Les autorités bancaires américaines imposent le sauvetage de First Republic racheté par JP Morgan

C'en est fini de First Republic Bank qui a été saisie ce lundi par les autorités américaines. L'essentiel de ses actifs ainsi que l'ensemble de ses dépôts ont été immédiatement repris par JPMorgan. C'est la deuxième plus grosse faillite de l'histoire bancaire aux Etats-Unis et le troisième sauvetage express depuis la chute de la Silicon Valley Bank en mars dernier. Wall Street a salué ce sauvetage.
(Crédits : MIKE SEGAR)

A chaque weekend son sauvetage bancaire aux Etats-Unis confrontés à une tourmente depuis la faillite de la Silicon Valley Bank avec une contagion sur plusieurs banques moyennes. Dernier épisode en date, les autorités américaines ont pris lundi le contrôle de la banque First Republic et en ont revendu la grande majorité à JPMorgan Chase, espérant refermer l'épisode de crise bancaire qui a émergé en mars. L'établissement était sous forte pression depuis les défaillances rapprochées de deux établissements au profil similaire début mars, Silicon Valley Bank et Signature.

En se basant sur le montant des actifs (229 milliards de dollars au 13 avril), il s'agit de la deuxième plus grosse faillite bancaire de l'histoire des Etats-Unis (hors banque d'investissements comme Lehman Brothers) après celle de Washington Mutual en septembre 2008. Selon l'accord, JPMorgan va récupérer tous les dépôts de la banque ainsi que "presque" tous ses actifs, selon le communiqué de l'agence en charge de garantir les dépôts bancaires (FDIC).

"Notre gouvernement nous a invités, ainsi que d'autres, à intervenir, et nous l'avons fait", a déclaré Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan, dans un communiqué séparé. "Notre solidité financière, nos capacités et notre modèle d'entreprise nous ont permis de proposer une offre permettant d'exécuter la transaction de manière à minimiser les coûts pour le fonds d'assurance-dépôts", la FDIC, a-t-il ajouté. La première banque américaine par la taille des actifs va reprendre 173 milliards de dollars de prêts et environ 30 milliards de dollars de titres, sans reprendre les dettes d'entreprise ni les actions privilégiées de First Republic, a annoncé la FDIC. « Tous les déposants de la First Republic Bank deviendront des déposants de JPMorgan Chase et auront accès à tous leurs dépôts. »

L'opération implique que les prêts de First Republic doivent être réévaluées à la baisse, et la FDIC a accepté d'assumer une partie de ces pertes: l'agence estime que l'opération va lui coûter environ 13 milliards de dollars. Les agences de la banque pourront rouvrir lundi selon les modalités habituelles.

L'établissement était dans la tourmente depuis les faillites de SVB et Signature, saisies par les régulateurs après des retraits massifs de la part de clients s'inquiétant de leur viabilité. Les autorités et d'autres grandes banques étaient alors venus à la rescousse de First Republic pour éviter qu'elle ne connaisse le même sort, onze établissements financiers acceptant notamment de débourser au total 30 milliards de dollars. Mais cela n'a pas suffi à rassurer les investisseurs et l'action a continué de chuter à Wall Street.

La banque n'est pas parvenue à trouver un plan de sauvetage satisfaisant et quand elle a confirmé lundi dernier que de nombreux clients avaient retiré des dépôts au premier trimestre, plus de 100 milliards de dollars au total, son action, déjà mal en point, a piqué du nez. First Republic ne valait plus vendredi à la clôture que 654 millions de dollars en Bourse, alors qu'elle en valait plus de 20 milliards en début d'année et plus de 40 milliards à son pic en novembre 2021.

Les autorités, qui semblaient réticentes à venir à la rescousse d'une nouvelle banque, sont finalement montées au créneau. La FDIC et le ministère de l'Economie ont sollicité en milieu de semaine dernière plusieurs banques pour jauger leur intérêt et, vendredi, ont permis à une poignée d'entre elles d'accéder à plus d'informations financières sur First Republic. La procédure d'appel d'offres était "très concurrentielle" et a abouti à une transaction "conforme aux exigences de moindre coût", a assuré la FDIC.

Lors d'une conférence de presse, Jamie Dimon, l'emblématique patron de JP Morgan a fait part de son optimisme sur la fin de la crise bancaire : le sauvetage de la banque régionale américaine First Republic "va aider à stabiliser le système", selon lui. Alors que les défaillances de deux autres banques en mars avaient ébranlé le monde de la finance et emporté dans la tourmente First Republic, "le système bancaire américain est extraordinairement sain", a affirmé le responsable lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes.

Risques de contagion

First Republic, fondée en 1985 et basée à San Francisco, ne valait plus vendredi à la clôture que 654 millions de dollars en Bourse, contre plus de 20 milliards en début d'année. Elle pouvait sembler attractive: elle était connue pour avoir une clientèle aisée, déposant des sommes importantes sur les comptes et remboursant bien les prêts.

Mais nombre d'entre eux ont pris peur après les faillites de SVB et Signature. Et elle avait dans ses comptes nombre de prêts immobiliers et d'investissements à taux fixes, qui ont perdu mécaniquement de la valeur avec la récente hausse des taux d'intérêt.

Les observateurs étaient inquiets d'un risque de contagion après les défaillances de mars, qui ont aussi créé des remous outre-Atlantique et accéléré la chute de Credit Suisse. Mais ces craintes se sont un peu apaisées après la publication ces deux dernières semaines par plusieurs banques de petite et moyenne taille de bilans financiers tenant la route.

"First Republic était identifiée comme une banque à problème dès mi-mars et l'annonce de sa fermeture ne constitue pas une nouvelle raison de s'inquiéter", avait estimé Nicolas Veron, économiste pour les centres de réflexion PIIE et Bruegel, avant l'officialisation de la faillite.

L'action de JPMorgan grimpait de 5% dans les échanges électroniques à Wall Street. Celle de First Republic chutait de 35%.

"Nous ne cherchions pas cet accord mais il présente des avantages financiers et nous permet de nous renforcer sur le marché", notamment dans la gestion de patrimoine, a souligné lundi le directeur financier de JPMorgan, Jeremy Barnum.

Avec AFP

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Commentaires 4
à écrit le 02/05/2023 à 0:02
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Socialisation des pertes par la FDIC et privatisation des gains par JPM. What could be wrong?

à écrit le 01/05/2023 à 14:47
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Le Maire, 01/03/2022 : "Nous allons provoquer l'effondrement de l'économie russe !"... C'est plutôt le système bancaire étasunien qui s'effondre ! Les feuilles de papier toilette USD tiennent encore, mais pour combien de temps ? Bilan de la FED en 20...

le 01/05/2023 à 16:09
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Absolument. Et dire que sur le billet de banque on peut lire"in god we trust" ..inch allah...

le 01/05/2023 à 16:17
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Quel temps fait-il à Moscou ? Cela étant, vous maîtrisez bien le français ? Vous l'avez appris en France ? Le système bancaire US s'effrondre ? Combien de banques exactement se sont effrondrées ? Pour combien de banques existantes ?

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