États-Unis : la consommation repart de plus belle pendant les fêtes

Une étude publiée par l'éditeur de cartes bancaires Mastercard montre que les ventes pendant la saison festive outre-Atlantique ont progressé de 3,1% sur un an. Une bonne tenue de la consommation qui corrobore les anticipations de croissance dans le pays.
« Pour ces fêtes de fin d'année, le consommateur a répondu présent, dépensant de manière réfléchie », a commenté Michelle Meyer, cheffe économiste du Mastercard Economics Institute.
« Pour ces fêtes de fin d'année, le consommateur a répondu présent, dépensant de manière réfléchie », a commenté Michelle Meyer, cheffe économiste du Mastercard Economics Institute. (Crédits : Kamil Krzaczynski)

Les Américains se sont fait plaisir pendant les fêtes. Selon des données préliminaires de l'étude SpendingPulse de l'éditeur de cartes bancaires Mastercard, publiée mardi, les ventes pendant la saison festive aux États-Unis, entre le 1er novembre et le 24 décembre, ont progressé de 3,1% par rapport aux chiffres de la même période en 2022. A noter, les données publiées par Mastercard ne sont pas ajustées à l'inflation ce qui augmente mécaniquement les sommes dépensées.

Reste que ces chiffres corroborent ceux de la Fédération nationale du commerce de détail (NRF) avait dévoilé ses prévisions en amont de la saison festive (du 1er novembre au 31 décembre), anticipant une hausse de 4%, à 966,6 milliards de dollars. Pour rappel, les ventes avaient progressé de 5,3% sur un an pendant la saison festive 2022 et de 14,1% en 2021, selon la NRF.

« Pour ces fêtes de fin d'année, le consommateur a répondu présent, dépensant de manière réfléchie », a commenté Michelle Meyer, cheffe économiste du Mastercard Economics Institute, citée dans un communiqué.

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L'électronique et la bijouterie en perte de vitesse

Dans le détail de cette étude de Mastercard, les vêtements et la restauration font partie des secteurs ayant réalisé de bonnes performances par rapport à la période des fêtes de 2022, tandis que l'électronique et la bijouterie ont perdu du terrain.

Le bilan reste donc à nuancer. La croissance des ventes, tout en étant « solide », représente un « rythme relativement modeste de croissance », a commenté pour l'AFP Neil Saunders, directeur de GlobalData. « Une fois prise en compte l'inflation, il reste une croissance sous-jacente en volume, mais c'est significativement inférieur à ce que le chiffre annoncé affiche », a-t-il ajouté. « Ceci dit, étant donné les hausses importantes des ventes pendant les fêtes des années précédentes et les pressions actuelles sur les finances des consommateurs, ce niveau de croissance peut être considéré comme une sorte de victoire pour les consommateurs », a-t-il estimé.

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Bonne résilience de l'économie américaine

D'autant que ces bons chiffres s'ancrent dans un contexte de baisse du pouvoir d'achat des consommateurs américains, rongés par l'inflation qui avait atteint pratiquement 10% en juillet 2022 (+9,5% sur un an). Mais le plus dur semble être enfin passé Outre-atlantique. L'inflation a atteint 2,6% sur un an aux États-Unis en novembre, selon l'indice PCE publié le 23 décembre. « Le contexte économique reste favorable à des créations d'emplois de bonne composition et à la détente des pressions inflationnistes, encourageant les consommateurs à chercher les produits et les activités qui leur tiennent le plus à cœur », a notamment pointé Michelle Meyer.

En plus du ralentissement de la hausse des prix, les consommateurs américains évoluent dans un contexte macro-économique marqué par un marché de l'emploi solide avec un taux de chômage bas et un Produit intérieur brut qui ne cesse de croître. Ainsi, la croissance des États-Unis s'est établie à 5,2% au troisième trimestre en rythme annualisé, selon le département du Commerce. Ce très bon chiffre a même dépassé le consensus des analystes qui tablaient sur 5% selon MarketWatch.

A l'origine de ce dynamisme : des ménages qui ont continué de dépenser, alimentant ainsi le principal moteur de l'économie américaine. Il leur a toutefois fallu consacrer une large part de leur budget aux dépenses en électricité, soins de santé et médicaments, services financiers et assurances. Ils ont aussi acheté des équipements informatiques, et voyagé. Pour l'économiste Patrick Artus, interrogé par La Tribune, la résilience de l'économie américaine « s'explique par trois raisons : la mise en place d'une politique budgétaire expansionniste, la progression rapide des investissements, notamment étrangers, sur le sol américain, et le maintien de la consommation des ménages américains qui désépargnent ». A l'inverse, « la croissance de la zone euro est nulle et la consommation des ménages moindre. L'économie européenne est donc plus fragile », affirmait-il.

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Une baisse des taux à venir en 2024

Et le sourire des consommateurs américains devrait être encore plus marqué l'année prochaine puisque la Réserve fédérale américaine, qui a choisi de freiner l'économie pour juguler l'inflation en montant ses taux directeurs à 5,25 à 5,50% ces derniers mois, pourrait diminuer ces derniers.

Fort d'une inflation en déclin, les responsables de la Fed anticipent, en effet, majoritairement trois ou quatre baisses l'année prochaine, pour les amener à 4,6% fin 2024. « Bien sûr, la question qui commence à faire jour est celle de savoir quand il sera opportun de réduire la politique monétaire restrictive », a, de plus, indiqué lors de sa réunion de décembre le président de la Fed, Jerome Powell, ajoutant que cette question d'un calendrier avait été « un sujet de discussion » au cours de la réunion du Comité. Un scénario anticipé par beaucoup d'analystes et d'économistes comme l'explique John Plassard, directeur et spécialiste des marchés chez la banque Mirabaud : « Les marchés ont écarté toute possibilité d'une nouvelle hausse et s'attendent désormais à ce que la première baisse intervienne en mars ou en mai 2024 ». Ce desserrement de la politique monétaire serait bienvenu pour la croissance puisqu'il réduirait le coût des crédits et ferait repartir de plus belle l'investissement et la consommation dans le pays.

La Fed a cependant souhaité calmer les ardeurs des spéculateurs. « Bien que les responsables (de la Fed) jugent peu probable qu'il soit approprié de relever de nouveau les taux, ils n'ont cependant pas non plus exclu cette possibilité », a insisté Jerome Powell.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 28/12/2023 à 9:58
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"Croissance de la zone euro est nulle", peut être comme bien d'autre chose d'ailleurs mais notre fierté est ailleurs nous savons vivre sans rien produire grâce à un nombre constant de technocrates qui s'appuient sur une solide expension de législati...

à écrit le 28/12/2023 à 0:18
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N'oublions pas de preciser, depenses a credit pour la plupart des menages qui continuent de s'endetter.

à écrit le 27/12/2023 à 18:33
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Leur système, leur suprématie.

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