Législatives : défaite de la gauche, montée des populistes... le Portugal vire à droite

L'opposition de centre droit a remporté une très courte victoire aux législatives de dimanche au Portugal devant les socialistes au pouvoir depuis huit ans. Mais le parti populiste Chega (Assez) a plus que doublé son score en obtenant 18% des suffrages, contre 7,2% lors des précédentes législatives de janvier 2022.
Le résultat ne permet pas au centre-droit, vainqueur, de former une majorité absolue d'au moins 116 élus à lui seul, ni même en coalition avec un petit parti libéral arrivé en quatrième position avec 5% des suffrages et huit sièges.
Le résultat ne permet pas au centre-droit, vainqueur, de former une majorité absolue d'au moins 116 élus à lui seul, ni même en coalition avec un petit parti libéral arrivé en quatrième position avec 5% des suffrages et huit sièges. (Crédits : Violeta Santos Moura)

Le Portugal bascule à droite. Dans l'un des rares pays en Europe à être encore dirigé par la gauche, les électeurs n'ont pas renouvelé leur confiance au Parti socialiste après les législatives de dimanche. Ces dernières avaient été précipitées par la démission du Premier ministre sortant Antonio Costa, impliqué dans une enquête pour trafic d'influence et qui ne briguait pas un nouveau mandat.

Le Parti socialiste (PS), qui avait obtenu une majorité absolue en 2022 avec un score de 41,4%, arrive désormais en deuxième position avec 28,66% des voix et 77 sièges. Il est devancé par l'Alliance démocratique de centre droit (AD) emmenée par Luis Montenegro, 51 ans, a remporté 29,49% des voix et 79 députés sur un total de 230.

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Le PS s'est regroupé autour de Pedro Nuno Santos, un ancien ministre de 46 ans issu de son aile gauche. « Malgré la différence minime entre nous et l'AD, nous n'avons pas gagné les élections et nous irons dans l'opposition », a-t-il reconnu. Il a indiqué que son parti ne ferait pas obstacle à la formation d'un gouvernement minoritaire de centre droit, mais a laissé planer la menace de voter contre son prochain budget.

Le centre-droit refuse de diriger le pays avec le soutien de l'extrême droite (Chega)

Ce résultat ne permet donc pas au centre-droit de former une majorité absolue d'au moins 116 élus à lui seul, ni même en coalition avec un petit parti libéral arrivé en quatrième position avec 5% des suffrages et huit sièges. Luis Montenegro a tout de même revendiqué une victoire « incontournable » aux législatives de dimanche, disant vouloir gouverner avec une « majorité relative » au Parlement et réaffirmant son refus de diriger le pays avec le soutien de l'extrême droite.

Mais le parti populiste Chega (Assez) dirigé par André Ventura, 41 ans, s'est bel et bien imposé lors de ce suffrage. Il a, ainsi, plus que doublé son score en obtenant 18% des votes, contre 7,2% lors des précédentes législatives de janvier 2022. En nombre de sièges, la formation antisystème fondée en 2019 a quadruplé sa représentation en passant de 12 à 48 députés, renforçant donc son rang de troisième force politique du pays, à l'issue d'un scrutin marqué en outre par une participation en forte hausse.

« Chega a demandé à devenir la pièce maîtresse du système politique et a atteint cet objectif », s'est félicité André Ventura après avoir salué « un résultat absolument historique » et s'être dit « disponible » pour « donner un gouvernement stable au Portugal » au sein « d'une majorité forte à droite ».

André Ventura, admirateur de Donald Trump et Jair Bolsonaro, a prédit que son parti gagnerait les prochaines élections, que ce soit « dans six mois, ou un, ou deux ans. » Cet homme marié sans enfants s'affiche régulièrement avec les leaders de l'extrême droite européenne comme Marine Le Pen en France, l'Italien Matteo Salvini ou l'Espagnol Santiago Abascal.

Un bilan positif terni par l'inflation et la crise du logement

La défaite de la gauche intervient alors que le pays a vu son produit intérieur brut (PIB) progresser, sur l'année 2023, de 2,3% après une hausse de 6,8% en 2022. Une croissance tirée par le secteur du tourisme : au cours de l'année dernière, le secteur de l'hôtellerie a enregistré 77,1 millions de nuitées (+10,7%), pour 30 millions d'hôtes (+13,3%) parmi lesquels plus de 18 millions sont étrangers.

En conséquence, début mars, l'agence de notation S&P a annoncé avoir relevé la note de la dette souveraine à long terme du Portugal de BBB+ à A-, avec une perspective « positive », saluant par la même occasion le désendettement mené par l'Etat.

Mais, malgré l'assainissement des finances publiques, une croissance supérieure à la moyenne européenne et un chômage au plus bas, le bilan du gouvernement socialiste sortant a été terni par l'inflation, des dysfonctionnements dans les hôpitaux et les écoles, puis, surtout, par une importante crise du logement qui s'est aggravée après 2011 lorsque le pays, alors menacé de banqueroute, s'est ouvert aux investissements étrangers, qui ont contribué à une forte hausse des prix immobiliers.

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Pour pallier le manque de logements et freiner la spéculation immobilière, le gouvernement a instauré en octobre des mesures visant à inciter les propriétaires à la location traditionnelle, avec une suspension de nouvelles licences de meublés touristiques (type Airbnb) en zones tendues. L'Etat prévoit aussi de construire quelque 32.000 logements neufs. Le régime des « visas dorés » attribuant des permis de résidence à de riches investisseurs a également été revu. Insuffisant : le pays a connu fin janvier troisième grande journée de manifestations en moins d'un an pour réclamer des solutions sur le sujet.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 11/03/2024 à 15:08
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"le bilan du gouvernement socialiste sortant a été terni par l'inflation, des dysfonctionnements dans les hôpitaux et les écoles, puis, surtout, par une importante crise du logement qui s'est aggravée après 2011 et le centre-droit refuse de diriger l...

à écrit le 11/03/2024 à 10:45
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la mme vander leyen et m macron vont encore deblaterer sur ce pays comme a chaque pays qui vote a droite au lieu de faire le travail pour le peuple d'europe non ces gens ne pense que pour leurs frics et leurs interets personnel alors que leur f...

le 11/03/2024 à 11:51
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@ ludwig - A vitre avis, que vont devenir la populace et les sans dents (comme vous dites) sous un gouvernement d'extrême droite? Des misérables encore plus miséreux. Le "social" n'est pas dans l'ADN des partis de droite. Travail-Famille-Patrie...ça ...

le 11/03/2024 à 11:51
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@ ludwig - A vitre avis, que vont devenir la populace et les sans dents (comme vous dites) sous un gouvernement d'extrême droite? Des misérables encore plus miséreux. Le "social" n'est pas dans l'ADN des partis de droite. Travail-Famille-Patrie...ça ...

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