L’agence Scope Ratings s'allie avec Coface pour pour évaluer la solvabilité des ETI et PME

La petite agence paneuropéenne nourrit de fortes ambitions sur le marché de notation de crédit en Europe face aux mastodontes américains. Après le rachat des activités de notation d’Euler Hermes, Scope Ratings vient de nouer un partenariat avec l’assureur crédit Coface pour créer un système d'évaluation du risque de crédit d’une large palette de sociétés européennes. Elle entend affirmer son positionnement en Europe alors qu’un nombre croissant d’ETI et de PME souhaite trouver des financements sur les marchés.
L'agence Scope Rating s'attaque à la notation de crédit des PME et des ETI, un marché encore peu couvert par les grandes agences de notation américaines.

L'agence de notation allemande Scope Ratings voit les choses en grand. Elle vient de signer un partenariat avec l'assureur crédit Coface afin de lancer une nouvelle offre, baptisée « Credit Review », pour évaluer rapidement la solvabilité d'une entreprise.

Il s'agit d'une évaluation du risque de crédit, et non d'un « rating » qui est plus strictement encadré par le régulateur. Mais cette approche plus « légère » doit permettre de suivre de façon plus instantanée l'évolution de la solvabilité d'une entreprise. Et, surtout, elle porte sur un périmètre beaucoup plus large que la notation traditionnelle de crédit, c'est-à-dire les PME et les ETI (entreprises de taille intermédiaire).

Cette offre s'appuie sur l'immense base de données de Coface (80 millions d'entreprises analysées) pour construire cet indicateur de risque. Il n'est d'ailleurs pas sans rappeler le fichier Fiben de la Banque de France (7,5 millions d'entreprises), mais ce dernier n'est actualisé que deux fois par an.

« Ce partenariat nous permet de mettre en œuvre un système d'alerte sur un large éventail de sociétés. Nous sommes dans une logique d'actualisation au quotidien pour offrir à l'investisseur un pilotage précis de son risque de crédit sur les PME et les ETI », explique Marc Lefèvre, directeur du développement de Scope Ratings en France, en Belgique et au Luxembourg. « Nous sommes au début et nous envisageons de nous orienter, dans les 18 mois, vers un rating des PME et des ETI », ajoute-t-il.

Surfer sur la désintermédiation

« Nous sommes convaincus que la désintermédiation du financement des entreprises ne fait que commencer en Europe », souligne Marc Lefèvre. Certes, les plans de soutien ont à nouveau remis le financement bancaire au centre du jeu, mais les besoins sont immenses alors même que la dette privée suscite un regain d'intérêt auprès des investisseurs, comme les assureurs.

Pour l'heure, les taux de défaut sont exceptionnellement bas, compte tenu des mesures de soutien des pouvoirs publics - le prêt garanti par l'Etat (PGE) a même été prolongé de dix mois au 30 juin 2022 - mais ils devraient logiquement remonter dès que les aides toucheront à leur fin, avec une plus grande vulnérabilité pour les PME et les ETI.

Ce partenariat s'inscrit dans une stratégie de développement tous azimuts de l'agence de notation, basée à Berlin. Et pourquoi pas, de jouer en Europe dans la cour des grandes agences de notation (Moody's, S&P, Fitch, DBRS), toutes américaines désormais.

Après avoir loupé le rachat de DRBS en 2019, Scope Ratings a repris, en mars dernier, les activités de notation de l'assureur crédit Euler Hermes. A l'origine spécialisée dans la notation des PME allemandes, l'agence parvient ainsi à prendre pied sur plusieurs marchés européens, dont la France. Elle a même été retenue à Paris pour évaluer le fonds dédié mis en place dans le cadre du système des prêts participatifs, promu par Bercy. Une sorte de reconnaissance de la Place.

Un challenger face à l'oligopole de la notation

Il reste cependant beaucoup de chemin à parcourir. Scope Ratings est un nain face aux mastodontes américains de la notation, qui ont finalement été peu ébranlés par la crise des subprimes durant laquelle leur responsabilité avait été sévèrement mise en avant. Les trois principales firmes (Moody's, S&P et Fitch) représentent ainsi plus de 95% de part de marché de la notation en Europe (DRBS a quitté l'Europe).

Le principal atout de Scope Ratings est donc son identité européenne, alors même que la Commission européenne encourage depuis des années l'émergence d'acteurs européens sur ce marché ô combien stratégique. Après la souveraineté sur les moyens de paiement, Bruxelles est en effet de plus en plus sensible à la question de la souveraineté du financement de l'économie.

« Les investisseurs et les émetteurs vivent de moins en moins bien cet oligopole et ses pratiques commerciales », avance Marc Lefèvre. « Nous sommes la seule agence paneuropéenne, reconnue par plus de 400 investisseurs institutionnels. Notre approche prend en compte les spécificités européennes, avec ses composantes régionales. Notre compréhension de cet écosystème européen fait notre force face au prisme des anglo-saxons qui font entrer au chausse-pied leurs modèles en Europe ».

Reste à gagner la bataille de la crédibilité. Scope Ratings dispose déjà d'un agrément de notation auprès du régulateur européen des marchés Esma depuis 2011 et l'agence a déposé un dossier d'agrément auprès de la Banque centrale européenne pour être référencée auprès de cet intervenant de poids sur les marchés.

Obtenir ce sésame (seules 4 agences américains ont ce statut) sera sans nul doute un véritable marche pied pour asseoir la notoriété de l'agence en Europe.

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