Avec son Apple Card virtuelle, sans frais, Apple fait le pari de la néobanque "vertueuse"

La marque à la pomme a annoncé le lancement cet été d'une carte de crédit "innovante", à piloter depuis une appli sur iPhone, qui prétend aider à mieux gérer ses dépenses. Émise par Goldman Sachs en partenariat avec Mastercard, cette carte virtuelle, uniquement disponible aux États-Unis, existera aussi en version physique, en titane, sans numéro ni code.
Delphine Cuny
(Crédits : Apple)

[Article mis à jour le 26/03 à 8h35 et à 17h]

"Apple Card, un nouveau type de carte de crédit innovant" : c'est ainsi que la firme à la pomme a présenté son entrée de plain-pied dans le domaine des cartes de paiement. Apple a dévoilé ce lundi 25 mars une série de nouveaux produits et services, dont cette Apple Card qui avait fait l'objet de rumeurs il y a quelques mois. C'est bien avec Goldman Sachs que la firme californienne s'est associée, comme l'avait révélé le Wall Street Journal : la banque d'affaires new-yorkaise, qui multiplie les incursions dans le segment du grand public (avec sa marque Marcus pour l'épargne et les prêts personnels notamment) sera l'émettrice de la carte et Mastercard le réseau d'acceptation partenaire. Cette carte de crédit sera lancée cet été uniquement aux États-Unis.

Après s'être préoccupé de la santé de ses utilisateurs avec son Apple Watch et son application associée, le fabricant de smartphones dit avoir conçu cette carte nouvelle génération "pour aider les clients à mener une vie financière plus saine", une thématique qui peut résonner à l'oreille des Américains grands consommateurs de crédit en toutes occasions. La multinationale se pique de les aider à avoir "une meilleure compréhension de leurs dépenses pour leur permettre de faire des choix plus judicieux avec leur argent", par exemple de décider de payer en différé ou pas. Il dit vouloir jouer la carte de "la simplicité, la transparence et la confidentialité". Un discours déjà entendu chez de nombreuses néobanques.

"Apple Card s'appuie sur le formidable succès remporté par Apple Pay et offre de nouvelles expériences uniquement possibles avec la puissance de l'iPhone", a fait valoir Jennifer Bailey, la vice-présidente d'Apple Pay.

La marque a affirmé qu'elle atteindrait les 10 milliards de transactions avec Apple Pay cette année et que 70% des commerçants américains acceptent ce mode de paiement. Elle détaille sur son site que sa carte est "conçue par Apple, pas une banque". C'est un moyen d'élargir l'adoption d'Apple Pay et pour la firme de gagner plus d'argent par utilisateur d'iPhone.

Apple Card est "la mieux placée pour apporter le changement le plus significatif de l'expérience de la carte de crédit en 50 ans" a vanté Tim Cook, le directeur général et successeur de feu Steve Jobs.

Carte en titane sans code et Machine Learning

La carte est avant tout virtuelle : l'utilisateur peut s'enregistrer directement depuis l'application Wallet de l'iPhone et en quelques minutes payer en magasins, en ligne dans le monde entier, ou à l'intérieur d'applications. "Un numéro de carte unique est créé sur iPhone pour Apple Card et stocké en toute sécurité dans le Secure Element de l'appareil, une puce de sécurité spéciale utilisée par Apple Pay" indique la firme. Elle ne précise pas les conditions pour être éligible (l'historique de paiement de la carte bancaire déjà enregistrée sur iTunes par exemple, à quel compte est associée la carte, comment est-il alimenté, y a-t-il un minimum à déposer).

Pour pouvoir payer là où Apple Pay (autrement dit le paiement mobile sans contact) n'est pas accepté, la carte existe aussi en mode physique, en titane, avec le logo Apple et celui de Mastercard et c'est tout : il n'y aura "pas de numéro de carte, pas de code de sécurité CVV [au verso], pas de date d'expiration, pas de signature". Apple prétend que sa carte sera ainsi "plus sécurisée que n'importe quelle autre carte de crédit physique". Le groupe assure qu'il y aura un service client disponible 24/7 en passant par sa messagerie.

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Apple Card carte titane

[La carte en titane, sans numéro, sans code. Crédit : Apple]

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Au-delà de la carte, Apple a enrichi son application de paiement de fonctionnalités de gestion des finances personnelles comme le font les agrégateurs tels que Linxo et Bankin' en France, mais aussi des néobanques et de plus en plus de banques traditionnelles.

"Apple Card utilise l'apprentissage automatique et Apple Maps pour identifier clairement les transactions avec le nom et l'emplacement des marchands. Les achats sont automatiquement totalisés et classés par catégories de couleurs, telles qu'aliments et boissons, achats et divertissements. Pour aider les clients à mieux comprendre leurs dépenses, Apple Card fournit des récapitulatifs hebdomadaires et mensuels des dépenses" indique l'entreprise.

Cashback et pas de cotisation ni frais

Se conformant aux habitudes des Américains, la firme à la pomme crée son propre programme de cashback (des sommes créditées à chaque achat et réutilisables chaque jour, de 1% à 3%), Daily Cash qu'elle défend comme "un programme de récompense plus clair et plus attrayant que celui des autres cartes de crédit."

Elle entend aussi faire la différence sur les frais et affirme que Apple Card sera "sans cotisation annuelle, sans pénalité de retard ou de dépassement, sans commission à l'international", et pratiquera des taux d'intérêt "parmi les plus bas du secteur". Les taux sont de même compris entre 13,24% et 24,24%, apprend-on dans les petites lignes, contre un taux de 14,22% pratiqué en moyenne en 2018 par les cartes de crédit aux Etats-Unis selon la Fed. L'utilisateur se verra proposer différentes options de paiement et par exemple de payer un peu plus chaque mois pour verser moins d'intérêts. Apple pourra se rémunérer sur les commissions interbancaires lors des paiements chez les commerçants.

Ce lancement d'Apple Card est évidemment une mauvaise nouvelle pour les néobanques qui s'apprêtent à attaquer le marché américain comme la britannique Revolut. Les avis sont cependant partagés : perçue par certains comme l'annonce la plus importante de sa conférence, Apple Card n'est qu'une carte "co-brandée" parmi d'autres, ni la plus généreuse, pour d'autres observateurs du secteur.

Goldman Sachs, qui émettra sa toute première carte de crédit grand public, s'est engagé à ne pas revendre les données à des annonceurs. Le directeur des activités à l'international de la banque, Richard Gnodde, a évoqué sur CNBC un lancement dans d'autres pays à terme.

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Apple Card paiement intérêts

[L'utilisateur pourra choisir le montant de ses remboursements. Crédit : Apple]

Delphine Cuny

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Commentaires 3
à écrit le 05/04/2019 à 16:07
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On dirait une plaquette publicitaire. Où est le journalisme ?

à écrit le 29/03/2019 à 12:43
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Pas une bonne nouvelle pour Orange bank qui creuse déjà ses pertes

à écrit le 26/03/2019 à 11:53
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Apple altruiste : on aura tout vu !

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