Bourse : le secteur bancaire surperforme le CAC 40

Après la publication des résultats annuels, le rally sur le secteur bancaire s'essouffle. Les perspectives pour l'année 2023 s'annoncent plus compliquées dans un environnement économique plus incertain, avec une inflation persistante et un fort ralentissement de l'activité. D'autant que l'effet taux sur les marges ne prendra son plein effet positif qu'à la fin de l'année, ou en 2024.
Maxime Heuze
L'action Société Générale a gagné 40% depuis la fin septembre après avoir consolidé durant la première moitié de 2022.
L'action Société Générale a gagné 40% depuis la fin septembre après avoir consolidé durant la première moitié de 2022. (Crédits : SG)

Les banques françaises ont publié des résultats 2022 contrastées, avec des revenus mitigés au Crédit Agricole SA ou une politique de distribution aux actionnaires décevante à la Société Générale. BNP Paribas fait carton plein, avec des résultats supérieurs aux attentes, une révision à la hausse de ses objectifs et un retour aux actionnaires plus que généreux. Toutes ont en revanche souffert de la brusque remontée des taux sur leurs activités de banque de détail en France, n'ayant pu répercuter rapidement la hausse du coût de leur passif (épargne réglementée) sur la rémunération de leur actif (crédits).

Certes, la hausse des taux directeurs de la banque centrale européenne permet en théorie aux banques d'augmenter leurs revenus, mais en échange, les banques n'ont pas accès à des programmes de refinancement avantageux. De plus, la courbe des taux reste relativement plate, ce qui nuit à la marge d'intermédiation.

Reste que les valeurs bancaires ont surperformé le CAC 40 depuis le début de l'année, avec un bond notable de BNP Paribas, qui gagne plus de 20% sur la période. Ces mêmes valeurs, comme d'ailleurs leurs pairs européens, ont montré une certaine résilience l'an dernier, profitant à plein de la rotation sectorielle en faveur des valeurs cycliques.

Prudence sur 2023

L'année 2023 s'annonce sans doute plus compliquée pour les banques toujours confrontées au choc des taux mais aussi au ralentissement (ou récession) de l'économie et à l'inévitable hausse du coût du risque. D'ailleurs, les dirigeants des banques n'ont pas caché leur prudence durant la présentation des résultats. Motif rassurant : les banques ont constitué depuis la crise sanitaire un solide matelas de provisions sur créances saines qui pourrait lisser les éventuels chocs sur les crédits.

« Les marges (des banques) pourraient souffrir d'une baisse des volumes de prêts », estime, dans une note, Bruno Jacquier, économiste chez Atlantic Group.

C'est d'ailleurs déjà largement le cas au Royaume-Uni.

De plus « les banques sont exposées à de nombreux risques comme les risques économiques (la récession), politiques (un changement de règles du gouvernement) et même géopolitiques (les conséquences de la guerre en Ukraine pour les activités des banques en Russie) », met en garde John Plassard, directeur chez Mirabaud.

« Il va donc falloir être sélectif », poursuit-il en privilégiant, selon lui, les banques françaises compte tenu de leur mix et de la solidité de leurs résultats.

« Si les taux restent élevés et que la croissance est toujours présente en 2023, je ne vois pas comment les banques pourraient avoir de mauvais résultats et pourraient faire de mauvaises performances en bourse », estime Valentin Nicaud, analyste financier chez Bourse direct.

Mais c'est bien en 2024 que les banques de détail en France tireront le plein bénéfice de la hausse des taux.

Maxime Heuze

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