La banque américaine Pacwest à son tour dans la tourmente et plonge en Bourse

La banque basée à Los Angeles a vu son titre s'effondrer de 22% à la Bourse de New York après avoir dû faire face à de nombreux retraits de dépôts de la part de ses clients. Un phénomène qui s'était déjà produit début mai, deux jours après la chute de First Republic.
PacWest est la 53e banque américaine par la taille de ses actifs.
PacWest est la 53e banque américaine par la taille de ses actifs. (Crédits : MIKE BLAKE)

Même scénario, mêmes conséquences ? Le secteur bancaire américain est à nouveau plongé dans l'inquiétude alors que la banque PacWest se retrouve en difficulté. Cette dernière a dû faire face au retrait des dépôts de nombreux de ses clients début mai, a-t-elle indiqué jeudi, précisant avoir fait en sorte de pouvoir emprunter davantage auprès de la banque centrale pour y répondre. Elle a, en effet, apporté un portefeuille de prêts d'une valeur totale de 5,1 milliards de dollars en garantie auprès de la Réserve fédérale américaine (Fed) afin de pouvoir augmenter sa capacité d'emprunt auprès de l'institution de 3,9 milliards de dollars.

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Ce qui n'a pas permis de rassurer les marchés. En témoigne l'évolution du titre de la banque américaine basée à Los Angeles qui s'est effondré de 22,7% à la Bourse de New York où il a été suspendu à plusieurs reprises pour cause de forte volatilité. Il s'affiche d'ailleurs en baisse de 82% depuis le début de la crise bancaire qui secoue le monde de la finance, le 8 mars.

Un établissement déjà en difficulté

Car ce n'est pas la première fois que cet établissement régional, 53e banque américaine par la taille de ses actifs, montre des difficultés. PacWest avait déjà été secouée à Wall Street quand elle avait indiqué le 3 mai, deux jours après la chute de First Republic rachetée en urgence par JPMorgan Chase, qu'elle examinait « toutes les options stratégiques » et qu'elle avait été approchée « par plusieurs partenaires et investisseurs potentiels. Les discussions se poursuivent », avait-il été précisé. Un message qui se voulait alors rassurant, PacWest indiquant ne pas avoir enregistré de retraits exceptionnels.

Mais dans un document boursier jeudi, PacWest a reconnu que « ces informations (avaient) renforcé les craintes de (ses) clients quant à la sécurité de leurs dépôts ». Résultat : au cours de la semaine qui s'est terminée le 5 mai 2023, ses dépôts avaient baissé d'environ 9,5%, la majeure partie de cette baisse s'étant produite les 4 et 5 mai. D'autant que la banque avait déjà vu ses dépôts fondre de 17% au premier trimestre. « Ces évènements récents, et la couverture médiatique dont ils font l'objet, ont accru certains risques et incertitudes liés à nos activités et à nos perspectives d'avenir », a-t-elle écrit. Pour Alexander Yokum, l'enseigne a contre elle, outre cette contraction de ses dépôts, le fait d'être basée en Californie et d'avoir pour clients de nombreux acteurs du capital-investissement, comme Silicon Valley Bank (SVB), dont la défaillance a initié la crise bancaire.

Chute en Bourse d'autres établissements régionaux

C'est donc bel et bien au tour de PacWest d'être considéré comme le nouveau maillon faible du système après les faillites de SVB et Signature Bank en mars, et la prise de contrôle par les autorités de First Republic début mai avant sa revente à JPMorgan Chase.

Sans compter que le plongeon en Bourse de la banque de Los Angeles a entraîné d'autres établissements régionaux comme Zions (-5%), Comerica (-7%) ou KeyCorp (-2%). Western Alliance est, pour sa part, parvenue à limiter les dégâts (-0,8% après avoir fait une incursion dans le vert à l'ouverture). L'établissement basé à Phoenix (Arizona) a indiqué dans un communiqué avoir engrangé des dépôts depuis la fin du premier trimestre, leur montant total s'affichant à 49,4 milliards de dollars au 9 mai, contre 47,6 milliards fin mars. « L'augmentation des dépôts dans un contexte de volatilité accrue des marchés et de difficultés rencontrées par nos concurrents témoigne de la force et de la résilience de la banque et de ses relations avec la clientèle », a ainsi affirmé Western Alliance dans le document.

Les établissements « super-régionaux » plus à risque

L'antenne de la Fed de New York a montré dans une étude publiée jeudi que le gros des retraits de dépôts effectués entre le 8 mars et fin mars s'étaient concentrés aux Etats-Unis sur les établissements qualifiés de « super-régionaux », des banques focalisées autour d'une ou quelques zones géographiques et affichant entre 50 et 250 milliards de dollars d'actifs. D'autant que beaucoup de banques régionales sont cotées, ce qui en fait des cibles faciles pour les spéculateurs. Selon la société spécialisée Ortex, les vendeurs à découvert, qui parient sur la baisse d'un titre, ont empoché environ 100 millions de dollars de profits début mai en jouant contre PacWest.

Sur la même période, les dépôts sont restés relativement stables pour les banques plus petites, indique l'étude de la Fed, et ont nettement augmenté auprès des banques affichant plus de 250 milliards de dollars d'actifs, indique l'étude. C'est, en tout cas, auprès des plus grosses banques que la FDIC, l'agence qui gère le fonds destiné à garantir les dépôts des établissements en faillite, compte se renflouer.  Elle a proposé jeudi que les coûts générés par les défaillances de SVB et Signature Bank - environ 16 milliards de dollars - soient à 95% assumés par les banques disposant de plus de 50 milliards de dollars d'actifs.

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« Cette crise bancaire est quelque chose avec lequel nous allons devoir composer jusqu'à la fin de l'année, voire au-delà », estime Edward Moya du courtier Oanda, affirmant qu'« il va y avoir plus de banques en situation de stress ». En effet, les tensions au sein du secteur bancaire accélèrent le durcissement des conditions de crédit, déjà à l'oeuvre depuis le début du cycle de resserrement monétaire de la Fed, l'an dernier. Cette dernière a d'ailleurs relevé une nouvelle fois ses taux de 25 points de base, le 3 mai dernier, pour la dixième fois consécutive, écartant ainsi l'hypothèse d'une pause dès le printemps dans sa politique monétaire drastique. « Et à mesure que le crédit prend un coup, cela va peser sur la croissance et plomber la confiance » des consommateurs, des entreprises et des investisseurs, prévient Edward Moya.

(Avec AFP)

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