Mini-entreprises : l'économie en culotte courte

Dans le cadre de projets pédagogiques pratiques initiés par l'association Entreprendre Pour Apprendre (EPA), des milliers de jeunes n'ont pas attendu d'être majeurs pour fabriquer et commercialiser leurs produits. De quoi toucher du doigt la réalité d'une entreprise, sans s'ennuyer devant un ouvrage d'économie. Récit.
L'équipe du lycée Madame de Staël en Savoie a créé la mini-entreprise "Cuchoz". Copyright Cuchoz

Chiffre d'affaires, bilan comptable, dividendes... voilà des notions économiques souvent abstraites lorsqu'on a 15 ou 16 ans. Comment les faire appréhender à ses élèves de façon ludique quand on est professeur ? Certains ont trouvé la combine : pousser les jeunes à monter leur propre mini-entreprise !

C'est la méthode qu'a choisie Georges Da Costa, professeur de vente à l'Ecole Nationale des Professions Automobiles, le GARAC, d'Argenteuil. «Le projet a été proposé en début d'année scolaire à une classe de 13 élèves de Première qui préparent un bac pro vente. » Une fois le projet lancé, il a fallu imaginer un produit à commercialiser.

« En examinant les statistiques de la sécurité routière, les élèves se sont aperçus que nombreux sont les cyclistes qui subissent des accidents, et que dans la plupart des cas, ceux-ci ont lieu la nuit et l'hiver. L'idée était donc de rendre les bicyclettes plus visibles, cela a aboutit à l'imagination de vélos phosphorescents» raconte l'enseignant. « Nous nous sommes rapproché de l'association Vélo Solidaire pour trouver des cadres de vélos à peindre avec de la peinture fluorescente et nous avons négocié le prix de cette peinture» poursuit Alexis Dufraisse, élève de Première et directeur marketing de la mini-entreprise « Love ReCycle ».

Organisés par fonction (direction, production, commercial, administration, marketing, finances) comme dans toute entreprise, les jeunes se sont rendus compte que les décisions prises par les uns n'étaient pas forcément acceptables par les autres.

13.800 jeunes mini-entrepreneurs à travers toute la France

Et ils ne sont pas les seuls à avoir pu toucher du doigt la réalité des enjeux auxquels fait face un entrepreneur au quotidien. Au total, 13.800 jeunes scolarisés en collège, lycée ou en post-bac ont créé et géré 837 mini-entreprises à travers la France pendant l'année scolaire écoulée. A l'origine, l'initiative vient de l'association Entreprendre pour Apprendre (EPA) - adhérente au réseau européen « Junior Achievment - Young Enterprise » - dont l'objectif réside en l'initiation des publics scolaires à la vie économique. C'est la 7e édition du concours et au fil des ans, de plus en plus de projets sont présentés.

En début d'année scolaire, un groupe de jeunes volontaires est constitué. « Il est ensuite épaulé par un enseignant, un professionnel d'une entreprise de la région et un collaborateur de l'EPA » précise Julien Vasseur, délégué général d'EPA. Les élèves gèrent leur mini-entreprise de bout en bout, de la réflexion autour d'un produit à commercialiser à la clôture des comptes (au moins à l'équilibre !) en fin d'année, en passant entre autres étapes par l'étude de marché, la fabrication, la vente... Il se consacrent à leur projet plusieurs heures par semaine, la plupart du temps en dehors des heures de cours.

Par ici les bénéfices !

« Nous avons proposé des vélos mais aussi des accessoires lumineux pour les rendre plus visibles, au prix de 4 euros les deux LEDs » témoigne Alexis Dufraisse. « Nous avons dégagé 500 euros de chiffre d'affaires, plus un don de 1.200 euros de la part de la MAÏF » annonce-t-il fièrement. Comme dans la plupart des cas de mini-entreprise, cet argent sera reversé à une association.

En Savoie aussi, des jeunes ont réussi à dégager un bénéfice (100 euros) qu'ils s'apprêtent à verser à l'association Arc-en-ciel, dont le but est de réaliser les rêves d'enfants malades. Au lycée Madame de Staël de St Julien en Genevois, Olivier Lemer a, du haut de ses 15 ans, était désigné Président Directeur Général de la mini-entreprise « Cuchoz ». Il raconte le projet : « Nous avons créé des tapis baptisés snowsit, qui permettent de s'asseoir dans la neige tout en restant au chaud, vendus 10 euros pièce ».

Pour la fabrication, les jeunes ont récupéré de la toile de montgolfière. En la découpant, ils ont formé des tapis à l'intérieur desquels ils ont minutieusement cousus de l'isolant pour parquet. Mais comment financer cet achat de matière première ? En sollicitant auprès d'investisseurs des avances remboursables à 4 euros l'unité ! De quoi comprendre ce qu'est une société anonyme qui a des comptes à rendre à des actionnaires. « Les jeunes s'engagent à rembourser et décident de l'attribution des bénéfices : verser l'argent à une association caritative, ou en conserver tout ou partie pour l'injecter dans une mini-entreprise de l'année scolaire future » indique Julien Vasseur.

Apprendre plus que des logiques d'ordre économique

Au-delà de la compréhension du fonctionnement d'une entreprise, les jeunes retirent souvent davantage de cette expérience. « L'un des principaux apports de ce projet a été de gagner confiance en soi, et d'éventuellement confirmer des choix d'orientation » confie Olivier Lemer, le jeune PDG. « Je me suis occupé de trouver des vélos à retaper. Au début, en appelant les déchetteries et les casses, j'ai essuyé beaucoup de réponses négatives. J'étais un peu défaitiste mais au fur et à mesure j'y suis arrivé. Cela m'a appris à persévérer » confirme Alexis Dufraisse. « Maintenant, on ne peut qu'être contents de ce qu'on a accompli, et puis, cela permet de rompre la routine des cours... même si c'est beaucoup de stress ! » conclue le jeune directeur marketing.

Leurs efforts et leur assiduité ont payé : les deux jeunes ont vu leurs équipes respectives remporter le prix régional EPA de la meilleure mini-entreprise. A présent, ils ont rendez-vous à Paris pour le concours national - ouvert au public - qui se déroule vendredi 5 et samedi 6 juillet 2013 à la Cité des sciences. Face à eux, 58 autres mini-entreprises défendront leur projet et les heureux gagnants auront l'honneur d'aller représenter la France à Londres du 17 au 19 juillet dans le cadre du concours européen. Que les meilleurs gagnent !

POUR ALLER PLUS LOIN:

La vidéo de l'équipe Cuchoz, pour laquelle les jeunes savoyards ont été primés au niveau régional:

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Commentaires 3
à écrit le 05/07/2013 à 14:21
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C'est le genre d'initiative inutiles et ridicules quand on voit ce que font derrière les gouvernements successifs pour décourager toute initiative, et c'est encore plus vrai quand le PS est au pouvoir. Vu l'état d'esprit actuel, mieux vaut préparer l...

le 05/07/2013 à 14:43
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Pourquoi toujours dénigrer des initiatives. J'imagine que vous êtes le premier à trouver que l'école est loin de tout. en l?occurrence, il s'agit de mettre en projet un groupe d'élèves autour d'une idée qui leur permet de s'engager et d?atteindre ens...

le 08/07/2013 à 18:47
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Why, je suis entièrement d'accord avec vous. Iliad, vous semblez très très vieux (en esprit, si ce n'est pas en age) et trop désabusé... je vous plains sincèrement. En ce qui me concerne, pour participer de l'intérieur en tant que bénévole à ce type ...

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