Marché de la dette privée : Société Générale réalise un pas de géant avec un nouveau fonds de 10 milliards d'euros

Sur un marché de la dette privée en plein essor, la banque française signe un partenariat stratégique d’ampleur avec le gestionnaire d’actifs canadien Brookfield AM pour lancer un fonds de 10 milliards d’euros dédié aux infrastructures dans l’énergie. Un partenariat qui porte la patte du nouveau directeur général de la banque, Slawovir Krupa, à une semaine de la présentation de son plan stratégique aux analystes financiers à Londres.
Le nouveau directeur général de la Société Générale, Slawomir Krupa, doit présenter sa stratégie aux analystes financiers à Londres le 18 septembre.
Le nouveau directeur général de la Société Générale, Slawomir Krupa, doit présenter sa stratégie aux analystes financiers à Londres le 18 septembre. (Crédits : DR)

Alors que le private equity peine à trouver son souffle en cette période de remontée des taux, le marché de la dette privée connaît en revanche un véritable boum auprès des investisseurs (et des entreprises en quête de financements alternatifs aux prêts bancaires en recul), avec des rendements, souvent à taux variables, qui peuvent atteindre les 10%. Certains gestionnaires, comme Black Rock, ont même évoqué cette année un « âge d'or » pour la dette privée.

C'est dans ce contexte particulièrement porteur que Société Générale et Brookfield Asset Management ont annoncé ce lundi un partenariat pour créer, d'ici quatre ans un fonds de 10 milliards d'euros, ciblé sur les entreprises et les infrastructures liées à l'énergie, avec un capital de départ de 2,5 milliards d'euros.

Le fonds vise en particulier « à répondre aux besoins des compagnies d'assurance avec des produits Investment Grade adaptés à leurs exigences en matière de notation et de duration, » précise le communiqué. La banque apporte son expertise en matière de crédit alors que Brookfield sera mobilisé sur la commercialisation des produits.

La marque Krupa

Ce partenariat porte indiscutablement la marque de Slawomir Krupa, le tout nouveau directeur général de la banque depuis mai dernier. Ce dernier doit d'ailleurs présenter aux analystes financiers et gérants le 18 septembre prochain à Londres, lors d'une « journée investisseurs », la nouvelle stratégie de la banque. Pas encore de révolution à attendre, de gros chantiers hérités de l'ère de Frédéric Oudéa, son prédécesseur, sont toujours en cours (fusion des réseaux domestiques, intégration du numéro un européen du leasing LeasePlan...).

Mais déjà quelques décisions impriment sans doute une nouvelle direction de la banque, notamment dans le domaine des partenariats. En novembre dernier, alors à la tête de la banque d'investissement du groupe bancaire, Slawomir Krupa a piloté la fusion des activités de recherche action de la banque avec la société d'investissement américaine AllianceBernstein. De quoi renforcer la banque dans l'un de ses domaines d'excellence.

Redresser le cours de l'action

Le nouveau partenariat avec Brookfield AM marque également le retour de Société Générale dans la gestion d'actifs alors qu'elle avait vendu la quasi-totalité de ses activités dans ce domaine à Amundi, filiale de Crédit Agricole dans laquelle Société Générale n'a plus aucune participation. La dernière pépite, Lyxor, développée en interne en mode startup sur la gestion alternative et les ETF, a été vendue à Amundi en 2021. Enfin, selon Les Echos, la banque serait engagée dans des réflexions sur l'avenir de son métier de conservation de titres, une industrie à forte économies d'échelle et en voie de concentration accélérée.

Car le mandat du nouveau patron opérationnel de la banque est clair : redresser le cours de l'action avec des années de sous performance au sein du secteur bancaire européen. La réputation de la banque s'est trouvée écornée par l'affaire Kerviel dans la foulée de la crise financière de 2008 mais aussi par des pertes récurrentes dans certaines activités de marché risquées, comme au printemps 2020 lors de la crise Covid, sans parler de l'aventure russe qui aura coûté plusieurs milliards d'euros à la banque. Depuis, la valorisation de la banque se traîne dans les classements européens.

Lire aussiSociété Générale : Slawomir Krupa ou le pari du retour à la profitabilité à tout prix

En Bourse, la valeur de la banque se traite actuellement autour de 0,4 fois son actif net, contre 0,7 fois pour ses concurrents française Crédit Agricole SA et BNP Paribas, et 0,9 fois pour la moyenne européenne du secteur. La banque a même été celle qui a connu la révision à la baisse des prévisions de bénéfices pour 2023, selon Axiom Alternative Investments.

Vétéran de la banque et des marchés financiers, de culture anglo-saxonne, longtemps domicilié à New York, Slawomir Krupa présente un profil très différent de celui son prédécesseur, avec une solide réputation d'homme à poigne sachant prendre des décisions rapidement et couper sans états d'âme dans les coûts. C'est ce qui a séduit le conseil d'administration. Et il connaît surtout très bien le microcosme financier de Wall Street, notamment dans l'industrie de la gestion d'actifs.

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Commentaires 4
à écrit le 12/09/2023 à 11:02
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C'est sûr que ce n'est pas une nouvelle affaire K.....?

à écrit le 12/09/2023 à 8:15
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Ben oui car ils se font des bénéfices sur les dettes, leur système est démentiel.

à écrit le 11/09/2023 à 20:28
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"Un âge d'or pour la dette privée ". On en reparle dans 5 ans.

à écrit le 11/09/2023 à 19:41
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Très bonne initiative et grande opportunité 👍👏

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