Les cleantech ont de nouveau la cote auprès des investisseurs

Le capital-investissement français a injecté 470 millions d’euros dans 86 sociétés du secteur des cleantech, en 2014, selon le baromètre annuel élaboré par l’Afic, EY et GreenUnivers. Ces chiffres sont les plus élevés depuis la création du baromètre, en 2010.
Christine Lejoux
Les énergies renouvelables ont concentré 41% des 470 millions d'euros investis par le capital-investissement français dans les cleantech, en 2014, selon l'Afic, EY et GreenUnivers.

Double record pour l'industrie française des "cleantech", ces technologies et services industriels qui utilisent des ressources naturelles. En 2014, les sociétés françaises de capital-investissement ont injecté un total de 470 millions dans 86 sociétés du secteur des cleantech, selon l'édition 2015 du baromètre annuel publié par l'Afic (Association française des investisseurs pour la croissance), le cabinet d'audit EY et le site GreenUnivers.

Qu'il s'agisse des capitaux levés ou du nombre de sociétés accompagnées, ces chiffres sont les plus élevés depuis la création du baromètre en 2010. Mieux, "avec 30% du montant total investi, le capital-investissement français est en 2014 leader en Europe dans les cleantech", se félicite Sophie Paturle, présidente du club Cleantech de l'Afic et associée fondateur de la société de capital-investissement Demeter Partners, spécialisée dans les éco-industries et les éco-énergies.

Des relais de croissance à l'étranger

Ces chiffres confirment le regain d'appétit du capital-investissement pour les cleantech, amorcé en 2013. Pour mémoire, les investisseurs s'étaient détournés du secteur à partir de 2010, année au cours de laquelle le gouvernement Fillon avait décrété un moratoire sur les aides publiques à l'énergie solaire et annoncé des baisses sensibles des tarifs de rachat de l'électricité solaire, ce qui avait provoqué un effondrement du marché du photovoltaïque.

Certes, "en France, le secteur des énergies renouvelables a été chahuté, mais un certain nombre de développeurs ont survécu en se développant à l'étranger et ce sont aujourd'hui des entreprises internationales", souligne Sophie Paturle. Et d'évoquer Solairedirect, Neoen et Urbasolar, des entreprises qui réalisent une part conséquente de leur activité en Asie, en Amérique du Sud ou encore aux Etats-Unis.

Une baisse des coûts de production

Le secteur français des énergies renouvelables n'a pas seulement donné naissance à des champions mondiaux. Lui qui a constitué la première révolution dans l'industrie énergétique, il y a une dizaine d'années, est parvenu aujourd'hui à une certaine maturité. "Il y a eu de vraies avancées technologiques dans les énergies renouvelables, qui deviennent progressivement compétitives par rapport aux prix du marché", explique Sophie Paturle.

Parallèlement, les coûts de production des énergies renouvelables ont chuté, par exemple "de plus de 50% pour l'électricité à base d'énergie photovoltaïque, entre fin 2009 et début 2014", poursuit la présidente du club Cleantech de l'Afic. Et d'ajouter : "Les défis technologiques ont été relevés dans les énergies renouvelables, notamment dans le solaire, où les performances constatées sont souvent supérieures aux prévisions des business-plans [de projets lancés il y a plusieurs années ; Ndlr]."

Le numérique permet l'émergence de nouveaux business models

Des performances qui ouvrent l'appétit d'autres investisseurs, à en juger par la multiplication des introductions en Bourse de cleantech, en 2014, à l'image de McPhy Energy ou de Voltalia. Des opérations qui permettent aux fonds de capital-risque de céder tout ou partie de leurs participations avec une jolie plus-value à la clé, et qui les incitent donc à réinvestir l'argent ainsi gagné dans les futures pépites des cleantech. Mais si le capital-investissement a de nouveau les yeux de Chimène pour ce secteur, c'est également grâce aux nouveaux business models engendrés par l'explosion du digital, la deuxième révolution du secteur de l'énergie après celle des énergies renouvelables il y a dix ans.

"En mettant de l'intelligence dans les objets à un prix compétitif et en les connectant entre eux, le numérique permet de développer des projets de façon simple et à moindre coût, d'où l'émergence de nouveaux business models dans les cleantech, comme l'efficacité énergétique et l'écomobilité",

explicite Sophie Paturle. Un exemple ? BlaBlaCar, le spécialiste du covoiturage, et sa colossale levée de fonds de 73 millions d'euros, réalisée l'an dernier auprès d'Index Ventures, Accel Partners, Isai ou encore Lead Edge Capital.

Christine Lejoux

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Commentaire 1
à écrit le 03/03/2015 à 18:27
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Belles réussites. Mettre de l'intelligence dans les objets est un enjeu clé. Souvent d'autant plus délicat que les bâtiments, sites industriels et autres systèmes consommateurs d'énergie sont hétérogènes et n'ont pas toujours été pensés pour à l'inst...

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