Assurance : la montée des risques rend l'envol des cotisations inévitable

Le bilan 2023 des assureurs est morose, avec des clignotants au rouge dans l’assurance dommages et l’assurance santé et prévoyance. Si les assureurs misent beaucoup sur la prévention pour enrayer la dérive des coûts des sinistres, la profession ne peut faire l’économie d’une modération tarifaire.
Ces dernières années des phénomènes naturels de « haute intensité » se sont multipliées. (Photo d'illustration des dégâts de la tempête Ciaran)
Ces dernières années des phénomènes naturels de « haute intensité » se sont multipliées. (Photo d'illustration des dégâts de la tempête Ciaran) (Crédits : Reuters)

« Le risque change d'échelle », avance Florence Lustman, présidente de France Assureurs pour résumer les défis auxquels doivent faire face les assureurs, lors d'une conférence de presse sur le bilan de l'année 2023.

D'un côté, une fréquence des risques qui ne cesse d'augmenter, une inflation qui font flamber le coût des sinistres, un dérèglement climatique qui provoque des sinistres en cascade par un effet domino ou de nouveaux risques, comme les cyberattaques, qui pénalisent de plus en plus les entreprises. De l'autre, le besoin d'assurance ne cesse de grandir chez les Français qui perçoivent bien cette montée des risques et qui sont passés « d'un sentiment de résilience à la fin de la pandémie à un sentiment global de vulnérabilité », poursuit la représentante des différentes branches de l'assurance.

6,5 milliards d'euros sinistres climatiques

Bien sûr chacun pense à la multiplication ces dernières années des phénomènes naturels de « haute intensité », comme par exemple, l'an dernier, ces 15 épisodes venteux avec des rafales de plus de 150 Km/h, ou bien ces inondations à répétition qui ont frappé le Nord de la France. Le coût des catastrophes naturelles pour les assureurs s'élève à 6,5 milliards d'euros en 2023, la troisième année la plus grave en termes de sinistres climatiques, selon France Assureurs.

Sur la première décennie du siècle, le coût moyen annuel était de l'ordre de 2,7 milliards, puis de 3,7 milliards sur la seconde décennie, et la moyenne des quatre dernières années est plutôt à 6 milliards. Un choc qui peut être encaissé sans remettre en cause l'assurabilité des biens grâce au mécanisme public-privé du régime Cat Nat, alimenté par une cotisation obligatoire sur les contrats dommages.

Pour préserver l'équilibre financier de ce régime, le gouvernement a acté en décembre le principe d'un relèvement de cette « surprime », à partir de 2025, de 12% à 20% pour les contrats habitation, et de 6% à 9 % pour les contrats automobile et professionnel. D'autres propositions seront présentées mardi prochain 2 avril dans le cadre du rapport « Langreney » sur l'assurabilité des risques climatiques.

Dérives des coûts des sinistres

Mais sur l'assurance dommages, ce sont tous les clignotants qui sont au rouge : hausse de 8,2% du coût moyen des accidents matériels automobiles, pas compensée par la baisse de fréquence des accidents, selon France Assureurs, explosion des vols d'autos ces deux dernières années après quinze années de baisse (merci le 100% électronique), forte augmentation des gros sinistres chez les professionnels et les entreprises - les émeutes de juin ont coûté près de 800 millions d'euros, dont deux tiers auprès de professionnels - fréquence en hausse également pour l'assurance habitation... La liste est longue.

La hausse des cotisations de l'assurance dommage de 6,5 % en 2023 - peu ou prou le niveau de l'inflation - n'a pas permis d'améliorer le ratio combiné (sinistres sur primes). Ce dernier se dégrade même de 0,6 point de pourcentage à 98,5%. En clair, il reste donc que 1,5 % de marge pour couvrir les charges.

Transferts de charges

Le bilan n'est pas meilleur dans le domaine de la santé et de prévoyance, alors même que les complémentaires santé peinent depuis deux ans à atteindre l'équilibre. Selon les calculs de France Assureurs, entre la dérive des coûts de la santé et les transferts de charges imposés par les pouvoirs publics (400 millions d'euros pour les frais dentaires, par exemple), les complémentaires santé seront confrontées à une hausse des prestations de 8,4% en 2024. « Une telle inflation dans les prestations se retrouve inévitablement dans les cotisations », prévient Florence Lutsman.

La hausse des prix, qui soulève la question de l'assurabilité des biens qui commence à agiter la classe politique, ne sera pas l'unique réponse. « Le besoin affirmé de protection, conjugué au changement d'échelle des risques, nous invite à agir proactivement », souligne Florence Lustman. .

« Nous proposons de co-construire avec les pouvoirs publics une stratégie nationale de prévention, une stratégie qui ne soit plus fragmentée sur un seul sujet », ajoute-t-elle alors que le Premier ministre, Gabriel Attal, doit présenter un nouveau plan d'adaptation au changement climatique. Dans les milieux de l'assurance, chacun sait que la prévention est le meilleur outil de gestion des risques.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 7
à écrit le 28/03/2024 à 13:04
Signaler
Trop de constructions, quelles qu'en soient les raisons, dans des zones connues comme inondables depuis des années. Ensuite on se plaint de problèmes

à écrit le 28/03/2024 à 9:18
Signaler
Ce qui étonne toujours c'est que les agriculteurs ne se soient pas vus obligé de prendre des assurances obligatoires pour intempéries inondations et pertes de récoltes. Les assureurs n'y ont pas pensé ce serait pourtant un bon filon.

le 28/03/2024 à 14:30
Signaler
Les coûts d'assurance sont une ruine collective pour les agriculteurs (puisque moins de 70% des primes sont redistribuées, le reste servant à "nourrir la bête" : conception des produits, gestion, publicité, coûts des agents, dividendes, etc). Remarq...

à écrit le 28/03/2024 à 8:25
Signaler
Il y a en effet augmentation des risques a cause du changement climatique, mais il y a aussi le fait que certaines zones ne doivent plus etre assurables. Par ex avec la montee du niveau des oceans l ile de re va etre inondee regulierement. Est ce nor...

le 28/03/2024 à 9:25
Signaler
La solution l'assurance modulable : pour moi pas de risque d'inondation, ni de tempête donc je ne veux pas payer pour çà.

à écrit le 27/03/2024 à 22:47
Signaler
Enfin quelque chose de normal: la prime d'assurances va augmenter, à l'image du déficit budgétaire et des dépenses...... Curieux que l'inflation baisse; c'est anormal, en France! Est-ce bien la vérité?

le 28/03/2024 à 1:40
Signaler
En effet, la normalité des rentiers du business de la peur (cf. assurance auto obligatoire) c'est d'encaisser le max de primes pour rendre des clopinettes après 3 mois de séquestration CoViDée et des millions de véhicules retenus au garage réduisa...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.