Le Crédit Mutuel Alliance fédérale pousse les feux tous azimuts d’ici 2027

Le groupe mutualiste, qui regroupe 14 des 18 fédérations du Crédit Mutuel et le CIC, souhaite accélérer son développement sur la clientèle des entreprises, y compris l’agriculture, et à l’international, dans le cadre de son plan stratégique à quatre ans. Avec un objectif de 5 milliards d’euros de résultat net en 2027 pour un produit net bancaire de 19 milliards et un coefficient d’exploitation de 52%, le meilleur de la place. Sa vocation sociétale n’est pas oubliée : 30 % du résultat net est affecté au partage de la valeur et au dividende sociétal. Et la banque s’engage à réduire de 20 % son empreinte carbone.
Le président du Crédit Mutuel Alliance fédérale, Nicolas Théry (ici en visite aux Restos du Cœur) entend faire la différence sur la thématique solidaire.
Le président du Crédit Mutuel Alliance fédérale, Nicolas Théry (ici en visite aux Restos du Cœur) entend faire la différence sur la thématique solidaire. (Crédits : Reuters)

Le Crédit Mutuel Alliance fédérale, qui regroupe 14 des 18 fédérations du Crédit Mutuel et le CIC, est une banque à la fois prospère et vertueuse. Prospère car elle affiche le meilleur coefficient d'exploitation (revenus sur charges) de la place, un ratio prudentiel CET1 de plus de 18 % et prévoit quelque 16,5 milliards d'euros de résultat net cumulé sur quatre ans (2024-2027), dont 5 milliards en 2027, soit une rentabilité du total des actifs bruts (1.000 milliards d'euros) de 0,5%. Ce sont de très bons ratios.

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Vertueuse car la banque mutualiste multiplie depuis 2019 les bonnes intentions, quitte parfois à agacer ses concurrents, en adoptant le statut d'entreprise à mission, en développant le concept de « mutualisme par la preuve » (merci pour les autres mutualistes), en lançant en 2020, en plein Covid, la prime de relance ou en supprimant, en 2021 avant tout le monde, le questionnaire santé sur l'assurance emprunteur (« sans modifier les tarifs, ni trier les clients », insiste-t-on en interne), et enfin, en instituant cette année, avec un an d'avance, le dividende « sociétal ».

Altruisme et efficacité

Ce dividende doit mobiliser chaque année 15 % du résultat net pour des projets de transformations environnementales. Soit 2,5 milliards d'euros sur quatre ans. Ce n'est pas rien. Mais rappelons que les banques cotées consacrent au minimum 50% de leur résultat net pour les actionnaires (60% pour BNP Paribas).

Bien sûr, la banque est « verte » avec un nouvel objectif de réduction de 20 % d'ici 2027 de l'empreinte carbone de son bilan. Ce qui passe par un effort particulier dans l'éco-rénovation (100.000 clients accompagnés en trois ans), sachant que 50% de son portefeuille crédit concerne l'immobilier.

« Un groupe mutualiste et multirégional n'est pas contradictoire avec l'efficacité », s'est ainsi réjouit Nicolas Théry, président du Crédit Mutuel Alliance fédérale (également président de la Confédération nationale du Crédit Mutuel, la structure faitière du Crédit Mutuel), en présentant à la presse ce lundi 11 décembre le plan stratégique à trois ans, axé sur la croissance tous azimuts, la technologie de pointe (IA, informatique quantique, protection des données), tout en restant au service « de la société qui nous entoure ».

Une manne à investir de 11,5 milliards

La ventilation de son résultat net est d'ailleurs éclairante des ambitions de la banque : 15 % consacrés donc au dividende sociétal et 15 % au partage de la valeur avec les salariés sous la forme de primes ou d'intéressement. En plus des augmentations négociées avec les syndicats, les salariés recevront par exemple un chèque de 3.000 euros en 2023.

Le solde du résultat net (70%), environ 11,5 milliards d'euros, pourra ainsi aisément financer le milliard d'euros d'investissement informatique spécifique prévu dans l'innovation (nouveau data center, IA...), qui vient s'ajouter au milliard d'euros du plan informatique classique, ou absorber le choc du passage aux règles prudentielles Bâle 4 (3 points de base sur le ratio CET1) et assurer la croissance des activités, avec un ratio CET1 si possible plus proche de 20% que de 18%.

Nouvelle BFI en gestation

Le groupe, dont le siège se trouve à Strasbourg, veut se développer sur tous les métiers, en accélérant dans l'assurance ou la prévoyance ou la gestion patrimoniale. Objectif : gagner un million de clients de plus en quatre ans, soit 15 millions de clients, dont 8 millions en assurance. De nouveaux segments de marché sont désormais clairement ciblés comme les entreprises, voire l'agriculture chasse gardée du Crédit Agricole.

La banque a d'ailleurs noué un partenariat à 50-50 avec Allianz France pour développer des offres d'assurance dommages pour les entreprises et les exploitations agricoles. La réorganisation de la banque de financement et d'investissement (BFI) est en cours pour pousser les feux dans cette activité, avec une nouvelle allocation de capitaux. En gestion d'actifs, le groupe réunira l'an prochain toutes ses sociétés de gestion autour de La Française, filiale de sa caisse régionale Nord Europe.

L'international n'est pas oublié, notamment avec de nouveaux projets en Allemagne et en Belgique, notamment dans l'assurance, voire, pourquoi pas, la réflexion est du moins lancée, de permettre à la banque en ligne Monabanq, filiale de Cofidis (crédit à la consommation, présent en Europe), très discrète jusqu'ici (180.000 comptes actifs revendiqués), de devenir une plateforme européenne de banque en ligne.

Technologies cognitives

Ce développement est intimement lié à la technologie. « La banque est avant tout une entreprise de technologie », rappelle Daniel Baal, directeur général. C'est autant plus vrai pour le Crédit Mutuel Alliance fédérale qui a très vite compris que la puissance, le contrôle des autres fédérations, et l'efficacité opérationnelle passaient par l'informatique. « Nous investissons dans les solutions cognitives depuis 2015 et nous sommes très présents dans l'IA générative qui doit être une IA de confiance », souligne Daniel Baal. Avec des gains de productivité très clairement identifiés : 1.715 équivalent temps plein (ETP) « libérés » en quatre ans grâce aux technologies cognitives, soit 7% de gain de productivité.

La digitalisation est également un élément clé de la stratégie : l'autonomisation (le self care) à 100 % des clients d'ici 2027 permettra d'accroitre les revenus de 20 %, selon le plan stratégique, sans parler des gains de productivité sur la gestion administrative. Le groupe n'échappera pas non plus à un redimensionnement du réseau, avec un objectif, 80% des agences devront avoir au moins 7 salariés (contre 65% actuellement).

Cela se traduira par des fermetures d'agences en zone urbaine. Cette réflexion doit également accompagner la mise en œuvre du projet de mutualisation des distributeurs de billets Cash Services (avec BNP Paribas et Société Générale), dont le déploiement devrait être terminé à la mi-2026.

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