourtant connaissaient bien leur public puisqu'ils sont vice-présidents du sortant, Geoffroy Roux de Bézieux. Patrick Martin, son numéro deux, véritable bras droit pendant tout le mandat, et Dominique Carlac'h, sa numéro trois et porte-parole.

Chacun en a profité pour mettre en avant cette expérience patronale et le plaisir pris à l'exercer, Patrick Martin relatant, par exemple, les souvenirs « très précis qu'il garde des échanges à Bercy, pendant le Covid, pour mettre en place des outils comme les prêts garantis par l'Etat, l'activité partielle etc... » Et Dominique Carlac'h assurant qu'elle connait bien ceux ou plutôt celles qui seront ses homologues si elle l'emporte : Sophie Binet à la CGT et Marylise Léon à la CFDT, qui comme elles, tenaient ce rang dans leur propre organisation

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Tous deux ont aussi déroulé les grandes lignes de leur programme, qui sur le papier sont assez proches. Sans surprise : moins de réglementation, moins de charges, plus de soutien à l'innovation, à l'industrie... Un plaidoyer pour la croissance, et le dialogue social.

Petites différences, toutefois : bien que ne souhaitant pas être « cantonnée dans des sujets sociaux, » Dominique Carlac'h met davantage l'accent sur la nécessité de repenser l'organisation du travail. Alors que Patrick Martin insiste davantage sur les fondamentaux du Medef, la croissance notamment.

Enfin, le favori a aussi beaucoup plus insisté sur sa continuité avec l'équipe sortante - « avec Geoffroy, nous avons de quoi être fiers, nous avons été sur la balle, comme on dit... Le bilan collectif de cette mandature est positif, », a-t-il lancé, quand Dominique Carlac'h, elle, faisait un pas de côté plus affirmé : « le logiciel patronal de 2018 ne peut pas être celui de 2023, la seule continuité ne suffira pas ».

Avantage pour Patrick Martin

Bien que challenger, Dominique Carlac'h partait, ce mardi matin, avec des ralliements importants derrière elle : ce week-end, plusieurs grands patrons, comme Jean-Dominique Senard, président de Renault, ou Chrystel Heydemman, à la tête du groupe Orange, lui ont apporté leur soutien. Maurice Lévy le président du conseil de surveillance de Publicis a aussi confié à La Tribune son intention de la suivre « parce qu'elle incarne une autre dynamique, importante dans la période ». Il n'empêche, ces appuis n'ont visiblement pas suffi à rassurer cette grande sportive de 54 ans. Dominique Carlac'h est arrivée à la tribune souriante mais hésitante.

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De son côté, Patrick Martin est soutenu par des poids lourds comme la Fédération du bâtiment ou de l'Industrie. Il a cherché, du haut de sa soixantaine, à conforter les troupes, en se présentant comme un « praticien, un pragmatique, qui joue collectif, qui connait bien la maison, les problématiques des PME ». Autrement dit : capable de se s'installer rapidement dans le fauteuil que laissera Geoffroy Roux de Bézieux. Réponse le 6 juillet, date du vote final.

Fanny Guinochet
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