
Les relations transmanche se réchauffent. Ce mardi, le ministre des Finances britanniques Jeremy Hunt et son homologue, la commissaire européenne Mairead McGuiness, doivent signer un accord de coopération entre leurs deux entités géopolitiques. L'objectif est d'établir une « relation constructive, mutuellement bénéfique entre le Royaume-Uni et l'Union européenne dans les services financiers », a déclaré le Trésor britannique.
Pour le moment, la collaboration consistera seulement à des échanges d'informations et une coordination de positions et de priorités pour les grands rendez-vous internationaux. Quant à un « passeport » ou des équivalences initialement espérés par le secteur avant le Brexit qui permettraient d'exercer dans l'UE, immense marché aux portes du Royaume-Uni, ils ne sont pas d'actualité.
L'importance d'une telle coopération
Cet accord (memorandum of understanding) « est un pas important dans les relations post-Brexit, entre le Royaume-Uni et l'UE » estime le Trésor. L'institution britannique poursuit en rappelant que les services financiers britanniques, moteurs de l'économie outre-Manche, pesaient 11.000 milliards de livres (12.790 milliards d'euros) en 2020, dont 44% pour le compte de clients internationaux y compris émanant de l'UE.
Pour Chris Hayward, directeur des politiques de la City of London (l'organisme de promotion du quartier financier de Londres, et par extension l'un des porte-parole du secteur dans le pays), l'accord de coopération « pose les bases d'une nouvelle ère de coopération avec nos partenaires de l'UE ». Il « va aider les services financiers britanniques à engager de nouveau des discussions productives avec l'UE, pour le bien de nos deux économies », a-t-il continué.
Un accord antérieur inachevé
En 2021, Londres et Bruxelles avaient déjà conclu un accord de coopération semblable. Quelques mois auparavant, lorsque la sortie de l'Union européenne était devenue effective, les services financiers avaient subi un Brexit « dur » tandis que les biens, eux, avaient fait l'objet d'un traité de libre-échange. Toutefois, l'accord de 2021 n'avait jamais été signé en raison des dissensions sur l'application des accords commerciaux post-Brexit en Irlande du Nord. Ces différends ont été résolus au mois de mars 2023 par la conclusion du « cadre de Windsor » destiné à faciliter la circulation des marchandises au sein du Royaume-Uni en évitant toute frontière physique avec l'Irlande du Nord restée dans le marché unique européen.
À cette époque, Sajid Javid, le ministre britannique des Finances, avait rappelé que la sortie de l'UE était pour le Royaume-Uni une occasion de reprendre le contrôle de la réglementation sur les services financiers : « Nous ne suivrons plus les règles fixées par d'autres ». Il avait ajouté que le Royaume-Uni et l'UE devaient s'entendre sur un régime d'équivalence des règles du jeu d'ici juin 2020, afin de limiter les perturbations une fois la période de transition achevée en fin d'année. Selon le ministre, chaque partie devait attribuer des équivalences seulement si elle pensait que les réglementations d'en face étaient compatibles. « Mais compatible ne veut pas dire identique », avait-il précisé. En réponse aux inquiétudes de la City sur la fragilité du système d'équivalence, réversible à tout moment, Sajid Javid avait assuré vouloir « établir des normes et des manières de travailler avec l'UE pour les décennies à venir » afin de bâtir « une relation durable » avec Bruxelles.En 2020, le Royaume-Uni voulait suivre ses propres règles
(avec AFP)
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