Les Etats-Unis prolongent l'exemption de droits de douane sur l'acier européen jusqu'en 2025

L'Union européenne et les Etats-Unis se sont mis d'accord pour prolonger la suspension de droits de douane sur les produits échangés entre les deux puissances instaurée en 2021. Une décision qui devrait soulager les aciéristes européens.
Les droits de douanes américains sur l'acier européen, mis en place en 2018 puis suspendus en 2021 ne seront pas rétablis avant 2025.
Les droits de douanes américains sur l'acier européen, mis en place en 2018 puis suspendus en 2021 ne seront pas rétablis avant 2025. (Crédits : Reuters)

Les années Trump provoquent, aujourd'hui encore, des remous, notamment entre l'Union européenne et les Etats-Unis. Les deux parties tentent depuis des mois de dénicher un accord. Objectif, éliminer les 232 droits de douane actés en 2018 sous la présidence républicaine, et finalement suspendus en 2021.

Ce mardi, les Vingt-sept ont annoncé avoir prolongé jusqu'au 31 mars 2025 la suspension des taxes sur des produits américains. Pour rappel, ces taxes avaient été mises en place en représailles d'une série de droits de douane, pénalisant les importations d'acier et d'aluminium européens, aux Etats-Unis. Cette décision a été prise, après un accord conclu avec le pays de l'Oncle Sam, qui s'engage de son côté à ne pas non plus mettre en œuvre ses propres taxes et droits de douane contre l'acier et l'aluminium européens, a précisé un communiqué de la Commission européenne.

Lire aussiL'Union européenne exige un rééquilibrage des relations commerciales avec la Chine

1,5 milliard d'euros d'économies pour les aciéristes

Cette suspension des deux côtés de l'Atlantique va permettre aux exportateurs d'acier et d'aluminium européens d'économiser une somme non négligeable : 1,5 milliard d'euros de droits de douane par an, selon ce même communiqué.

Cette annonce constitue donc une aubaine pour les aciéristes, à l'heure où certains d'entre eux affirment rencontrer des difficultés. C'est notamment le cas d'ArcelorMittal, qui verra cette année sa consommation d'acier en Europe baisser par rapport à 2022. En cause : la « faiblesse » du secteur de la construction.

« Nous nous attendons à ce que la consommation en Europe soit au-dessous de la fourchette basse de notre dernière prévision (qui était comprise entre -0,5% et +1,5%) », avait indiqué le 9 novembre dernier le géant de l'acier, dans son communiqué de résultats pour le troisième trimestre.

La réalité est différente sur son marché asiatique. En Chine, le sidérurgiste prévoit en effet une croissance de la consommation d'acier « comprise entre 1 et 2% en 2023 par rapport à 2022 ». Il relève sa prévision pour l'Inde dont la consommation devrait se situer « au-dessus de la fourchette de la précédente prévision (entre +6 et +8%) ».

Côté résultats, début novembre, l'aciériste européen a annoncé un recul de 6,4% de son bénéfice net au troisième trimestre et de 12,4% de son chiffre d'affaires par rapport au même trimestre en 2022. Il a été affecté notamment par la baisse des prix de l'acier et la baisse de la demande en Europe.

Les salariés dunkerquois d'ArcelorMittal se mettent en grève

Ce contexte économique délicat pour l'aciériste européen provoque des remous auprès de ses effectifs français. En effet, une centaine de salariés de son site de Dunkerque (Nord de la France) se sont mis en grève ce mardi. Un mobilisation qui intervient à peine deux semaines après le début d'un autre mouvement social sur la même unité de production. La CGT appelle à une médiation du gouvernement pour sortir du conflit.

Selon la direction d'ArcelorMittal auprès de l'AFP, « moins de 5% des salariés du site sont grévistes ». Elle précise aussi avoir « adapté sa marche pour continuer à servir ses clients ». Face au « blocage », le syndicat majoritaire, dans une lettre ouverte au gouvernement, « en appelle à l'intervention de l'Etat pour une médiation », soulignant « le rôle stratégique » d'ArcelorMittal pour l'industrie française.

Le mouvement social, qui se traduit par des débrayages ciblés, a débuté à l'occasion des négociations annuelles obligatoires (NAO) sur les salaires entamées le 4 décembre. Un accord signé le 14 décembre par deux syndicats aboutit à une augmentation générale de 3,7%, soit « bien en-deçà » des 300 euros bruts par mois réclamés par la CGT, et des 4,4% obtenus l'an passé, a expliqué Philippe Verbeke, délégué syndical CGT régional chez Arcelor.

Les salariés protestent également contre leurs conditions de travail dégradées par le manque d'investissement sur le site, et contre une nouvelle convention collective qui « rogne sur tous les avantages sociaux », a précisé Gaëtan Lecocq, de la CGT Arcelor à Dunkerque.

Succession d'accords pour l'UE

Cet accord préserve donc l'industrie européenne, ce qui semble être un point important pour Bruxelles. L'UE assure qu'elle continuera à négocier avec les Etats-Unis pour l'élimination totale de ces droits de douane. Un sommet entre l'union et les Etats-Unis en octobre dernier n'avait pas permis de parvenir à un accord, mais les deux parties disposent désormais du « temps nécessaire » pour parvenir à cet accord, fait valoir la Commission européenne.

D'autant qu'il ne s'agit pas du seul accord que les Vingt-sept négocient ce mois-ci. Lundi, l'Union européenne a déjà annoncé la signature d'un accord commercial avec Kenya. Le total des échanges commerciaux entre les deux marchés a atteint 3,3 milliards d'euros en 2022. Un montant en hausse de 27% depuis 2018, selon les chiffres de l'UE.

Lire aussiL'Union européenne et le Kenya signent un accord commercial « historique »

Dans le détail, cet accord de libre-échange, négocié de longue date et conclu en juin dernier, garantit aux produits kényans un accès libre de droits et sans quotas au marché européen. En contrepartie, les produits européens entrant au Kenya verront leurs droits de douane réduits sur une période de 25 ans. Ils bénéficieront aussi de réductions tarifaires.

La Commission met la pression sur la Chine

Toujours dans l'optique de dynamiser l'économie européenne, l'UE a aussi discuté avec la Chine début décembre, à l'occasion d'un sommet entre les deux puissances, pour exiger une meilleure ouverture de son marché. Les représentants des Vingt-sept critiquent le manque d'accès des entreprises européennes au marché chinois à cause d'un « traitement préférentiel » accordé aux entreprises chinoises.

Un handicap pour le Vieux continent en partie à l'origine du déficit commercial de l'Union européenne avec la Chine qui a d'ailleurs doublé en deux ans pour atteindre le chiffre record de 390 milliards d'euros en 2022, selon Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. Le « déséquilibre est visible », les exportations chinoises vers l'UE sont trois fois plus importantes que leurs importations a fait remarquer la responsable allemande.

Avec cette rencontre, l'UE a donc cherché à convaincre Pékin d'arrêter les mesures qu'elle juge protectionniste. Cet objectif est d'ailleurs si important pour le Vieux continent que la représentante a adopté un ton menaçant. « Nous avons des outils pour protéger notre marché », avait affirmé la présidente de la Commission, tout en répétant sa préférence pour « des solutions négociées ». Finalement, après le sommet, cette dernière a déclaré « Je suis très satisfaite d'avoir convenu avec le président Xi que les relations commerciales devraient être équilibrées entre nous ».

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 20/12/2023 à 9:09
Signaler
"Oh oui merci not bon maître ! Vous êtes trop bon !"L'impuissance européenne.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.