L'information est passée sous les radars en France, mais en Russie, les agissements de la chaîne de magasins Decathlon (groupe Mulliez), dernière présence française restante avec l'autre enseigne Auchan, sont suivis de près. Quinze mois après le début du conflit en Ukraine, l'enseigne de sport a reçu le feu vert des autorités pour revendre certains de ses magasins en Russie, selon une information publiée par le média Izvestia citant l'agence de presse russe Interfax.
« Nous parlons de cinq sites dans les régions (...). Il est intéressant de noter que, parallèlement, l'entreprise développe son parc immobilier dans notre pays. Par exemple, en 2022, le réseau a acquis deux sites dans les grandes villes. Cela s'est produit après que l'entreprise a cessé la livraison de marchandises dans la Fédération de Russie, puis le travail des magasins », écrit mi-mai le média russe Izvestia.
Les magasins Decathlon en question seraient « les moins rentables » du groupe en Russie, selon le média. Pour la revente de ces magasins, l'opération a nécessité l'approbation de la Commission gouvernementale pour le contrôle des investissements étrangers, que le groupe Mulliez a obtenu, précise l'agence Interfax le 12 mai. En riposte aux sanctions occidentales, les autorités russes interdisent désormais les investissements venant de nations ennemies à la politique du Kremlin.
Decathlon, présent en Russie depuis 2006, n'avait pas immédiatement cessé toutes activités dans le pays engagé dans une conquête militaire d'une partie de l'Ukraine. Après la fermeture de 60 magasins dans les villes où il est implanté - les grandes villes étant clés pour la marque avec 22 vitrines dans la région de Moscou -, Decathlon avait maintenu son activité de vente par Internet. Jusqu'à finalement annoncer la fermeture « temporaire » également du site, le 27 juin 2022, faute d'approvisionnements de sa chaîne logistique.
Selon le média russe citant des « experts de l'immobilier commercial », « Decathlon aurait des difficultés à vendre en raison d'un trop grand nombre d'actifs » en Russie.
Sollicitée par La Tribune, Decathlon n'a pas réagi.
Une position de plus en plus délicate
Le groupe Mulliez, propriétaire de Decathlon, est d'ailleurs toujours sous le feu des critiques, en raison du maintien des activités du géant de l'agroalimentaire Auchan.
La position des marques du groupe nordiste est d'autant plus isolée que la plupart des enseignes internationales ont quitté le sol russe. McDonald, Nike, Apple, Coca Cola... côté américain, Chanel, Hermès, Kerin, LVMH côté français... Les enseignes ont soit cessé leurs activités, soit, la plupart du temps, revendues leurs fonds de commerce à un nouveau propriétaire russe. Celui-ci a alors parfois simplement repris le concept, en changeant uniquement le nom et les marques occidentales comme ce fut le cas pour Starbucks ou encore pour Sephora devenue « Île de Beauté ».
La chaîne de magasins Decathlon employait 2.500 personnes en Russie. « Abandonner nos employés, leurs familles et nos clients n'est pas le choix que nous avons fait », avait d'ailleurs justifié l'enseigne, le 27 mars 2022, face à la fronde provoquée par le maintien de ses activités. Aussi, après être également restée un an après le début de la guerre, le groupe a finalement annoncé en mars fermer et céder la totalité de ses magasins Leroy Merlin.
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !