Bientôt les soldes dans le secteur bancaire ?

Les banques européennes sont engagées dans de grands programmes de cessions d'actifs, afin d'afficher un ratio de fonds propres durs de 9% au moins en juin, comme le leur demande l'Autorité bancaire européenne. Mais ces programmes se heurtent à un marché des fusions et acquisitions en chute de 64% dans les services financiers, au premier trimestre.
La vente de 28% de la foncière Klépierre a généré une plus-value de 1,5 milliard d'euros pour BNP Paribas. Copyright Reuters

Merci Simon Property. La vente de 28% de Klépierre à cette foncière américaine, qui s'est soldée par une plus-value de 1,5 milliard d'euros, a permis à BNP Paribas de publier, vendredi, un bénéfice net en hausse de près de 10% au premier trimestre, malgré un environnement opérationnel et réglementaire des plus défavorables pour le secteur bancaire. Mais, cette vente d'une partie de la foncière Klépierre, c'est un peu l'exception qui confirme la règle : rares sont les cessions d'actifs engagées par les banques européennes depuis l'automne dernier qui aboutissent.

1.700 milliards d'euros d'actifs non stratégiques

Petit rappel des faits : en octobre 2011, afin d'éviter une propagation de la crise de la dette au sein de la zone euro, l'Autorité bancaire européenne (EBA) a imposé aux banques européennes d'afficher, au 30 juin 2012, un ratio de fonds propres durs de 9% au moins. Pour y parvenir, les banques ont mis sur pied des programmes de cessions d'actifs non stratégiques ou gourmands en fonds propres, comme l'immobilier, le capital-investissement et les activités en dollars telles que le financement aéronautique. Au total, les actifs non stratégiques des banques européennes valent 1.700 milliards d'euros, selon le cabinet Deloitte, qui qualifie ce montant de « phénoménal. »

Des cessions qui traînent en longueur

« Tous ces actifs ne trouveront pas preneur, les acquéreurs potentiels n'étant pas légion, en raison de la difficulté (notamment pour les fonds d'investissement) à trouver des financements », prédisait un banquier d'affaires parisien, fin 2011. Certes, il y a eu depuis des succès, comme le dossier Klépierre, la vente par RBS (Royal Bank of Scotland) de son activité de leasing aéronautique à la banque japonaise Sumitomo, pour 7,3 milliards de dollars (5,6 milliards d'euros), ou bien encore la cession, par HSBC, d'une partie de son assurance-dommages en Asie à Axa, pour 494 millions de dollars (377 millions d'euros).

Mais, pour quelques heureux dénouements, combien d'échecs ou de ventes qui traînent en longueur ? Quid de la cession du courtier en dérivés Newedge, propriété de la Société Générale et du Crédit Agricole ? Frédéric Oudéa, PDG de la Générale, s'est abstenu de tout commentaire sur « les processus en cours », lors de la présentation des résultats trimestriels de la banque, le 3 mai. Quant à Denizbank, la filiale turque de Dexia, elle est en vente depuis plus de six mois. La Qatar National Bank aurait relevé son offre sur la société, mi-avril, selon l'agence Reuters, mais les jeux ne sont toujours pas faits.

Des valorisations très basses

De fait, au cours des trois premiers mois de 2012, les fusions et acquisitions dans le secteur financier ont chuté de 64%, à l'échelle mondiale, selon Thomson Reuters. Car même les acquéreurs qui disposent de liquidités importantes, comme les financiers américains, asiatiques et des pays émergents, y réfléchissent à deux fois avant de se livrer à de la croissance externe dans une Europe en butte à la crise de la dette et à une conjoncture économique morose.

De plus, cédants et acquéreurs ne parviennent pas à s'entendre sur le prix des actifs, le massacre des valeurs bancaires en 2011 ayant débouché sur des valorisations extrêmement basses. L'indice Bloomberg des 500 plus grandes banques et sociétés de services financiers européennes se paie 0,57 fois l'actif net estimé pour 2012, contre un multiple de 1 pour le Dow Jones Euro Stoxx 50.

Consentir des pertes importantes

Enfin, les acheteurs potentiels ont bien compris que les vendeurs étaient pressés, ce qui leur donne encore plus de latitude pour négocier à la baisse. Une manne pour les fonds d'investissement spécialisés dans les actifs décotés. « Les banques devront consentir des pertes importantes par rapport à la valeur comptable de leurs actifs », estime le banquier d'affaires. La preuve avec la Société Générale, dont les 6,4 milliards d'euros de cessions d'actifs, au premier trimestre, ont engendré 226 millions d'euros de dépréciations, ce qui a provoqué un plongeon de 20% du bénéfice net de la banque.


 

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Commentaires 4
à écrit le 07/05/2012 à 23:51
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Qu'ils commencent par diminuer drastiquement les bonus des traders et financiers pour améliorer les comptes des sociétés à vendre. Un grand classique normalement : diminuer les coûts pour augmenter la rentabilité affichée.

à écrit le 07/05/2012 à 23:16
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Bravo pour le titre, les soldes ce sera peut être 1 Euro = 1 Franc

à écrit le 06/05/2012 à 14:58
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Les soldes ont commencé depuis au moins un an...et sont presque terminés pour les banques les mieux gérées.

le 07/05/2012 à 22:36
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Quelles sont les banques les mieux gérées?

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