Paiement : le cash fait encore de la résistance

Selon les derniers chiffres de la Banque centrale européenne, les paiements en espèces ont représenté 73% des transactions de proximité en 2019, contre 79% en 2016. La crise sanitaire, qui a vu la généralisation du paiement sans contact, mais aussi la lente érosion du parc de distributeurs, pourraient accélérer la lente érosion des espèces.
Les espèces représentent 73 % des transactions de proximité en zone euro et 48% de la valeur des paiements en 2019, selon la BCE.
Les espèces représentent 73 % des transactions de proximité en zone euro et 48% de la valeur des paiements en 2019, selon la BCE. (Crédits : Banque de France)

La cashless society n'est pas pour demain. L'explosion du paiement par carte sans contact et la promesse de nouveaux types de paiements digitaux (paiement instantané, virement P2P...) pouvaient laisser croire à une rémission rapide de l'antique paiement en espèces. Une étude de la Banque centrale européenne (BCE) sur les habitudes de paiement des ménages dans la zone euro souligne cependant la résilience des paiements en cash.

Nous sommes donc encore loin de l'exemple de la Norvège (hors zone euro) où, selon une toute récente étude de la banque centrale de Norvège, les espèces ne représentent plus que... 4% des transactions.

Décrue plus prononcée en France

Certes, l'édition 2019 de cette vaste enquête confirme une tendance de long terme : la lente décrue des espèces dans les transactions au profit des paiements digitaux. Mais, l'an dernier, le cash reste le moyen de paiement le plus utilisé par les consommateurs pour leurs transactions dans les points de vente ou entre les particuliers : Il représente 73% des transactions (48% en valeur) en moyenne dans la zone euro, contre 79% trois ans plus tôt (54% en valeur).

En France, pays de «l'interbancarité » où l'usage de la carte de paiement s'est développé plus vite que dans les autres pays européens, la baisse de l'usage du cash est logiquement plus marquée : les espèces concernent 59% des transactions de proximité (25% en valeur), contre 68% en 2016 (28% en valeur).

A l'inverse, les cartes de paiement ont gagné cinq points de pourcentage en trois ans sur la zone euro, en passant de 19% à 24% (de 39 à 41% en valeur) et huit points de pourcentage en France, de 27% à 35% des transactions (59% à 57% en valeur, une diminution qui s'explique par un usage de la carte pour de plus faibles montants).

Les petits commerces acceptent de plus en plus le paiement par carte

Si le cash fait de la résistance, la crise sanitaire, qui a vu une généralisation du paiement par carte dans des petits commerces de proximité (tabacs, boulangeries), grâce à une meilleure acceptation des commerçants eux-mêmes, devrait accélérer la tendance en faveur des paiements digitaux.

La BCE a mené une enquête en juillet 2020 auprès des consommateurs sans tirer cependant de conclusions définitives sur l'impact à long terme de la crise sur le comportement de paiement. Cette enquête avait notamment souligné que 40% des sondés utilisaient « moins » les espèces depuis le début de la crise.

Le défi de l'accès au cash

Reste qu'il existe encore des freins, souvent psychologiques, à la généralisation du paiement digital, notamment les craintes de la fraude ou du piratage. Les espèces représentent également une épargne jugée fiable par les ménages et un tiers des européens conservent un bas de laine en cash chez eux, comme épargne de précaution. Enfin, le cash reste le mode de paiement privilégié par les classes les plus défavorisées.

C'est pourquoi les banques centrales, notamment la Banque de France, restent très attachées au maintien de l'accès du cash. Les agences bancaires ont depuis longtemps quasiment renoncé à cette fonction de caisse, désormais assurée par les distributeurs automatiques (60% des retraits d'espèces en volume). Mais ces derniers sont également en déclin, notamment dans les zones rurales.

Et l'érosion du nombre d'agences bancaires dans de nombreux pays (même si la France est, pour l'heure, relativement préservée) devrait amplifier le mouvement de désertification des distributeurs automatiques. Un service perçu par les banques avant tout comme un centre de coûts.

Certains transporteurs de fonds ou fabricants de distributeurs développent ainsi des services de sous-traitance de plus en plus intégrés aux banques, quitte à gérer eux-mêmes des parcs de distributeurs, comme en Belgique.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 8
à écrit le 03/12/2020 à 10:58
Signaler
Quand le cash disparaîtra, le troc apparaîtra! La taxation des mouvements sera inchangé!

à écrit le 03/12/2020 à 5:09
Signaler
Decidement la Tribune fait du forcing pour eradiquer la pratique de l'argent en "especes". Ce moyen de paiement durera encore tres longtemps, quoique vous en pensiez.

à écrit le 03/12/2020 à 3:20
Signaler
"Nous sommes donc encore loin de l'exemple de la Norvège". Le terme "exemple" me choque. Quand vous avez un billet de 50€, ce n'est pas sur Amazon que vous le dépensez mais dans le commerce local. La monnaie électronique (cartes, virements) a tué nos...

à écrit le 02/12/2020 à 21:40
Signaler
Le cash (garanti par l'état) n'est pas prêt de disparaître puisque que le paiement électronique (CB, virement, etc) est 100 % à la charge des utilisateurs (terminal commerçant, ordinateur ou carte client, commission sur mouvement bancaire) malgré des...

à écrit le 02/12/2020 à 19:06
Signaler
Les billets ça va ça vient, en Suède ils voulaient tout dématérialiser mais en sont revenu début 2020, les gens doivent pouvoir trouver un DAB pas trop loin (gens sans adresse fixe, sans équipement informatique, sans carte). En 2019, je me suis félic...

à écrit le 02/12/2020 à 18:33
Signaler
Si les espèces disparaissent un jour en France, "L'abeille" vaudra plus que l'euro, il serait temps de remettre les pieds sur terre un peu svp hein, merci. Par ailleurs le moyen de paiement le plus sûr à distance reste le chèque.

le 03/12/2020 à 5:17
Signaler
Le cheque est une aberration. Meme certifie, il faut des lors qu'un client me regle a l'international avec ce moyen antediluvien presque trois mois pour qu'il soit credite sur mon compte entreprise coreen et ampute au passage de lourdes commissio...

le 03/12/2020 à 8:29
Signaler
"Le cheque est une aberration. " Il dessert tes intérêt donc c'est une "aberration" mais tes intérêts ne sont pas l'intérêt général ça fait un moment que je te le dis hein faudrait que t'arrêtes vraiment de faire semblant de pas comprendre ce que...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.