« La Tech américaine est chère mais elle mérite cette prime » (Nicolas Domont, Optigestion)

Nicolas Domont, associé chez Optigestion et gérant d’Optigest Monde, explique à La Tribune pourquoi la Tech américaine reste attractive malgré des valorisations élevées en Bourse. L’économie se numérise à grande vitesse et la Tech américaine, toujours en pointe sur l’innovation, reste un choix Tech par défaut faute d’alternative crédible en Europe ou en Asie.
Nicolas Domont, associé d’Optigestion et gérant d’Optigest Monde, met toujours le cap sur les valeurs américaines.
Nicolas Domont, associé d’Optigestion et gérant d’Optigest Monde, met toujours le cap sur les valeurs américaines. (Crédits : DR)

Optigestion, société de gestion créée il y a 35 ans par d'anciens industriels, dans laquelle tous les associés ont investi une part significative de leur patrimoine, cherche à capter de la création de valeur dans les changements structurels des économies. D'où un tropisme sur la Tech et les grandes révolutions technologiques, comme depuis quelques années, l'intelligence artificielle dont les applications sont multiformes et multisectorielles, à l'image de la santé par exemple. Bref, Optigestion tente de se focaliser sur les marchés en forte croissance, de plus de 10 %, en prenant soin de sélectionner les entreprises qui se développent plus vite que leur marché. Une approche qui a permis très tôt des paris gagnants, comme Nvidia ou Microsoft, ou bien Novo Nordisk dans le domaine de la santé. Entretien avec Nicolas Domont, associé et gérant du fonds Optigest Monde.

LA TRIBUNE - Le gendarme américain vient de mettre en garde les sociétés et les investisseurs contre un « IA washing ». Existe-t-il un emballement lié à l'IA ?

NICOLAS DOMONT - Beaucoup de sociétés, notamment dans les semi-conducteurs, tentent effectivement de surfer sur la vague IA, même si elles n'ont pas les capacités technologiques ou même les données pour le faire. Sur le secteur des semi-conducteurs, il y a certainement un effet « carnet de commandes », avec une course au rééquipement des datas centers, un peu à l'image de la pénurie des semi-conducteurs qu'a connu le secteur automobile à la sortie de la crise sanitaire. Tout ceci devrait se normaliser progressivement, même si certains acteurs, comme Nvidia, mais aussi Arista ou Synopsys, ont pris de l'avance. Reste que 2023 est une année de rupture au sens où l'IA est désormais clairement perçue comme un accélérateur de productivité. D'autant que toutes les innovations numériques interagissent entre elles, que ce soient l'IA, la blockchain, le cloud et les données. Beaucoup se réfère à la robotisation des années du fordisme, désormais appliquée au secteur tertiaire ! Quand Microsoft met de l'IA dans sa suite Office en échange d'un abonnement mensuel, il faut bien imaginer les revenus potentiels que cela peut représenter. C'est pourquoi Microsoft fait partie des premières positions de notre fonds. Ensuite, il faut bien projeter l'utilisation de l'IA dans de très nombreux secteurs, comme la santé, la consommation, même s'il existe un risque de surconsommation électrique liée à l'IA. Mais, là aussi, après une période d'adaptation, ce problème devrait être assez rapidement surmonté.

Mais la Tech américaine n'est-elle pas devenue trop chère ? Existe-t-il un risque de bulle ?

La Tech américaine est devenue chère... un peu par défaut car la technologie européenne est encore peu présente et la technologie asiatique - essentiellement chinoise - est assez peu recherchée actuellement par les investisseurs, en raison notamment des tensions géopolitiques et de la reprise en main de l'économie chinoise par le Parti communiste. Mais la Tech américaine est chère parce qu'elle va également beaucoup plus vite, à la fois dans l'innovation et dans la croissance des revenus ou des résultats. Prenez Nvidia qui est valorisé autour de 30 fois ses résultats estimés à 12 mois : c'est une société qui double chaque année son chiffre d'affaires, qui devrait atteindre 100 milliards de dollars en 2024 ! Cela mérite une prime. Et beaucoup de ces sociétés qui affichent des fortes croissances sont également des grandes capitalisations, recherchées par les investisseurs. Il existe toujours un potentiel important dans la Tech américaine car le marché de la numérisation est, et sera en forte croissance dans les années à venir. Cela se traduit notamment dans l'allocation d'Optigestion Monde par une exposition d'environ 70% sur les marchés américains, mais en évitant toutes les entreprises en panne d'innovation... qui représentent 80 % de la cote.

Les crises géopolitiques ne semblent pas peser sur les marchés mais pensez-vous que la défense ou l'industrie de l'armement peuvent devenir une thématique d'investissement de demain ?

La défense mobilise entre 2 à 5 % du PIB en Europe et devient malheureusement un point d'attention compte-tenu de la recrudescence des conflits, notamment avec la guerre en Ukraine. Cette thématique reste cependant compliquée à mettre en œuvre selon les nouvelles règles ESG qui s'imposent de plus en plus, du moins en Europe. Certes, la défense touche de très près la Tech, notamment dans la préservation de l'humain avec les drones, mais aussi dans le domaine de la surveillance, des satellites et de l'espace. Cependant la Défense a un impact beaucoup moins important que l'obésité, Alzheimer ou les maladies cardiaques... et l'IA. La défense reste donc une opportunité limitée par rapport au champ des innovations applicables aujourd'hui, à la santé, à l'IA, à la production 4.0 ou à la robotique...

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