Retraites : la crise politique et sociale menace les autres projets de réforme de Macron

Après avoir déclenché le 49-3, le gouvernement Borne a provoqué un séisme politique et social partout dans le pays. En première ligne face aux contestations, la Première ministre a assumé « être le fusible » de cette réforme en cas de renversement de l'exécutif après une motion de censure. Quel que soit le scénario, les marges de manoeuvre d'Emmanuel Macron pour dérouler son programme de réformes économique et sociale dans un contexte politique hautement inflammable seront considérablement réduites.
Grégoire Normand
Emmanuel Macron pourrait sortir grandement affaibli.
Emmanuel Macron pourrait sortir grandement affaibli. (Crédits : Reuters)

Le déclenchement du 49-3 pour faire passer la réforme des retraites va-t-il mettre un coup d'arrêt au Macronisme réformateur ? A l'heure où le pays est plongé dans une crise politique et sociale explosive, la question se pose forcément. Déposée ce vendredi, la motion de censure déposée par le groupe des Indépendants (LIOT) risque de rassembler un large spectre de députés allant de la France Insoumise (LFI) aux députés Les Républicains (LR) opposés à la réforme, sans oublier ceux du Rassemblement National (RN), sachant que Marine Le Pen a également déposé une motion censure.

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Une image de réformateur abîmée

Même dans l'hypothèse où le gouvernement serait maintenu, le réformisme économique et social mené au pas de charge par Emmanuel Macron risque d'en prendre un coup. « S'il en pâtira moins sur les questions de santé ou d'environnement, il va être difficile pour Emmanuel Macron de disposer du soutien de l'opinion autour de son programme économique et social après ce 49-3 qui fait figure de passage en force. Le gouvernement court ainsi le risque d'être inaudible sur ses futurs projets relatifs aux conditions de travail et de vie quotidienne sur lesquels il a perdu beaucoup de crédit »,  confie à La Tribune Erwan Lestrohan, directeur conseil chez Odoxa.

Dans l'opinion publique, « il est prévisible que l'image d'Emmanuel Macron ressorte écornée de cette séquence politique. Dans nos différentes enquêtes d'opinion, son image de réformateur qui était notamment l'une de ses forces principales lors de son premier mandat, est aujourd'hui abîmée », ajoute le sondeur.

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Une loi « Plein emploi » avortée ?

Lors de la campagne présidentielle de 2022, le président candidat avait mis la valeur « travail » au cœur de sa campagne. Ces propositions devaient permettre de poursuivre « la baisse des impôts et de financer le modèle social » français. La loi Travail ou « Plein emploi » actuellement en préparation au ministère du Travail pourrait finir dans les cartons de la rue de Grenelle. En effet, la mobilisation sociale qui s'était essoufflée lors des dernières manifestations risque de repartir, avec le risque de débordements à la clé. L'utilisation du 49.3 a galvanisé les syndicats, laissant présager des discussions tendues sur ce dossier entre les organisations syndicales et le gouvernement.

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Une loi industrie verte qui déraille ?

Pourtant plus consensuel, le projet de loi industrie verte pourrait également dérailler. Et pour cause : l'absence de majorité absolue à l'Assemblée nationale pourrait compliquer la tâche du gouvernement pour faire voter ce texte. Quand aucune majorité n'a pu se dégager sur la réforme des retraites, alors même que les Républicains passaient depuis des années à relever l'âge de départ, impossible en effet de savoir comment des majorités pourraient se dessiner demain.

Un budget 2024 compromis ?

La préparation du projet de loi de finances pour 2024 pourrait également virer au casse-tête pour l'exécutif. Comme ce fut le cas l'an dernier, l'exécutif risque fort d'être obligé d'utiliser le 49-3.  En effet, le règlement de la Constitution de la Vème République indique que l'utilisation de cet article peut être limitée pour les textes ordinaires à l'exception des projets de loi de finances. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles l'exécutif a choisi de recourir à un texte financier, le projet de loi de finance rectificative de la sécurité sociale (PLFRSS), pour pouvoir dégainer le 49-3.

Une détérioration du lien avec les Français

Historiquement, les précédentes réformes des retraites avaient également suscité des vagues de contestation. « Les précédents présidents de la République ont par le passé enregistré leurs plus bas niveaux de popularité à l'Elysée face à la contestation de réformes sociales : Chirac en 1995, Sarkozy en 2010 et Hollande en 2016 », rappelle Erwan Lestrohan. Mais tous pouvaient s'appuyer sur une majorité absolue.

Dans ce contexte, le déroulement du programme de réformes pourrait aussi marquer un coup d'arrêt. « Le risque de détérioration du lien avec les Français est aujourd'hui important pour le chef de l'Etat : la prolongation du mouvement social en cours tend à le transformer en mouvement anti-macron, au-delà du seul rejet de la réforme des retraites, comme le montrent d'ailleurs de nombreux messages et slogans dans les cortèges », ajoute-t-il.

Réformes : changer de méthode pour ne rien changer ?

Au lendemain de la crise des gilets jaunes qui avait marqué pendant plusieurs mois la première partie du quinquennat, Emmanuel Macron avait promis de changer de méthode en organisant un Grand débat. Partout sur le territoire et pendant plusieurs mois, les citoyens de tous bords pouvaient s'exprimer sur des sujets de préoccupation à l'occasion de rassemblements organisés dans les villes mais aussi dans les ministères.

Cinq ans après ses réunions, la verticalité du pouvoir est de nouveau critiquée par les organisations syndicales et la rue. Au Parlement, certains cadres de la majorité présidentielle ont même fait part de leur désapprobation sur l'usage du 49-3 sur un texte aussi important que la réforme des retraites. Aurore Bergé, la cheffe de file des députés Renaissance à l'Assemblée était contre.

A l'automne, le président avait lancé le conseil national de la refondation (CNR) pour « revivifier le débat démocratique  ». Mais là encore, les oppositions ont boudé cette instance dont le secrétaire général François Bayrou est actuellement renvoyé en correctionnelle dans l'affaire des assistants parlementaires européens révélée par Médiapart.

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Emmanuel Macron va-t-il pouvoir reprendre les commandes facilement dans les jours à venir ?« Sur le fond, reprendre la main à court terme sera très compliqué, affirme Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof de Sciences-Po. Les annonces de réformes, même à grand renfort de communication et de discours présidentiels seront perçues comme très lointaines et n'ayant pas d'effet à court terme », poursuit l'universitaire. Une des issues possibles pour le pouvoir macroniste serait « d'associer à la production de ces politiques publiques les acteurs de la société mais plus du tout sous l'angle de la consultation mais de la vraie association à la fabrique de ces mesures et d'être perçu comme sincère ». En attendant, le macronisme pourrait sortir grandement affaibli de cette réforme.

Grégoire Normand
Commentaires 38
à écrit le 19/03/2023 à 12:16
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Quelles réformes? La majorité des actes quotidiens relève de la routine. Qu'il faille des réformes pour remettre la France en ordre de marche, aucun doute; mais il faudrait présenter un projet qui suscite l('enthousiasme des foules, pas en disant que...

à écrit le 19/03/2023 à 11:50
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Réponse @Johnmckagan Contrairement à ce que vous dites je ne demande rien. Je suis heureux car j'ai négocié une rupture conventionnelle à 53 ans âge à partir duquel je n'ai plus jamais travaillé jusqu'à mon départ en retraite à 62 ans . Je n'avais...

à écrit le 18/03/2023 à 13:25
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Tout le monde semble t il veut le départ de Mr Macron ,bien une fois ceci dit qu'elle majorité pour gouverner? Si une des motions de censure est votée, la loi réformant la retraite est abandonnée, le Président nomme un nouveau premier ministre qui g...

le 18/03/2023 à 15:58
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Le scenario est correct mais il est impossible de prévoir quand la France va perdre la confiance des marchés et des institutions et ne pourra plus payer retraites et salaires. Le contexte international jouera un role essentiel.

le 18/03/2023 à 16:34
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75 % des français ne veulent pas d' une "réforme!" imposée par Bruxelles, dce cette UE qui les ruine depuis Maastricht au prétexte de déplacer les forces économiques et géopolitiques près de la frontière Russe, les gogos ...

le 18/03/2023 à 17:15
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Intéressant, mais est-il raisonnable de poursuivre dans la voie qui nous a amenés dans cette impasse ?

le 18/03/2023 à 21:15
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Bien entendu. Mais si tu es un "retraité heureux" , j'imagine que je peux résumer ton argumentaire ainsi: "c'est aux autres de faire des efforts". Ma génération ne demande pas à ce que ta pension soit baissée il me semble, pourtant ton argumentaire l...

le 19/03/2023 à 8:36
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le pire est a son appoge les ministres ont recu l'ordre du gouvernement de se caher meme pas le courage de deffendre les idees qui ont seme la pagaille aucun honneur aucune noblesse de leur fonction y compris du 1er ministre et du president. voi...

le 19/03/2023 à 12:24
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Si l'UE à 6 était gérable (à peu près) à 27 ce n'est plus le cas, la France s'est ruiné d'autres ne se sont même pas enrichis les grands gagnants sont les multinationales et c'était à prévoir lors de la libération du commerce. Notons que le credo de ...

à écrit le 18/03/2023 à 10:05
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Bonjour, S'ils y avez urgence a faire une reforme sur les retraite, Ils aurai du terminer tous les regime spéciaux de retraite , imediatement , sans oublié personne ... Les marin pêcheurs... L'education nationnale.. La SNCF... Le personnel d...

le 18/03/2023 à 13:14
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Rogger vous exprimez ce que 72 % des Français revendiquent, ajoutons à votre liste PLAFONNER à 1 500 € les retraites des hauts fonctionnaires qui ont tant plongé la France dans le bordel.

le 18/03/2023 à 14:41
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@ rogger : toujours un train de retard et ça vous va bien de critiquer vous qui êtes parti en préretraite ou en rupture conventionnelle résume privé aux frais des autres salariés … le règime des retraites sncf est reforme depuis 2018 … seuls les dro...

le 19/03/2023 à 9:43
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On voit la faiblesse de votre esprit et de vos arguments .. lisez la presse depuis 2016 … @bashing secteur public ..les valeurs décroît le monde dont pas que dans le privé … corruption, détournements , «  affairisme », escroquerie, fraudes sociales ...

le 19/03/2023 à 15:55
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cette reforme a trois but le 1er et de pioche dans la caisse a convenance 2 les retraites du prive de perdent pas c'est celle des fonctionnaire qui greve car l'etat prefere comble que de payer en temps 3 aller vers le prive comme aus usa et qu...

à écrit le 18/03/2023 à 10:04
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Les ..réformes de macron? Inutile de plaider les réformes, les responsables sont là, devant vos yeux et ce sont eux qui doivent être congédiés puisque la France est détruite de l' intérieur et depuis Sarkozy et par Maastrich...

le 18/03/2023 à 10:41
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Le meme sentiment se developpe dans d'autres pays membres de l'UE. N'oubliez pas que la France donc vous, n'a acune change de survivre sans l'UE. Tout la dette de la France est emprunte et garantie par les pays nordics de l'UE. Vous ne pouvez pas mem...

le 18/03/2023 à 12:19
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@revo La France ne saurait survivre sans l' UE, démontrez le. Les peuples d' Europe ne veulent plus de l' UE, massivement mais ce sont les Youngs Leaders de Schwab qui vont font croire à la vitalité de l' UE, or l' UE est...

à écrit le 18/03/2023 à 10:02
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Je propose a Macron de mettre fin aux subventions didies a l'Unedic, l'assurance chomage en gestion par les syndicats et le patronnat, lourdement endettement a 59,2 milliards euros fin 2022. Les syndicalistes pretendent de mieux savoir a gouverner le...

le 18/03/2023 à 17:32
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@revo 'l'assurance chomage en gestion par les syndicats et le patronnat, lourdement endettement a 59,2 milliards euros fin 2022" Logique ,moins de rentrée de cotisation ,moins d'argent dans les caisses: : La loi de financement de la Sécurité...

à écrit le 18/03/2023 à 9:53
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Je pense mais je n’y connais rien que cette réformette des retraites resterait sans effet sur notre colossal endettement actuellement hors de contrôle. Nous cherchons à lever pour 2023 sur les marchés financiers 270 milliards après les 260 des deux a...

à écrit le 18/03/2023 à 9:05
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La lenteur constatée pour mettre en place une réforme nécessaire (on ne peut continuer à accroitre notre dette à un niveau de 160 milliards supplémentaires par an) est la cause de notre problème. Cette réforme aurait pu être votée lors du précédent q...

à écrit le 18/03/2023 à 8:05
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Rien, dans ma campagne, le coût de l'essence, le prix de l'alimentation, l'emploi en temps partiel devenu la norme, les salaires sous le smig, les éleveurs qui ne tiennent que par la PAC, la disparition des services publics, les éoliennes qui détruis...

le 18/03/2023 à 8:28
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enfermé dans son ideologie mondialiste et bruxelloise il sera impossible pour lui de trouver des allies tous vont vouloir de declasser lui qui se voyer jupiter voir napoleon et bien c'est la chute waterloo et sans regret

le 18/03/2023 à 8:57
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Le degout ne serait il pas du a leur maitre a penser ? Ce dernier qui a mis le bazard partout ne devrait il pas en tirer des conclusions et traverser la rue pour trouver un autre JOB et nous épargner une attente inutile jusqu'en 2027? En attend...

à écrit le 18/03/2023 à 6:52
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Avant on faisait toujours des réformes qui coûtaient de l’argent public et c’était des avancées sociales ce temps est fini on doit faire des réformes douloureuses pour retrouver nos équilibres budgétaires économiques. Le peuple n’en veut pas mais com...

le 18/03/2023 à 9:08
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le peuple n'est pas contre la reforme il ne veut simplement pas de celle ci qui est injuste . il aurait ete si simple d'ecouter ne serait ce que les propositions de la CFDT et on aurait une loi permttant le retour à l'equilibre . mais non on e...

le 18/03/2023 à 17:26
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Cher @Carlier, savez-vous combien nous coûtent les seules subventions aux renouvelables aléatoires qui font doublon avec un parc de production pilotable et combien nous coûteront celles prévues à l'avenir pour le même résultat ?

à écrit le 18/03/2023 à 1:33
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Les francais elisent bien souvent des champions. Micron ne deroge pas a la regle. Plus nul, tu meurs.

à écrit le 18/03/2023 à 0:56
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Moi je suis prêt à parier qu'à la prochaine élection les NUPES vont gagner et que la France va alors partir dans un processus à la grecque avec les taux d'intérêt qui vont grimper. La faillite n'est pas loin. Préparez vos gilets de sauvetage. Les par...

à écrit le 17/03/2023 à 22:40
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Quand on voit qu on a trouvé 7 milliards pour les Jo 2024 pour amuser la galerie à nos frais: Qatar- Arabie saoudite -etc, quand on voit que les lr et le modem sont des mafiosi qui ne s occupent que de leurs intérêts perso: Bayrou en correctionnelle ...

le 18/03/2023 à 0:16
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Si on regarde ce qui s'est passé dans la majorité des pays qui ont organisés le JO après, on a une idée de ce qui va se passer en France. Je parie plus sur un scenario à la grecque que à l'anglaise, mais le Brésil a des similitudes avec nous aussi.

le 18/03/2023 à 9:05
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"Quand on voit qu on a trouvé 7 milliards pour les Jo 2024 " Dont 1,4 milliard d'euros pour nettoyer la la Seine et la Marne afin de pouvoir s'y baigner.

à écrit le 17/03/2023 à 21:47
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définition de réforme : Changement qu'on apporte (dans les mœurs, les lois, les institutions) afin d'en obtenir de meilleurs résultats (amélioration). Quelle amélioration de laisser les 60aines au chomage 2 ans de plus qu'actuellement car il ne faut...

à écrit le 17/03/2023 à 21:19
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Le petit prince a perdu il a peur sa carrière au sein de la commission européenne est très compromise. C'est cuit pour le reste de son quinquennat. Qu'il parte et laisse le peuple choisir !!!¡

à écrit le 17/03/2023 à 20:39
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Je pense qu'il faut faire de réformes. Mais dans le cas de M. MACRON, on ne peut appeler cela décemment des réformes. Son seul logiciel est de favoriser les plus aisés, qui depuis son arrivée n'ont jamais participé à l'effort national. En plus, sa...

à écrit le 17/03/2023 à 19:14
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Une "réforme" n'est que la réponse à une prospective dogmatique, ce n'est nullement une adaptation au réel !

à écrit le 17/03/2023 à 19:12
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Ce n'est pas tant une crise "sociale" : c'est surtout une nouvelle fois une crise "médiatique", largement créée par les médias qui n'informent pas mais déforment pour opposer et faire le buzz. Et par les élus de l'opposition qui soit mentent effronté...

le 17/03/2023 à 22:46
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Allez dans la rue . Des villes moyennes et vous verrez l état de la classe moyenne de province : éboueurs en grève depuis 20 jours, infirmière en grève , bus en grève .,station x essence fermée par peur de vandalisme, incendies. Acte de malveillance,...

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