Crise du nickel en Nouvelle-Calédonie : Bercy appelle à signer le plan de redressement avant... la fin du mois

En Nouvelle-Calédonie, l'industrie du nickel traverse une de ses plus grosses crises. Dans ce contexte, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a appelé les acteurs locaux du nickel en Nouvelle-Calédonie à signer d'ici fin mars un plan de redressement censé permettre de sortir le secteur de l'impasse. Mais encore faut-il que tout le monde s'accorde.
L'industrie du nickel en Nouvelle-Calédonie, territoire français constitué d'îles dans le Sud du Pacifique, est en pleine crise.
L'industrie du nickel en Nouvelle-Calédonie, territoire français constitué d'îles dans le Sud du Pacifique, est en pleine crise. (Crédits : Yusuf Ahmad)

Le feuilleton autour du nickel en Nouvelle-Calédonie continue. Le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a appelé jeudi les collectivités calédoniennes, l'Etat et les industriels de la mine et de la métallurgie concernés à signer d'ici « la fin mars », et « tel qu'il a été rédigé », le plan de redressement de la filière nickel en Nouvelle-Calédonie, négocié depuis plusieurs mois.

« Nous devons réinventer la filière du nickel en Nouvelle-Calédonie avec les autorités calédoniennes (...) » mais il est « exclu de financer à perte un outil de production qui ne serait pas rentable », a déclaré le ministre lors d'un point de presse téléphonique.

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Industrie en crise

L'industrie du nickel en Nouvelle-Calédonie, territoire français constitué d'îles dans le Sud du Pacifique, est en pleine crise. La combinaison de mauvais rendements, d'une énergie coûteuse et d'une forte concurrence étrangère ont fait plonger dans le rouge les usines métallurgiques traitant le nickel extrait sur l'archipel, qui représente la quasi-totalité de ses exportations, 20% du produit intérieur brut (PIB) et près du quart de l'emploi privé. Ce minerai, considéré comme crucial pour la transition énergétique, a donc dévissé de plus de 45% en 2023. En cause notamment : l'irruption sur le marché de l'Indonésie, qui a fortement augmenté ses capacités de production ces dernières années.

Dans ce contexte, les trois mines et usines métallurgiques de l'île s'enfoncent dans les déficits. Et ce malgré une injection de « plus de 700 millions d'euros d'aide » d'argent public depuis 2016, a indiqué le ministre. L'usine calédonienne de Koniambo Nickel SAS (KNS), l'une des trois usines métallurgiques du « Caillou », a même été mise en sommeil le mois dernier pour au moins six mois par son actionnaire principal, le groupe suisse Glencore. Ce dernier est dans l'attente d'un éventuel repreneur. Les deux autres, Société Le Nickel (SLN) et Prony Resources, sont aussi en grande difficulté et lourdement endettées. Les actionnaires principaux de chaque industriel (Glencore pour KNS, Eramet pour SLN et la province Sud pour Prony resources) ont fait savoir à la fin de l'année dernière qu'ils n'apporteraient plus de financements nouveaux à leurs sites industriels.

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Accord sur le nickel

Pour tenter de redresser la filière en crise, l'Etat intervient pour aider les usines en difficulté, d'où cet accord sur le nickel en cours de négociation par Bercy avec l'Etat, les collectivités locales et les industriels locaux depuis plusieurs mois. L'Etat s'engagerait notamment à moderniser le réseau électrique calédonien pour faire baisser le prix de l'énergie. Les usines ont besoin d'abaisser leur coût de production, notamment en utilisant de l'énergie « moins chère » et « d'avoir un accès sans entrave à la ressource minière », a de nouveau précisé Bruno Le Maire ce jeudi.

Tout début mars, le gouvernement a même accordé un prêt de 140 millions d'euros à Prony Ressources, selon un décret paru au Journal officiel. Mais il n'y aura « pas de versement » du prêt sans signature de cet accord, avait bien précisé Bercy. En février, l'Etat a également refait un prêt de 60 millions d'euros à la SLN et a même trouvé un accord avec Eramet pour ne pas faire porter le poids de la dette de SLN sur ses comptes.

Les indépendantistes vent debout

Mais alors que le ministre s'est « réjoui que le gouvernement de Nouvelle-Calédonie ait décidé de soumettre » le texte du « Pacte Nickel » au Congrès de Nouvelle-Calédonie le 28 mars, tout n'est pas encore joué. En effet, le pacte sur le nickel est soumis à condition : les élus doivent accepter d'exporter une partie du minerai - activité rentable - au lieu de le transformer sur place et que les industriels s'engagent à développer et investir dans les usines. L'accord se heurte donc notamment à la « doctrine nickel » des indépendantistes qui refusent ce compromis.

Le groupe indépendantiste UC-FLNKS et nationaliste, une des composantes de la majorité au Congrès de Nouvelle-Calédonie, a même appelé début mars à la création d'une Organisation des pays producteurs de nickel (Open). « L'Open réunirait les principaux producteurs et exportateurs de nickel, dont l'Indonésie et les Philippines, pour peser sur le marché du métal non-ferreux et tenter d'éviter les chutes de cours », a résumé le groupe dans un communiqué publié sur Facebook.

Menace sur les emplois

Il y a cependant urgence à trouver une solution, car cette crise pèse de plus en plus sur l'économie du pays. La mise en sommeil de l'usine KNS, dans le nord de la Nouvelle-Calédonie, a entraîné la fin de 64 contrats de sous-traitance, représentant un peu plus de 300 emplois. Dans le Sud, l'usine de Prony Resources a également mis fin à une cinquantaine de contrats de sous-traitance. 1.000 emplois seraient ainsi menacés.

Le président indépendantiste du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, Louis Mapou, a présenté début mars un plan d'urgence économique visant à soutenir les entreprises victimes de la crise du secteur, avec notamment le déblocage de 8,4 millions d'euros pour financer des mesures de chômage partiel. Une allocation de chômage partiel spécifique a été mise en place, permettant le maintien des salaires dans des conditions plus favorables que l'allocation de chômage partiel de droit commun.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 22/03/2024 à 1:24
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Comme d'habitude les indépendantistes pourtant minoritaires dans ce pays font tout pour casser l'économie. Il serait temps que l'état français les remette à leur place. Il faut que le politiquement correct s'arrête.

le 22/03/2024 à 9:37
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Ils auront et les subventions et le droit de gérer l’ entreprise pour la ruiner de nouveau ds quelques années. C est le drame de notre pays il suffit de se faire passer pour une victime du racisme et du colonialisme pour gagner le jack pot.

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