L'italien UniCredit va supprimer 14.000 emplois et fermer 800 agences

Le plan stratégique de la première banque italienne en matière d'actifs prévoit une méga-augmentation de capital de 13 milliards, la vente de créances douteuses et une restructuration sévère du réseau.
Delphine Cuny
Jean-Pierre Mustier, le français à la tête d'UniCredit depuis juillet, vient d'annoncer un plan drastique : restructuration du bilan et de l'entreprise qui va mener une augmentation de capital massive de 13 milliards d'euros.
Jean-Pierre Mustier, le français à la tête d'UniCredit depuis juillet, vient d'annoncer un plan drastique : restructuration du bilan et de l'entreprise qui va mener une augmentation de capital massive de 13 milliards d'euros. (Crédits : DR)

Arrivé aux commandes en juillet, le français Jean-Pierre Mustier y va vite et fort pour restructurer UniCredit, la première banque italienne en matière d'actifs et la seule systémique. Lors d'une journée consacrée aux analystes et investisseurs à Londres ce mardi, cet ancien de la Société Générale a dévoilé un plan stratégique à trois ans drastique : un méga-appel au marché de 13 milliards d'euros, la plus grande augmentation de capital jamais menée sur les marchés financiers italiens, la vente de 17,7 milliards de créances douteuses et la suppression de 14.000 emplois d'ici à 2019.

Ces coupes dans les effectifs (11% du total) représentent 6.500 réductions en net de plus que celles annoncées par le prédécesseur de Jean-Pierre Mustier, Federico Ghizzoni, et doivent se traduire par des économies annuelles de 1,1 milliard d'euros à partir de 2019. Le plan baptisé "Transform 2019" prévoit la fermeture de 944 agences en Europe, dont 800 sur les 3.600 que possède UniCredit en Italie. L'Allemagne et l'Autriche seront aussi touchées.

« Nous prenons des actions décisives pour traiter nos problèmes d'exposition aux prêts non-performants hérités du passé et favoriser notre rentabilité future pour devenir une des banques européennes les plus intéressantes », a fait valoir Jean-Pierre Mustier.

Il a rappelé qu'il avait pris des "actions audacieuses" depuis son arrivée en juillet, notamment la vente des ses participations dans la banque polonaise Pekao, dans sa banque en ligne Fineco et celle de sa filiale de gestion d'actifs Pioneer au français Amundi.

Réduire l'exposition aux créances douteuses

UniCredit va passer une charge exceptionnelle de 12,2 milliards d'euros dans ses comptes au quatrième trimestre, comprenant les coûts de restructuration, à hauteur de 1,7 milliard, et surtout une provision de 8,1 milliards au titre de la perte encaissée sur les 17,7 milliards de "prêts non-performants" (les "sofferenze"). Ces créances "pourries" sont revendues d'une part au hedge fund américain Fortress  et d'autre part au fonds obligataire californien PIMCO (dirigé par le français Emmanuel Roman), transférées dans des véhicules financiers spéciaux dans lesquels UniCredit conservera une participation minoritaire. Cette opération doit permettre d'améliorer sensiblement le profil de risque de la banque.

L'augmentation de capital, entièrement garantie, aura lieu au premier trimestre 2017. L'objectif du plan est de renforcer la solidité du bilan de la banque et d'atteindre des ratios de capitaux propres "en ligne avec les meilleures des banques systémiques", en particulier un ratio de fonds propres en dur (fully-loaded Common Equity Tier 1) dépassant 12,5% en 2019, contre 10,8% à fin septembre. Lors des derniers tests de résistance révélés en juillet par l'Autorité bancaire européenne (EBA), UniCredit était mal placée.

Réinventer le modèle de la banque

Le plan stratégique ne se limite pas à la réduction de coûts et au renforcement du bilan. Jean-Pierre Mustier veut placer UniCredit sur de bons rails pour l'avenir : il a prévu 1,6 milliard d'euros d'investissements informatiques pour accompagner la transformation numérique des métiers au cours des trois ans du plan. L'objectif est notamment d'atteindre 14 millions de clients en ligne. Les initiatives liées au "digital" doivent permettre aussi d'acquérir 2,6 millions de nouveaux clients sur la période. Et en 2019, la banque devra dégager un bénéfice net de 4,7 milliards d'euros en 2019.

Les annonces sont bien accueillies par les investisseurs : l'action UniCredit grimpe de 8% à la mi-journée à la Bourse de Milan.

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Delphine Cuny

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Commentaires 3
à écrit le 13/12/2016 à 14:52
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Pauvres citoyens qui vont vers les banques en ligne pour économiser 45 euros par an en risquant l'arnaque à tout moment mais qui vendent ou achètent leurs biens immobiliers avec des agences immobilières qui leur ponctionnent des milliers d'euros pour...

le 16/12/2016 à 10:27
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Hervé, ton vrai prénom, ce n'est pas Joseph? Ne fait pas l'âne, ni la grenouille qui veut se faire plus grosse que le boeuf. Sinon, votre bien, on peut le visiter ce week-end !

à écrit le 13/12/2016 à 13:32
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A créances douteuses, financiers douteux.

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