Le nouveau directeur général de Société Générale, Slawomir Krupa, avait bien préparé le terrain lors de la présentation de son plan stratégique en septembre dernier : les bonnes nouvelles seront pour plus tard, sans doute en 2024.
La banque a ainsi publié un résultat net trimestriel divisé par cinq, à 295 millions d'euros. Un montant cependant légèrement supérieur au consensus des analystes financiers publié par la banque. Il faut dire que les analystes ont drastiquement révisé leurs prévisions en septembre à l'issue du capital market day de septembre à Londres, qui avait déçu les attentes et fait chuter le cours de l'action de 12 % en quelques heures.
Marge d'intérêt sous pression
Société Générale est sans doute l'une des grandes banques européennes la moins bien valorisée, autour de 0,3 fois son actif net. C'est peut être l'un des attraits de la valeur, sa capacité de rebond, alors que les bonnes nouvelles pourraient prendre le relais des mauvaises. Une fois de plus, c'est bien les activités de détail en France qui ont plombé les comptes de la banque au troisième trimestre, en raison d'une politique de couverture de la marge d'intérêt qui aura coûté cher. Mais, la banque précise dans son communiqué, que le pic de l'impact négatif des couvertures à court terme sur la marge nette d'intérêt « a été atteint », ce qui laisse supposer une amélioration de l'activité de détail en 2024.
Mais, pour l'heure, les revenus de la banque de détail en France sont en recul de 16 % par rapport à la même période de 2022 et de 11% par rapport au trimestre précédent.Au total, la banque table sur une baisse de l'ordre de 20 % de sa marge d'intérêt en 2023. En 2024, la marge nette d'intérêt devrait retrouver en 2024 son niveau de 2022, voire être au-dessus.
Faible coût du risque
La banque a également passé sur le trimestre pour 610 millions d'euros de charges exceptionnelles, dont 340 millions au titre de dépréciation d'actifs (survaleurs) sur des filiales africaines et sur des activités de financement d'équipement. Ces charges ne sont pas une surprise : elles avaient été annoncées en septembre dernier.
Côté nouvelles plus rassurantes, le faible coût du risque se confirme et il devrait être de l'ordre de 20 points de base (sur l'encours de prêts) en 2023. Enfin, le capital de la banque, dont c'est l'une des priorités de la banque, dépasse les attentes avec un ratio réglementaire CET 1 (capitaux propres durs) de 13,2%. Revers de la médaille, la rentabilité s'en ressent, avec un ROTE publié (retour sur fonds propres) de 3,8% (6% hors éléments exceptionnels), ce qui paraît faible par rapport aux autres banques européennes, y compris BNP Paribas. La banque doit désormais convaincre de sa capacité à rebondir en 2024, et cette-fois, sans a-coups, ni mauvaise surprise.
Dans le détail, le produit net bancaire (PNB), équivalent du chiffre d'affaires pour le secteur, s'est ainsi pour sa part élevé à 6,19 milliards d'euros au troisième trimestre, en baisse de 6,2% sur un an. Le pôle de banque de détail en France, qui comprend également la banque privée et l'assurance, a particulièrement souffert. Il affiche un PNB en baisse de 16,4% à près de 1,9 milliard d'euros, et un bénéfice net à 110 millions d'euros (-65,3%).
Comme ses pairs, Société Générale a été pénalisée par la hausse des taux, dont l'effet bénéfique sur les banques françaises met plus de temps à se matérialiser que dans d'autres pays. Et pour cause, l'immense majorité des crédits est à taux fixe. En revanche, elles doivent mieux rémunérer immédiatement l'ensemble des dépôts, et notamment le Livret A.
Des coûts plus élevés
La banque a en outre fait le choix jusqu'à la moitié de l'année 2022 de se protéger contre une baisse des taux, une couverture coûteuse. En effet, cette stratégie se révèle à rebours de la direction des taux. Elle devrait toutefois diminuer au cours des prochains trimestres, pour disparaître courant 2024.
Les métiers de banque de financement et d'investissement ont pour leur part réalisé un bénéfice net de 647 millions d'euros, en hausse de 7,7% sur un an, tandis que le PNB de l'activité s'est élevé à 2,3 milliards d'euros (-0,4%). Quant au pôle de banque de détail à l'international, qui comprend également les services de mobilité comme le leasing automobile, son bénéfice net a baissé de 26,2%, à 377 millions d'euros, principalement à cause d'une hausse des coûts, l'activité ayant cru de 12% sur un an.
La hausse des coûts s'explique notamment par l'intégration de LeasePlan, dont l'acquisition pour 4,8 milliards d'euros a été finalisée en mai et qui a donné naissance à un géant européen de la location longue durée de voitures désormais présenté sous la marque « Ayvens ».
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