Les données des cartes de paiement pour mesurer « autrement » l’activité économique

L'école d'ingénieurs Télécom ParisTech vient de lancer une chaire sur la finance digitale en partenariat avec l'université Paris II Panthéon Assas, La Banque Postale et le groupement des cartes bancaires CB. L'un des axes de recherche consiste à construire un indicateur de l'activité économique basé sur l'analyse des montagnes de données issues des paiements effectués par cartes bancaires. Objectif : gagner en réactivité dans le pilotage de l'activité économique.
Juliette Raynal
L'un des axes de recherche consiste à établir un indicateur de l'activité économique à partir des données issues des paiements par cartes bancaires anonymisées.

Le 19 mars dernier, l'Insee a publié une note de conjoncture dans laquelle elle propose une mesure de l'effet économique des "Gilets jaunes. Selon l'institut public, les manifestations en novembre et décembre n'auraient pas pesé pour plus de 0,1 point sur le PIB en 2018. Qu'en est-il de l'impact des samedis de mobilisation du premier trimestre 2019 ? Il faudra sans doute attendre quelques mois pour obtenir la réponse.

La mesure de l'activité économique réalisée par l'Insee s'effectue, en effet, par le biais d'enquêtes menées auprès d'un échantillon de grandes entreprises, qui déclarent leur chiffre d'affaires réalisés sur une période donnée. « Ces méthodes sont coûteuses et imposent des délais de traitement de deux à trois mois », commente David Bounie, professeur et responsable du département Sciences économiques et sociales à Télécom ParisTech. Ces écueils pourraient être surmontés grâce au développement d'un indicateur complémentaire au PIB.

Exploiter les masses de données

C'est ce sur quoi va plancher l'école publique d'ingénieurs, qui vient de lancer une chaire de recherche en partenariat avec l'université Paris II Panthéon Assas, ainsi que La Banque Postale et le groupement des cartes bancaires CB. Ces deux partenaires corporate financeront ces travaux à hauteur de 200 millions d'euros chaque année pendant quatre ans.

L'un des axes de recherche consiste à établir un indicateur de l'activité économique à partir des données issues des paiements par cartes bancaires anonymisées.

« Plus de 300 transactions par carte bancaire sont effectuées chaque seconde en France. Cela représente des milliards de données. 60% des dépenses en valeur des consommateurs sont effectuées par carte. Ces volumes donnent une bonne base pour construire des modèles de prévision », indique David Bounie qui dirigera la chaire aux côtés de Marianne Verdier, professeur d'économie à l'université Paris II Panthéon-Assas.

Un pilotage de l'activité plus précis

En complément des méthodes classiques basées sur le déclaratif, cet indicateur permettrait de gagner en réactivité et de piloter l'activité économique de manière plus fine et plus localement. « L'idée n'est pas de substituer le PIB mais d'avoir un indicateur complémentaire. Nos travaux consisteront notamment à évaluer sa robustesse. Nous souhaitons faire des propositions dès cette année », précise le co-responsable de la chaire.

Outre ces travaux, la chaire planchera sur l'utilisation des algorithmes d'apprentissage dans le monde de la finance et plus particulièrement sur les questions d'éthique et de responsabilité qui y sont liées. Les équipes pluridisciplinaires travailleront également sur la question de la dématérialisation des modes de paiement et la disparition du cash.

Juliette Raynal

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Commentaire 1
à écrit le 27/03/2019 à 8:35
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Avec la financiarisation del 'économie nous nous retrouvons au coeur de phénomènes de ce genre à savoir inutiles, stupides, improductifs et couteux. JE ne peux m'empêcher de penser à cette apparition lors des bulletins météo des températures "res...

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