Christian Sewing, patron de Deutsche Bank, veut des collaborateurs qui se tutoient. « Il y a une chose que j'aimerais changer cette année et qui me dérange depuis longtemps », énonce le responsable, produit maison de la banque, dès le deuxième paragraphe du courrier envoyé aux salariés de la banque. « Nous utilisons encore aujourd'hui la formule « Vous » (« Sie », en allemand) en de nombreux endroits », explique-t-il. Or, « ce n'est plus d'actualité ».
En Allemagne, le vouvoiement est de rigueur
Au sein du groupe implanté sur plusieurs continents, il prend l'exemple des personnels anglophones dont la langue ignore le vouvoiement et qui s'interpellent « naturellement par le prénom ». Alors qu'il a été décidé que le tutoiement sera la règle de communication au sein de l'équipe de direction, le patron dit qu'il serait « heureux » si de nombreux salariés allemands devaient « suivre cet exemple ».
En Allemagne, on se vouvoie encore souvent entre collègues d'entreprises, sans omettre le titre (docteur, professeur,...) éventuel devant le nom ou la profession de la personne. Autant dire qu'une petite révolution s'annonce au sein de la banque traditionnelle fondée en 1870, par ailleurs engagée dans un virage numérique.
3.500 emplois vont être supprimés
Deutsche Bank a par ailleurs annoncé ce jeudi un résultat net en 2023 en recul de 16% sur un an. « Notre performance en 2023 souligne la force de notre stratégie de 'banque globale' pour nos clients (...) dans un environnement incertain », a déclaré Christian Sewing dans un communiqué, soulignant le meilleur résultat avant impôt obtenu par la banque en seize ans, à 5,7 milliards d'euros.
La banque peine toutefois à maîtriser ses charges, qui ont augmenté l'an dernier de 6% à 21,7 milliards d'euros. La raison incombe « aux charges hors exploitation de 1,1 milliard d'euros » liées en grande partie à « l'exécution de la stratégie, » explique-t-elle. De nouvelles dépenses de restructuration et autres indemnités de départ ont lésé ses comptes de 2023 pour 566 millions d'euros. Elle n'en a pas fini pour autant. Dans le sillage d'une informatisation accélérée de ses procédures, Deutsche Bank va se séparer de 3.500 salariés occupant des postes administratifs « éloignés des clients, » explique la banque. Un plan de départ de 800 personnes avait déjà été annoncé en avril dernier, concernant les mêmes fonctions. De sorte que ce sont 2.700 départs supplémentaires qui ont été communiqués jeudi. L'histoire ne dit pas si le tutoiement sera employé pour annoncer les départs.
(Avec AFP)
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