Plan de relance : l'Italie veut renégocier avec Bruxelles pour débloquer 16 milliards d'euros

Le gouvernement italien a annoncé son intention de renégocier 10 des 27 objectifs fixés avec la Commission européenne en vue de la quatrième tranche de son plan de relance européen. À la clé, 16 milliards d’euros débloqués, si tous ces objectifs sont réalisés au cours de ce premier semestre. Si tel n’est pas le cas, cela peut retarder leur déboursement et peser sur les comptes publics du pays, déjà l’un des plus endettés de la zone euro.
La dette publique de l'Italie s'élève à plus de 144% du Produit intérieur brut (PIB), soit le ratio le plus élevé de la zone euro après la Grèce.
La dette publique de l'Italie s'élève à plus de 144% du Produit intérieur brut (PIB), soit le ratio le plus élevé de la zone euro après la Grèce. (Crédits : Stefano Rellandini)

191,5 milliards d'euros : c'est la somme que devrait encaisser l'Italie d'ici 2026 en provenance de l'Union européenne, répartis entre 68,9 milliards de subventions et 122,6 milliards de prêts. Ces fonds sont prévus dans le cadre du plan européen post-pandémie, en échange de réformes à mener. Et c'est là que ça coince pour la Péninsule : certaines réformes tardent à être mises en place. En outre, certains projets ne peuvent pas être finalisés dans les délais impartis. Or, des retards dans le déboursement des fonds européens risquent de freiner la croissance économique et d'aggraver la situation financière du pays.

C'est la raison pour laquelle l'Italie souhaite renégocier avec Bruxelles 10 des 27 objectifs fixés en vue de la quatrième tranche prévue dans ce plan. La modification des objectifs devrait lui permettre « de soumettre dans les prochains jours la demande de déboursement de la quatrième tranche », a assuré devant la presse le ministre aux Affaires européennes Raffaele Fitto, qui supervise le plan.

« Si tout se passe comme nous l'espérons, nous serons le premier pays à demander la quatrième tranche », a-t-il affirmé.

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Éviter un nouveau gel des versements

En prenant les devants, l'Italie compte éviter les retards survenus pour la troisième tranche. Ces 19 milliards d'euros, qui devaient être versés en mars, sont toujours actuellement bloqués par Bruxelles, en attendant des clarifications sur l'affectation des fonds et l'atteinte des objectifs. La Commission s'est notamment inquiétée que des fonds européens soient affectés à la rénovation d'un stade à Florence et à la construction d'un centre sportif à Venise.

Le déboursement de la quatrième tranche de 16 milliards d'euros est suspendu à la réalisation de tous les objectifs au cours du premier semestre. Les propositions de modifications concernent notamment la création de crèches, les bornes de recharge électrique ou encore le projet d'agrandissement des mythiques studios de Cinecittà à Rome.

Interrogé sur les chances de voir la quatrième tranche déboursée avant la fin de l'année, Raffaele Fitto a reconnu que « ce sont des garanties que personne ne peut donner. Il est clair qu'il y aura encore une phase de vérification ».

Le gouvernement confiant, l'opposition inquiète

La dette publique de l'Italie s'élève à plus de 144% du Produit intérieur brut (PIB), soit le ratio le plus élevé de la zone euro après la Grèce.

« J'espère que ces ressources arriveront, si elles n'arrivent pas, cela devient un problème, c'est évident. Pour l'instant, nous sommes capables de gérer la situation », a commenté le ministre de l'Économie, Giancarlo Giorgetti.

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Les annonces de renégociation par la coalition gouvernementale de droite et d'extrême droite dirigée par Giorgia Meloni ont suscité les protestations de l'opposition. « Le gouvernement admet que la quatrième tranche est en retard ou n'existe plus. Cela nous inquiète, la majorité est en plein chaos », a réagi le chef de file du Parti démocrate (centre gauche) au Sénat, Francesco Boccia.

Les autorités italiennes ont dépensé depuis le début 2023 seulement 2,03 milliards d'euros sur 33,82 milliards prévus dans le cadre du plan de relance, selon un rapport du Centre d'études du Parlement italien publié fin juin. À titre de comparaison, des dépenses de 17,21 milliards d'euros, soit presque la totalité des 17,66 milliards prévus, ont été engagées en 2022.

« Nous sommes en train de perdre le plan de relance et, avec lui, notre crédibilité internationale et la possibilité de moderniser le pays. Nous sommes dans une situation d'urgence », a jugé Carlo Calenda, chef du parti centriste Azione.

Il a fustigé un « retard retentissant », ajoutant que « presque tous les fonds » dépensés l'ont été par le précédent chef du gouvernement Mario Draghi qui a passé le relais à Giorgia Meloni fin octobre 2022.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 13/07/2023 à 1:13
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