Après une phase compliquée, la Suisse enfin prête à se rapprocher davantage de l'UE

L'Etat helvète pourrait notamment se rapprocher sur le marché de l'électricité, les produits agricoles, l'immigration ou encore la protection des salaires. Les négociations débuteront avec l'UE au mois de mars.
Ces derniers mois, les rapports entre la Suisse et l'UE, son premier partenaire économique, n'ont pas été des plus faciles.
Ces derniers mois, les rapports entre la Suisse et l'UE, son premier partenaire économique, n'ont pas été des plus faciles. (Crédits : DENIS BALIBOUSE)

Après des rapports compliqués ces dernières années avec l'UE, la Suisse pourrait finalement s'en rapprocher très bientôt. Vendredi, le pays a adopté un mandat de négociation qui va lui permettre d'engager des nouvelles négociations.

Celles-ci débuteront « vraisemblablement au courant du mois de mars » quand la Commission européenne aura elle-même obtenu le feu vert du Conseil européen, a indiqué hier le Conseiller fédéral suisse, en charge des Affaires étrangères, Ignazio Cassis. Il présentait le mandat définitif sur la base duquel se dérouleront les négociations avec la Commission européenne, lors d'un point de presse.

Un rapprochement sur le marché de l'électricité, l'immigration ou l'agriculture

Pour rappel, le conseil fédéral helvète, bras exécutif du pays, avait procédé à une vaste consultation depuis la fin 2023 pour recueillir les points de vue des acteurs de l'économie suisse, mais aussi du parlement et des cantons (les Etats fédérés).

Fort d'un large soutien, le gouvernement suisse a affiné le périmètre de négociations sur les différents paquets sur lesquels il est prêt à discuter un rapprochement : marché de l'électricité, transports terrestres, produits agricoles, immigration, protection des salaires, éléments institutionnels et accord de libre-échange.

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Parallèlement aux négociations avec la Commission européenne, l'administration va discuter avec les partenaires concernés dans les domaines de l'immigration, de l'électricité, de la protection des salaires et des transports terrestres, afin de définir les mesures d'accompagnement sur le plan intérieur à un éventuel accord.

Le parlement, et très certainement le peuple suisse, auront ensuite à se prononcer. Pour Ignazio Cassis, « on est dans un processus très démocratique et il faut que ce processus puisse aller jusqu'au bout » même s'il y a risque de rejet. « Il est difficile, après 15 ans de discussions, de retenir maintenant le parlement et le peuple de pouvoir enfin s'exprimer ».

Mais il reste extrêmement prudent sur un calendrier même s'il a « l'espoir » de boucler les négociations d'ici la fin de l'année, affirmant vouloir aller « aussi vite que possible et aussi lentement que nécessaire ».

Certains partis politiques réticents

Ces derniers mois, les rapports entre la Suisse et l'UE, son premier partenaire économique, n'ont pas été des plus faciles. Ce, malgré les nombreux accords bilatéraux qui régissent leur relation depuis des années. Dernier épisode de tension en date : après des années de négociations, Berne avait tout simplement quitté la table en 2021, estimant qu'un accord global n'avait aucune chance de convaincre en Suisse. La méthode, qualifiée de « brutale » par de nombreux observateurs du monde politique suisse, avait jeté un froid glacial entre l'Union européenne et le pays alpin. Avant que les deux parties décident finalement de rediscuter mi-2022.

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Quoiqu'il en soit, le nouveau projet ne convient pas à toutes les sensibilités politiques du pays. A plusieurs reprises, l'Union démocratique du centre et la droite radicale (qui a renforcé en octobre dernier sa place de premier parti de Suisse), ont fait part de leurs réticences. Certains syndicats s'inquiètent aussi des effets d'un potentiel rapprochement sur la protection des salaires. En revanche, les autres partis et le patronat, ainsi que les cantons, se montrent plus positifs.

Une économie au ralenti mais qui reste solide

Sur le front économique, l'Etat fédéral a connu une année 2023 un peu au ralenti, même si le pays peut encore se targuer d'être l'une des économies les plus solides d'Europe. En décembre dernier, le ministère suisse de l'économie a légèrement abaissé sa prévision de croissance pour 2024, compte tenu d'une baisse des exportations à venir, elle-même liée à une « dynamique morose » de l'économie dans la zone euro.

Pour 2024, le groupe d'experts de la Confédération suisse (chargé de réaliser les prévisions conjoncturelles pour le ministère de l'Économie), table désormais sur une progression du produit intérieur brut suisse (hors événements sportifs) de 1,1%, contre 1,2% prévu auparavant, indique-t-il dans un communiqué.

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Les exportations de marchandises devraient, selon les projections de ces experts, croître de 2,7% en 2024, alors qu'ils tablaient auparavant sur une progression de 4,1%. « Les investissements devraient croître faiblement face au repli de la demande et à la hausse des coûts de financement », a expliqué le ministère suisse de l'Économie dans son communiqué de décembre. Mais celui-ci considère tout de même que « la consommation privée devrait continuer de fournir un appui » à l'économie suisse.

Le même groupe d'experts, qui met à jour ses prévisions tous les trois mois, s'attend à ce que l'économie helvète enregistre une accélération en 2025 (+1,7% de croissance) grâce à « un rétablissement progressif de l'économie mondiale et notamment européenne ».

« Jusqu'en 2025, la conjoncture suisse sera principalement soutenue par la conjoncture intérieure, tandis que le commerce extérieur sera freiné par une faible évolution de l'économie mondiale », analyse par ailleurs le centre de recherches conjoncturelles du KOF, situé à Zurich.

(Avec AFP)

Commentaires 18
à écrit le 10/03/2024 à 17:49
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Dans votre article sur le rapprochement Suisse-UE Faute de grammaire dans la phrase suivante de votre article : "Quoiqu'il en soit, le nouveau projet ne convient pas à toutes les sensibilités politiques du pays. A plusieurs reprises, l'Union démocr...

à écrit le 10/03/2024 à 14:47
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Surtout ne pas se rapprocher davantage de l'UE, j'ai quitter la France pour ne plus subir cela. C'est la pire chose à faire!

à écrit le 10/03/2024 à 14:46
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Surtout ne pas se rapprocher davantage de l'UE, j'ai quitter la France pour ne plus subir cela. C'est la pire chose à faire!

à écrit le 10/03/2024 à 13:31
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Surtout pas vous allez connaître le même sort que la France.

à écrit le 10/03/2024 à 13:31
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Surtout pas vous allez connaître le même sort que la France.

à écrit le 10/03/2024 à 12:49
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Pourquoi l'U.E. est-elle si gentille avec la Suisse qui snobe l'Europe politique ?

à écrit le 10/03/2024 à 10:52
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"la Suisse enfin prête à se rapprocher davantage de l'UE" Ils devront surtout appliquer ensuite l'ensemble des directives européennes et perdre comme nous 90% de leur souveraineté et fini les référendums.

à écrit le 10/03/2024 à 8:36
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Je pense que la Suisse doit faire un pas mais limité avec l'UE. La souveraineté en dépend. L'UE est devenue très très envahissante dans les affaires des pays.

à écrit le 10/03/2024 à 8:26
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Ben nous avons nous aussi des paradis fiscaux ! Dans nos bras frères misères !

à écrit le 10/03/2024 à 6:49
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Pourvu que la Suisse ne fait pas cette erreur stratégique majeur. l'Europe est parfaite pour la Roumanie, la Moldavie ect pour avoir un développement et siphonner les pays plus riches, mais entré un des pays les plus démocratique, les plus développé...

le 10/03/2024 à 8:46
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décidément la commission de Bruxelles ne leur dévoile pas la finalité de l'Europe qui consiste a nier le droit de vote et a détruire le monde agricole car pour bruxelles les terres d'helvetie ont un potentiel de rente bien supérieur avec l'immobi...

à écrit le 09/03/2024 à 23:35
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Il faut bloquer ce pays qui fait tache en Europe. Aucun échange commercial tant qu'ils ne seront pas en UE.

le 10/03/2024 à 0:15
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Pourquoi ne pas céder la place de la France à la Confédération helvétique dont la langue nationale n'est désormais plus le dollars US mais le rial saoudien? (cf. inversion de l'ordre des créanciers prioritaires suite à l'effondrement du Crédit Sui...

le 10/03/2024 à 15:11
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"Aucun échange commercial tant qu'ils ne seront pas en UE" selon quelle philosophie ? Les accords commerciaux genre Mercosur, autres (ai oublié leurs noms), c'est pas fait pour intégrer les pays membres dans l'UE mais faciliter (parait-il) les échang...

le 10/03/2024 à 16:31
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@Le Saint. Pour votre bonne information, si le Conseil fédéral helvétique, la BNS et la Finma ont (en effet) scandaleusement permis l'inversion de l'ordre des créanciers prioritaires dans le cadre des obligations convertibles contingentes AT1 - suite...

le 11/03/2024 à 4:17
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@Raymond Pour info SNB listé à Riyad est officiellement détenu à 50,44 % (37,23 PIF + 13,21 GOSI) par des établissements d'état saoudien et le reste probablement par une multitude de porteurs nationaux. Ainsi l'ingérence saoudienne dans l'eff...

le 11/03/2024 à 11:05
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@Le Saint. Le CS a déjà été sauvé par un consortium Saoudien et Qatari en 2008 déjà, avec une dérogation de la Finma pour les Cocos bonds (avec l'aval européen pour ces instruments peu conventionnels). Le problème est toutefois ailleurs (et bien pire...

à écrit le 09/03/2024 à 17:10
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Comme le PDC et le PR sont les deux partis les plus influents en Suisse, Ignazio Cassis se berce d'illusions.

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