L'action du groupe de maisons de retraite Korian plongeait de près de 18% ce mercredi 22 février à 10h45, à la Bourse de Paris après la publication mardi de ses résultats, qui ont révélé une chute de 61,8% de son bénéfice net en 2022. La société a réalisé un bénéfice net (part du groupe) de 22,1 millions d'euros en 2022, contre 52 millions d'euros en 2021. Son chiffre d'affaires a atteint quant à lui 4,5 milliards d'euros, en hausse de 5,6%, dont 1,19 milliard d'euros au quatrième trimestre (+6,6%).
La baisse de rentabilité de Korian provient en grande partie de l'inflation et des coûts « non récurrents » liés à des cessions et fermetures d'établissements, a indiqué le groupe ce mardi 22 février. A elle seule, la hausse des coûts de l'énergie a grevé les comptes d'environ 20 millions d'euros.
Les analystes d'Oddo BHF relèvent un « tassement de marge », même si « la situation n'apparaît pas inquiétante et totalement différente de celle d'Orpea ». Ces derniers s'inquiètent des perspectives de profit de Korian en 2023 et anticipent qu'il « apparaitra inférieur au consensus » d'analystes, d'autant plus que, l'entreprise aura du mal à « s'affranchir totalement d'Orpea » et « du contexte » selon eux.
Le scandale Orpea
Korian est victime du scandale suscité par la publication du livre-enquête de Victor Castanet "Les Fossoyeurs" qui a révélé des maltraitances de pensionnaires et des irrégularités financières chez le groupe Orpea. Dans cet ouvrage, le journaliste accuse le groupe d'Ehpad, qui gère plus de 350 établissements pour personnes âgées dépendantes en France, d'avoir mis en place un « système » pour optimiser ses bénéfices au détriment du bien-être des résidents et des employés. À la suite d'un signalement par le gouvernement, Orpea a été visé à partir d'avril par une enquête judiciaire, ouverte à Nanterre, sur des soupçons de maltraitance institutionnelle ou d'infractions financières. Plus récemment, c'est le Défenseur des droits autrichien qui a dénoncé dans un rapport les mauvais traitements subis par les résidents d'un Ehpad Orpea en Autriche.
Après avoir perdu plus de 90% de sa valeur en Bourse (l'action d'Orpea étant passé de 85 euros avant la publication du livre à 2,75 euros ce 22 février) le groupe privé de maisons de retraites a même signé un accord permettant à un groupement mené par la Caisse des dépôts de prendre son contrôle pour lui éviter la faillite.
De nombreuses sociétés de gestion d'Ehpad éclaboussées
Problème, Orpea n'a pas été la seule société à être pointée du doigt dans le scandale des Ehpad. En février 2022, La Tribune a aussi publié une enquête sur des dysfonctionnements au sain de Korian, le premier groupe européen de gestion d'Ehpad. Ces problèmes tournaient notamment autour du mode de financement des établissements, de l'obsession du taux d'occupation des lits et de la gestion des personnels soignants en proie à des « souffrances » graves qui mettent en danger les personnes âgées résidentes. Résultat, dans la tourmente, l'action Korian a perdu environ 70% de sa valeur depuis début 2022 et ces mauvais résultats pourraient encore durablement plomber le titre.
(Avec AFP)
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