États-Unis : les créations d'emplois dans le privé ralentissent fortement, plombées par la hausse des taux

Bien que toujours positives, les créations d'emplois du secteur privé aux États-Unis ont continué à ralentir au mois de septembre, à 89.000 nouveaux emplois créés. Soit quasiment moitié moins qu'en août et très en dessous des attentes. Le fléchissement devrait se poursuivre puisque la Réserve américaine (Fed) ne compte pas stopper sa politique de resserrement monétaire.
L’une des causes de ce ralentissement se trouve dans la hausse rapide des taux d'intérêt de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui augmente les coûts des emprunts et peut freiner les recrutements.
L’une des causes de ce ralentissement se trouve dans la hausse rapide des taux d'intérêt de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui augmente les coûts des emprunts et peut freiner les recrutements. (Crédits : ANDREW KELLY)

Le marché de l'emploi américain pourrait être moins solide qu'il n'y paraît. Les créations d'emploi du secteur privé ont en effet ralenti en septembre, avec 89.000 nouveaux emplois, selon l'enquête mensuelle ADP/Stanford Lab publiée ce mercredi 4 octobre. Les analystes avaient bien anticipé une baisse du rythme des créations d'emplois, mais moins marquée, tablant plutôt sur 150.000 emplois créés, selon le consensus publié par briefing.com.

C'est surtout deux fois moins comparé au mois d'août, dont les données ont été légèrement révisées en hausse, avec 180.000 créations d'emplois privés, contre 177.00 annoncés initialement. Les grandes entreprises sont la principale cause de ralentissement de la création des emplois privés, puisqu'elles en ont supprimé 83.000, « effaçant les gains réalisés en août », souligne l'étude.

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Il s'agit du plus faible rythme de croissance observé depuis janvier 2021 et il marque une « accentuation du ralentissement », qui s'accompagne d'un « déclin marqué du rythme de croissance des salaires sur les douze derniers mois », selon la cheffe économiste d'ADP Nela Richardson, citée dans le communiqué.

Un ralentissement causé par la Fed...

Signe de la détente du marché du travail, la hausse des salaires est restée stable en septembre, selon les données de l'étude, à 5,9% sur un an pour les salariés qui ont conservé leur emploi. Soit le niveau déjà observé en août, égalant ainsi la plus faible croissance observée depuis octobre 2021. Pour les salariés qui ont changé d'emploi, la hausse est désormais de 9% sur un an, en recul par rapport au mois précédent (9,5%).

« Dans l'ensemble, la croissance des créations d'emplois reste positive, mais le rythme devrait continuer à ralentir du fait de l'effet différé et cumulatif de la politique monétaire », a indiqué dans une note la cheffe économiste de HFE, Rubeela Farooqi.

En effet, l'une des causes de ce ralentissement se trouve dans la hausse rapide des taux d'intérêt de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui augmente les coûts des emprunts et peut freiner les recrutements. Et du fait du décalage entre la hausse des taux et ses effets sur l'économie, entreprises et analystes jugent la conjoncture incertaine.

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Ian Shepherdson, chef économiste de Pantheon Macroeconomics, estime pour sa part que les créations totales d'emplois pour le mois de septembre, en y intégrant les emplois publics, devraient être de 175.000, maintenant ainsi ses prévisions. Ces données seront publiées ce vendredi et sont attendues quasi stables, ou en légère baisse.

... qui ne compte pas changer sa politique

Du côté des offres d'emploi, elles restent légèrement supérieures aux niveaux observés avant la pandémie, note de son côté l'économiste Jadrian Wooten, de la plateforme Monster. Et le volume d'emplois créés demeure élevé, comme l'a indiqué le rapport dit JOLTS (Job Openings and Labor Turnover Survey) pour le mois d'août, publié ce mardi par le département américain du Travail. Les ouvertures de postes ont ainsi atteint 9,61 millions, alors que les estimations tablaient sur 8,800 millions. Cet indicateur avait d'ailleurs reculé lors des trois mois précédents.

Si certains indicateurs, comme l'emploi dans le travail temporaire ou les heures supplémentaires dans l'industrie, continuent de reculer, cela pourrait par contre être de mauvais augure pour la première économie mondiale. Car un resserrement du marché de l'emploi pourrait entraîner un cycle de baisse des dépenses des foyers, ce qui provoquerait une demande plus réduite en biens et services.

Cette résilience de l'économie américaine ne devrait en tout cas pas encourager la Fed à stopper sa politique de resserrement, douchant les espoirs des marchés sur un possible abaissement prochain des taux. « Cela veut dire que la Fed va continuer à se montrer restrictive », confirme Florian Allain de Mandarine Gestion. Comme la Réserve américaine l'a laissé entendre le 20 septembre dernier, ses taux pourraient restés élevés plus longtemps qu'anticipé par les investisseurs. Ce qui a des conséquences sur les taux obligataires américains, mais aussi européens. Le rendement des emprunts allemands et français à 10 ans ont ainsi atteint leur plus haut niveau en 12 ans ce mercredi.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 05/10/2023 à 13:56
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"Données publiées...puis données corrigées...Données publiées...puis données corrigées", on l'a connait cette rengaine stratégique US (mais pas que) depuis des lustres. Depuis longtemps, vous pouvez prendre les données du BLS américain (données U3 et...

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