Covid-19 : l'OMS lève son plus haut niveau d'alerte mais appelle à rester vigilant

« Le Covid-19 n'est plus une urgence sanitaire de portée internationale », a annoncé, ce vendredi, le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus. La phase de crise de la pandémie « est passée, mais pas le Covid », a néanmoins rappelé Maria Van Kerkhove, en charge de la lutte contre le Covid-19.
Selon le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, « au moins 20 millions » de personnes sont décédées du Covid-19.
Selon le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, « au moins 20 millions » de personnes sont décédées du Covid-19. (Crédits : DENIS BALIBOUSE)

La crise sanitaire est désormais suffisamment sous contrôle. C'est du moins ce qu'estime l'Organisation mondiale de la santé qui a levé, ce vendredi, son plus haut niveau d'alerte sur la pandémie. Il avait été décrété le 30 janvier 2020, quelques semaines seulement après la détection en Chine des premiers cas de cette nouvelle maladie virale respiratoire contre laquelle n'existait alors aucun traitement spécifique.

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« C'est avec beaucoup d'espoir que je déclare que le Covid-19 n'est plus une urgence sanitaire de portée internationale », a affirmé le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Les experts consultés par le directeur général ont jugé qu'« il était temps de passer à une gestion à long terme de la pandémie de Covid-19 » malgré les incertitudes qui subsistent sur l'évolution du virus.

Prudence néanmoins

De son côté, Maria Van Kerkhove, en charge de la lutte contre le Covid-19 au sein de l'OMS, s'est toutefois montrée prudente. La phase de crise de la pandémie « est passée, mais pas le Covid », a-t-elle rappelé. « La pire chose qu'un pays puisse faire maintenant est d'utiliser cette nouvelle comme une raison de baisser sa garde, de démanteler les systèmes qu'il a construits ou d'envoyer le message à son peuple que le Covid-19 n'a rien d'inquiétant », a renchéri Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Si le nombre de morts causées par le Covid nouvellement enregistrées a chuté de 95% depuis janvier, ils étaient encore 16.000 à mourir de cette maladie entre fin mars et fin avril à cause du virus, selon les statistiques de l'OMS. L'organisation juge d'ailleurs prématurée la décision de nombreux pays de faire passer la pandémie à l'arrière-plan avec des tests et la surveillance sanitaire réduits à la portion congrue.

« Le virus continue de muter et il est toujours capable de provoquer de nouvelles vagues de contaminations et de décès », a pourtant récemment souligné le patron de l'OMS, attirant également l'attention sur les ravages du Covid long, qui se traduit par une large palette de symptômes plus ou moins handicapants. Selon Tedros Adhanom Ghebreyesus, une infection sur 10 se traduit par un Covid long, suggérant que des centaines de millions de personnes pourraient avoir besoin de soins de longue durée et dont l'ampleur et le coût économique et psychologique sont encore très mal pris en compte.

Un nombre de décès sous-estimé en Chine

Ce dernier a évalué à « au moins 20 millions » le nombre de morts à cause du Covid-19, soit presque trois fois plus que le bilan officiel de son organisation. Au 3 mai, le tableau de bord de l'OMS affichait, en effet, un peu moins de sept millions de morts officiellement recensés.

D'autant que, selon celle-ci, la Chine sous-estime les décès causés directement par le Covid.

Alors que le pays a affronté en début d'année sa pire flambée de cas - essentiellement due au variant Omicron du coronavirus - suite à l'abandon brutal, début décembre, de sa politique dite du « zéro Covid », les autorités ne rapportaient que très peu de décès liés au Covid-19. Un paradoxe qui s'explique par un changement de méthodologie controversé : seules les personnes décédées directement d'une insuffisance respiratoire liée au Covid sont comptabilisées dans les statistiques.

Michael Ryan, chargé de la gestion des situations d'urgence sanitaire à l'OMS avait ainsi estimé fin janvier « cette définition trop étroite ». Le directeur général de l'OMS avait, lui, demandé « à la Chine des données plus rapides, régulières et fiables sur les hospitalisations et les décès, ainsi qu'un séquençage du virus plus complet et en temps réel ».

Covid-19, les moments-clé de la pandémie

Émergence

Le 31 décembre 2019, l'OMS prend connaissance de cas inquiétants de pneumonie atypique dans la ville chinoise de Wuhan.

Le 7 janvier 2020, la cause est identifiée: un nouveau virus de la famille des coronavirus. Quatre jours plus tard, Pékin annonce un premier mort officiel. Le 23 janvier, Wuhan est mise en quarantaine.

Pandémie

La nouvelle maladie, baptisée Covid-19, essaime rapidement : le 6 mars, l'épidémie dépasse les 100.000 cas officiels dans le monde. Le 11 mars, l'OMS qualifie officiellement l'épidémie de « pandémie ».

Europe barricadée

Premier pays européen touché, l'Italie impose un confinement au Nord, étendu ensuite à tout le territoire. Le 16 mars, l'Allemagne appelle sa population à « rester à la maison » et le Royaume-Uni à éviter tout « contact social ». La France se confine le 17. Dans la foulée, l'Union européenne (UE) ferme ses frontières extérieures.

Humanité confinée

Début avril, plus de 3,9 milliards de personnes (la moitié de l'humanité) sont contraintes ou appelées à se confiner, selon un décompte de l'AFP. Plus d'un million de cas sont recensés.

Les Bourses plongent, des pans entiers de l'économie mondiale s'arrêtent comme le transport et le tourisme. Gouvernements et Banques centrales annoncent des premières mesures massives pour soutenir l'économie.

Etats-Unis et Brésil endeuillés

L'épidémie s'emballe aux Etats-Unis et au Brésil au printemps 2020, dépassant en nombre de morts l'Europe.

Le président américain Donald Trump répète que le virus finira par disparaître naturellement. Son homologue brésilien, Jair Bolsonaro, qualifie le Covid de « grippette ». Leur gestion de la pandémie est fortement critiquée.

Anti-masques, anti-vax, anti-pass

À l'été 2020, la résurgence de l'épidémie en Europe conduit plusieurs pays à imposer le port du masque dans les transports, rues, écoles ou entreprises. Des manifestations anti-masque, parfois virulentes, apparaissent.

Un an plus tard, l'opposition au vaccin anti-Covid et l'obligation de montrer certificat sanitaire ou vaccinal provoqueront aussi des protestations.

Des vaccins en un temps record

Des vaccins sont mis au point en un temps record : les premières doses sont injectées fin 2020 aux Etats-Unis et en Europe.

Après un démarrage timide, les campagnes de vaccination accélèrent fortement, courant 2021, dans les pays occidentaux.

Mais à l'échelle planétaire, l'accès aux vaccins demeure inégal: l'Afrique affiche un taux de vaccination très faible de 24% contre 64% mondialement (chiffres OMS, automne 2022).

L'origine en question

En janvier et février 2021, une délégation de l'OMS enquête en Chine sur l'origine du nouveau coronavirus, sans parvenir à conclure. L'OMS exhorte tous les pays à partager leurs informations, notamment la Chine et les Etats-Unis.

Le monde scientifique estime largement que la pandémie a démarré parce qu'un animal a transmis le virus à l'homme, probablement sur le marché chinois de Huanan, à Wuhan. Toutefois, des chercheurs et des responsables américains défendent encore l'hypothèse d'une fuite de laboratoire, a priori l'institut de Wuhan.

Delta, Omicron: redoutables variants

Nettement plus transmissible, le variant Delta provoque une hécatombe en avril et mai 2021 en Inde qui devient le 3e pays le plus endeuillé au monde. Il provoque de nouvelles flambées épidémiques, notamment en Russie.

Fin novembre, un variant plus contagieux encore, Omicron, apparu en Afrique australe, génère un vent de panique. Il se répand mondialement début 2022 provoquant des records de contaminations, mais, avec des symptômes moins sévères.

Flambée épidémique en Chine

L'inflexible politique « zéro Covid » du président chinois Xi Jinping, faite de confinements drastiques, provoque en novembre une vague de contestations inédites depuis les mobilisations pro-démocratie de Tiananmen en 1989.

En réponse, Pékin assouplit le 7 décembre les règles sanitaires, puis lève l'essentiel des restrictions, ce qui s'accompagne d'une flambée inédite des cas, avec des hôpitaux débordés et des pénuries de médicaments.

De nombreux pays imposent début 2023 des tests négatifs aux voyageurs venant de Chine.

Levée progressive de mesures

En mars, l'OMS assure que le Covid ne sera bientôt pas plus dangereux que la grippe saisonnière.

Progressivement, des pays lèvent l'état d'urgence sanitaire et leurs mesures anti-Covid. Avec notamment en mars la Chine qui relance ses délivrances de visas, la fin de la vaccination obligatoire pour entrer aux Etats-Unis ou pour les soignants en France en mai.

Alerte maximale levée

Ce vendredi 5 mai, l'OMS décide de lever le niveau maximal d'alerte. Son directeur général estime que la pandémie a fait « au moins 20 millions » de morts, presque trois fois plus que le précédent bilan de son organisation.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 05/05/2023 à 17:16
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il n'y a plus aucun danger il faut arreter de faire peur aux gents

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