Banque : les leçons d'une guerre à front renversé entre Paris et Londres

Dans la négociation sur les capitaux bancaires, les rôles de Paris et Londres semblent inversés, la première soulevant les mêmes arguments que les banques, la seconde se posant en défenseur du bien commun.
George Osborne, le chancelier de l'Echiquier britannique Copyright Reuters

Il y a des sourires qui valent une déclaration politique. Il en va ainsi de celui de George Osborne mercredi soir à Bruxelles tenant en haleine les autres ministres de la zone euro sur l?épineux dossier de la réglementation bancaire. Le chancelier de l?échiquier trouvait la situation visiblement savoureuse et même distrayante. Pensez plutôt : Londres, la place financière pas encore tout à fait lavée de l?outrage de 2008, se campait en défenseur des intérêts des contribuables, en pourfendeur des leviers excessifs des banques. Le gouvernement Cameron partant en guère contre la pusillanimité de Bruxelles et Paris, bataillant pour avoir le droit de surenchérir sur les exigences en capitaux imposées aux banques, voilà qui ne manquait pas de piquant. Face à elle, le Continent, et singulièrement Paris alignés, toujours selon les spin doctors britanniques, sur le lobby bancaire, BBA anglaise en tête. Voilà qui ne manquait pas de sel.

Le continent, suppôt de l'industrie financière, la Grande-Bretagne, garante de l'intérêt commun...

Le gouvernement Cameron aime tellement cette posture qu?il a tout fait pour la faire durer. Au terme de 16 heures de discussions, la vaillante ministre des finances danoise Margrethe Vestager a remis la conclusion des débats au 15 mai. D?ici là, George Osborne pourra continuer à jouer à front renversé, accusant le continent de se faire le suppôt de l?industrie tandis qu?il ne pense qu?à l?intérêt public.

Derrière les postures, c?est une guerre à la fois institutionnelle et commerciale qui se joue. Institutionnelle car cette nouvelle réglementation bancaire pleinement harmonisée ? dont Londres ne veut pas ? devrait hisser la Commission européenne, gardienne de l?application des règles, au rang de régulateur bancaire. Bruxelles veut exercer dans le domaine bancaire un pouvoir aussi absolu qu?en matière de concurrence, murmurent les Britanniques. Une chose est sûre, si la législation passe telle qu?elle est, son pouvoir dans le domaine financier sera décuplé.

Une guerre commerciale

Guerre commerciale, aussi. Le combat britannique vise à permettre à la banque d?Angleterre de fixer au niveau national les exigences en capitaux, mais aussi les règles de pondération des risques, de liquidité, de concentration des risques, au nom de la responsabilité fiscale des gouvernements ou de la surveillance macro-prudentielle. La Commission a bien vu ce qu?une telle position pouvait avoir d?effet désintégrateur sur le marché bancaire européen. Elle tente péniblement de freiner la renationalisation rampante provoquée par la crise et la crispation des souverains sur leur territoire politique et économique. Pourquoi Paris ou Rome s?opposent-elles à Londres sur ce terrain ? Est-ce comme on le dit parce que l?un est défenseur du grand marché quand le second menace de tuer son propre enfant (le marché intérieur est l?invention de l?envoyé à Bruxelles de Margaret Thatcher, Lord Cockfield) ?

En fait, ce n?est pas seulement un acte de foi politique. Cela traduit aussi une différence de stratégie industrielle. Avec l?Italienne Unicredit, les grandes banques françaises BNP Paribas, Société Général ou Crédit Agricole sont celles qui ont poussé le plus loin leur politique d?expansion européenne. C?est elles qui souffriront le plus d?une renationalisation des marchés bancaires.

Le fonds européen de résolution des crises bancaire, pièce manquante de la nouvelle réglementation européenne

Cette position légitime ne doit pas faire oublier un argument essentiel rappelé avec force par le ministre polonais Rostowski lors de cette négociation : la responsabilité financière en cas de défaillance bancaire reste nationale. Personne ne peut l?ignorer. Michel Pébereau lui-même lorsqu?il présidait la fédération bancaire européenne n?envisageait pas d?européanisation du contrôle des banques sans création d?un fonds européen de résolution. A responsabilité politique partagée, responsabilité financière partagée.

Or cette question de la résolution bancaire reste la pièce manquante de l?agenda réglementation de la Commission européenne. La montée des hostilités sur les règles de capitaux en fait même un trou béant qu?il faudra songer à combler. C?est pourquoi dans la bataille, les banques centrales se trouvent plutôt du côté britannique. Pas parce qu?elles sont prêtes à contempler une renationalisation des marchés bancaires et financiers en Europe mais parce qu?elles sont payées pour savoir ce que coûtent les faillites bancaires et ce qu?il en coûte de maintenir en vie un système bancaire défaillant.

 

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Commentaires 7
à écrit le 04/05/2012 à 15:00
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UK sans ses spéculateurs de la city, c' est l'accélération de la décadence! les anglais achètent et vendent dans la même nanoseconde, plus que vous ne le ferez durant toute votre vie. du commerce? non de la spéculation, rien que de la spéculation.

à écrit le 04/05/2012 à 12:07
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Texte incompréhensible : fautes d'orthographe, tournures trompeuses, ruptures de construction, sous-entendus indéchiffrables. J'arrête. Pas de temps à perdre avec les fronts renversés inversés à l'envers dans le sens contraire.

à écrit le 04/05/2012 à 8:24
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Qui comprend quelque chose à tout ce méli mélo ?

le 04/05/2012 à 10:22
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Moi. Londres défend ses intérêts et les autres aussi. L'intérêt de Londres c'est de favoriser les sociétés financières non-bancaires qui font la fortune du pays au détriment des banques européennes situées dans les autres places financières. L?intér...

à écrit le 04/05/2012 à 1:29
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Ca du sens de faire de Bruxelles le regulateur bancaire commun parce que ... ? Voyons voir, pourquoi penser que la commission aurait vu venir la crise (sans même parler de la prévenir) alors que les régulateurs nationaux ne l'ont pas vue venir (comm...

le 04/05/2012 à 8:11
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Ce n'est pas une question de prévoir la crise ou non ( laquelle, si elle avait été prévue, n'aura jamais été une crise). Si la commission européenne contrôle le secteur bancaire elle pourra s'assurer que la législation est partout la même afin qu'il ...

à écrit le 03/05/2012 à 22:34
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"partant en guère" elle est sérieuse celle là ??!!

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