Réforme du RSA : ce ne sera « ni du travail gratuit, ni du bénévolat obligatoire », assure Olivier Dussopt

Ce mardi, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, est revenu sur les contours de la réforme du revenu de solidarité active (RSA) affirmant que les 15 à 20 heures d'activités obligatoires d'insertion par semaine pour les bénéficiaires de cette prestation sociale ne seront pas inscrites dans le projet de loi. Un objectif « adapté » à chaque personne sera mis en place.
Les 15 à 20 heures d'activités obligatoires d'insertion par semaine pour les bénéficiaires du RSA seront un objectif « adapté » à chaque personne, a fait valoir Olivier Dussopt.
Les 15 à 20 heures d'activités obligatoires d'insertion par semaine pour les bénéficiaires du RSA seront un objectif « adapté » à chaque personne, a fait valoir Olivier Dussopt. (Crédits : Reuters)

Ce ne sera « ni du travail gratuit, ni du bénévolat obligatoire ». Ce mardi, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, est revenu sur les contours de la réforme du revenu de solidarité active (RSA). Pour rappel, cette mesure doit figurer dans le projet de loi France Travail qui sera présenté en juin en Conseil des ministres.

Lire aussiLa loi Industrie verte doit créer 40.000 emplois d'ici 2030, promet le gouvernement

Toutefois, les 15 à 20 heures d'activités obligatoires d'insertion par semaine pour les bénéficiaires de cette aide, qui assure aux personnes sans ressources un niveau minimum de revenu, ne seront pas inscrites dans le projet de loi réformant le dispositif, a indiqué le ministre. Elles seront un objectif « adapté » à chaque personne, a-t-il précisé.

Favoriser le retour à l'emploi

Au printemps 2022, lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron, alors candidat à sa réélection, avait formulé la volonté de transformer le RSA, en conditionnant son versement à la réalisation d'heures d'activité.

« Je propose un travail, une formation, une insertion parce que je ne considère pas que les bénéficiaires du RSA sont comme des prisonniers », avait-il fait valoir en mars 2022.

Une mesure à nouveau évoquée, un an plus tard, dans le rapport consacré à France Travail, organisme qui remplacera Pôle emploi et qui doit permettre une meilleure coordination de tous les acteurs de l'emploi et de l'insertion, ainsi que la création d'un guichet unique. « Quand on ne sait pas ce qu'on veut faire, ce n'est pas mal d'aller tester un stage dans une entreprise ou une autre. C'est de la formation, passer le permis de conduire, faire du bénévolat dans une association... Tout ce qui contribue à ce que la personne retrouve confiance en elle et retrouve un emploi », avait ainsi fait valoir, au micro de France Info, Thibaut Guilluy, haut-commissaire à l'emploi chargé de ce rapport, arguant que seules 40% des personnes allocataires du RSA sont inscrites à Pôle emploi.

Lire aussiÀ quoi va ressembler France Travail qui va remplacer Pôle emploi ?

Des propos aussitôt repris par la Première ministre le mois suivant. « On doit continuer à viser les leviers pour permettre à chacun de revenir vers un emploi. C'est d'autant plus important dans un contexte où on sait qu'il y a beaucoup d'entreprises qui cherchent à recruter et qui disent qu'elles n'y arrivent pas », avait acquiescé Elisabeth Borne. « Il ne s'agit pas de les faire travailler sans les payer, il s'agit de leur permettre de découvrir des métiers, de se former. C'est ça, les 15 à 20 heures d'activité dont on parle », avait-elle néanmoins précisé.

Des sanctions en cas de non-respect des conditions

Un point sur lequel le ministre du Travail a également insisté ce mardi. « Une allocataire qui a repris un mi-temps, on ne va pas lui demander de faire en plus 20 heures d'insertion (...). Une allocataire handicapée qui passe du temps à diagnostiquer ses problèmes de santé pour savoir quels postes elle peut occuper, c'est du retour à l'emploi, ça rentre dans les 15 à 20 heures », a-t-il illustré lors d'une conférence de presse. Ces activités seront définies dans le « contrat d'engagements réciproques » entre l'allocataire et son conseiller, un contrat « qui existe depuis la création du RMI en 1988 », a-t-il souligné.

Quid des allocataires ne respectant pas les conditions inscrites dans ce contrat d'engagements réciproques ? « Je vous confirme que dans le projet de loi, il y aura bien la possibilité de suspendre, sur une durée courte peut-être pour démarrer, en tout cas il y aura aussi un dispositif de sanctions, dès lors qu'on aura accompli, de notre côté, notre part de responsabilité, c'est-à-dire qu'on aura mis la personne bénéficiaire du RSA en situation de suivre le parcours qu'on lui a proposé », avait confirmé le 13 mai dernier Elisabeth Borne. Elle s'était toutefois montrée plus évasive sur l'échéance de la mise en place de ces sanctions. Cette possibilité interviendra dès lors qu'« on aura réglé les autres problèmes préalables », les « freins périphériques » au retour à l'emploi, avait-elle précisé.

Lire aussiEmploi : « Il y a une crise de la compétence en France » (Adecco)

Une « régression sociale » pour les syndicats

C'est bien là où le bât blesse. Les syndicats jugent cette menace de sanctions comme étant injuste et contre-productive. Réaffirmant son opposition à « la conditionnalité d'accès au RSA », l'intersyndicale a notamment qualifié cette mesure « de régression sociale ».

Interrogée par La Tribune le 19 avril dernier, l'économiste et prix « Nobel » 2019, Esther Duflo expliquait, elle, qu'« aucune donnée ne montre que c'est une bonne idée » d'ajouter le plus de conditions possibles sur le RSA.

« Ces conditionnalités ne fonctionnent pas. Les études montrent plutôt que lorsque les gens sont suffisamment pauvres pour être éligibles à un dispositif, il faut faciliter l'accès à ce programme et les soutenir pour en sortir », indiquait-elle.

De son côté, le gouvernement met en avant le retour à l'emploi, plaidant pour un meilleur suivi des allocataires. « Sur 1,950 million de bénéficiaires du RSA, 350.000 n'ont aucun suivi ni social, ni socio-professionnel », a ainsi insisté Olivier Dussopt ce mardi. Et « sept ans après leur première inscription, 42% des bénéficiaires du RSA y sont toujours, c'est un échec collectif », a-t-il regretté. Toujours selon le ministre, « ce qui pêche, c'est l'accompagnement. On n'est pas quitte de notre devoir de solidarité quand on a versé 607 euros à quelqu'un ».

Le dispositif abandonné en Seine-Saint-Denis

L'exécutif fait également valoir que le dispositif est d'ores et déjà testé dans 18 départements, dont le Nord, l'Eure, l'Aisne, la Creuse, l'Aveyron, la Loire-Atlantique ou encore celui de la Réunion, le seul en outre-mer. Mais ils étaient initialement 19. En effet, le département de la Seine-Saint-Denis s'est retiré de la liste le 27 mars dernier, expliquant refuser la logique de « conditionnalité des aides ».

« La doctrine portée par le gouvernement en matière de conditionnalité des aides sociales (...) me paraît une grave entorse à notre République », avait ainsi justifié le président PS du Conseil départemental Stéphane Troussel dans un courrier à Olivier Dussopt transmis à l'AFP. Au titre de la lutte contre la pauvreté, « le RSA est un droit social fondamental, qui ne saurait se mériter par un quelconque engagement dans un accompagnement intensif (...). La mise au travail de toutes et tous, quoi qu'il en coûte, ne peut être l'objectif unique et prioritaire des politiques publiques », avait-il ajouté.

(Avec AFP)

Commentaires 13
à écrit le 24/05/2023 à 18:02
Signaler
Où comment mettre en concurrence des salariés déjà interchangeables et au mieux payés au SMIC par 1 ou 2 bénéficiaires du RSA. Les employeurs vont adorer ! Pensez vous, une main d’œuvre gratuite car déjà rémunérée par l’État/la région. Plus tard...

à écrit le 24/05/2023 à 17:25
Signaler
Moins t'en fais, plus tu touches. Plus tu bosses, plus tu crèves. Pays communiste qu'il faut fuir.

le 13/06/2023 à 14:06
Signaler
casses toi ça nous fera des vacances

le 22/02/2024 à 13:53
Signaler
déjà travailler en dessous du smic faudrait que ce soit légal, et cette mesure ne fera que favoriser les patronats a de la main d'oeuvres gratuite pour mieux exploiter les plus faibles , et va tuer l'embauche , et les contrats a mi temps qui eux sont...

à écrit le 24/05/2023 à 14:58
Signaler
Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? 1.Le RSA c'est nominatif et donc la personne se présente en propre chaque semaine et signe un registre pour avoir le droit à son allocation sinon radiée 2.Il y a un poste de libre ? la personne DO...

à écrit le 24/05/2023 à 13:13
Signaler
Conditionnon le RSA à l'inscription à pôle emploi déjà, c'est cela la priorité Ensuite, il faudrait mettre en place des rdv au moins toutes les deux semaines. Cela évitera déjà la fraude internationale au RSA

à écrit le 24/05/2023 à 10:01
Signaler
On le comprends fort bien mr Dussot, le travail obligatoire ce sera « ni du travail gratuit, ni du bénévolat obligatoire » ... ce sera comme en allemagne durant la guerre 39-45 et comme en afrique ce sera de l'esclavage nouveau sous flicage ... enfin...

le 24/05/2023 à 17:29
Signaler
Ce qui n’est pas normal,c’est que quelqu’un qui n’est ni malade ,ni handicapé ne fasse rien et profite de l’argent public!

le 28/05/2023 à 20:31
Signaler
@fg Si on part de votre principe, ne pourrait-on pas l'appliquer aux retraités actuels? :-)

à écrit le 24/05/2023 à 9:17
Signaler
Un RSA personnalisé, cela s’appel de la discrimination. Et avec une activité professionnelle sans fiche de paye, c'est du travail forcé. J'ai vu des personnes diplômées et expérimentée se voir proposer des stages en alternance sous-payés, mais néanmo...

à écrit le 24/05/2023 à 8:53
Signaler
Toujours et encore leur obsession du dumping social, aliénant.

à écrit le 24/05/2023 à 2:17
Signaler
La macronie se dégonflé une nouvelle fois pour les cas sociaux : mieux vaut continuer à ponctionner les contribuables qui continuent minoritairement à travailler pour faire vivre l ogre étatique

à écrit le 24/05/2023 à 0:35
Signaler
Cette réforme a toute les chances d'aboutir à une usine à gaz car le RSA avait justement été créé pour contenir la prolifération d'activités bureaucratiques inutiles comme ça se passait dans l'ex-URSS...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.