La Fintech Morning sort de l'ombre et s'attaque au marché du prépayé

Où en est la startup toulousaine ? Reprise par la Banque Edel (groupe Leclerc) il y a bientôt deux ans, la Fintech souhaite désormais percer sur le marché du prépayé. Elle a récemment obtenu l'agrément d'établissement de monnaie électronique et a racheté les activités de cartes prépayées de BNP Personal Finance. Quatre millions d'euros ont été injectés pour soutenir cette nouvelle stratégie.
Juliette Raynal
La fintech toulousaine Morning a obtenu l'agrément d'établissement de monnaie électronique. Elle opère aujourd'hui quelques millions de cartes cadeaux sous la marque Kadoia.
La fintech toulousaine Morning a obtenu l'agrément d'établissement de monnaie électronique. Elle opère aujourd'hui quelques millions de cartes cadeaux sous la marque Kadoia. (Crédits : Morning)

Du projet de néobanque grand public au marché du prépayé, Morning fait le grand écart. La Fintech toulousaine, reprise début 2017 par la Banque Edel, filiale du groupe de grande distribution E.Leclerc alors qu'elle était au bord de la faillite, a définitivement pris le virage du B2B. Tournant dont elle avait fait part dès juin 2017. Après 18 mois de silence, la startup profite du Paris Fintech Forum qui se tient les 29 et 30 janvier pour présenter ses nouvelles activités. Son nouveau crédo : les cartes cadeaux et plus généralement le marché du prépayé. Un secteur où l'on retrouve notamment Edenred, spécialiste des paiements dans le monde du travail et notamment connu pour ses activités de Ticket Restaurant.

Un million de cartes prépayées par an

Pour mettre en place cette nouvelle stratégie, Morning a été recapitalisée à hauteur de quatre millions d'euros au cours des derniers mois.

« Nous avons obtenu en septembre 2018 l'agrément d'établissement de monnaie électronique (EME). Seuls dix établissements en France le détiennent. Nous avons également repris en décembre dernier les activités de cartes prépayées de BNP Personal Finance, qui représentent plusieurs centaines de milliers de cartes par an. Combiné à l'activité de la Banque Edel dans les cartes cadeaux, nous opérons désormais quelques millions de cartes par an », détaille Frédéric Senan, le directeur général de Morning, venu de la Banque Edel.

Les cartes cadeaux, qui seront commercialisées sous la marque Kadoia, se déclinent sous deux formes :  d'un côté les cartes utilisables une seule fois et de l'autre des cartes à puce Visa rechargeables. Ces cartes sont disponibles en version plastique ou en version numérique. Morning va par ailleurs lancer dans les semaines à venir une application mobile permettant au client final de visualiser le solde de sa carte et les dernières transactions effectuées. Les enseignes, elles, bénéficieront d'un outil de reporting et d'un service client étendu.

Des revenus tirés à 80% du marché des entreprises

Pour autant, Morning n'a pas complètement abandonné ses services d'origine : la cagnotte en ligne est rebaptisée Wipliz et devient un produit à part entière, disponible depuis une application mobile tandis que ses comptes de paiement Morning Pay et Morning Jump (pour les 12-18 ans) couplés à une carte Visa prépayée vont faire peau neuve. Tous vont servir de vitrine et de base pour décliner des offres aux entreprises.

« Toutes ces activités vont être déployées en marque blanche. Nous prévoyons que 80% de nos revenus proviennent de notre activité B2B », indique le directeur général de Morning.

« Le compte Morning Pay peut être déployé en marque blanche en moins de trois semaines. Nous visons les banques, les compagnies d'assurance et les distributeurs », détaille-t-il. La cagnotte Wipliz pourrait quant à elle être adoptée par les comités d'entreprise ou même être intégrée à l'intranet des grandes entreprises. « Aujourd'hui nous comptons quatre clients B2B, deux pour le compte Morning Pay, un pour la cagnotte Wipliz et deux autres dans l'univers de la carte cadeau », précise Frédéric Senan.

La startup a réalisé de lourds investissements techniques pour faciliter ces déclinaisons. Elle a adopté une architecture articulée autour de "microservices" pour fabriquer des offres à la demande. « Par exemple, si un client B2B nous demande un compte de paiement avec une carte Visa et un outil de pilotage, nous allons agréger trois briques différentes, chacune représentant un microservice », explique le dirigeant. Morning mise sur cette agilité pour tirer son épingle du jeu.

« Nous visons l'équilibre financier pour la fin 2019 », indique le dirigeant.

Juliette Raynal

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