C'est une première. Lors de sa réélection à la mairie de Paris le 3 juillet dernier, Anne Hidalgo a confié à son adjoint chargé des finances et du budget un nouveau périmètre, celui de la finance verte. Paul Simondon fait en effet partie de l'équipe des 37 adjoints, constituée pour la deuxième mandature d'Anne Hidalgo suite à sa réélection.
"Anne Hidalgo a souhaité que l'enjeu autour du financement de la transition écologique se voit dès l'intitulé. Le fait de le mettre dans l'intitulé de la délégation a été remarqué par les acteurs de la finance verte. C'est la preuve qu'il y avait une attente", estime l'intéressé : Paul Simondon, élu socialiste du dixième arrondissement de la capitale et ex-adjoint en charge de la propreté et de la gestion des déchets.
Une volonté affichée noir sur blanc, qui n'a pas été copiée à l'échelle nationale lors du remaniement ministériel, au regret de ces mêmes professionnels qui souhaitent faire de Paris, la capitale mondiale de la finance verte.
Des obligations vertes et un fonds d'investissement
L'enjeu derrière cette nouvelle attribution, "c'est de savoir comment on souhaite avancer dans la transition écologique [...] pour que Paris puisse résister à un choc climatique [...] et comment on finance cette transition", résume Paul Simondon.
Paris faisait toutefois déjà de la finance verte avant qu'Anne Hidalgo décide d'inscrire cette nouvelle attribution sur le papier. Dès novembre 2015, à la veille de la COP 21, la capitale a émis sa première obligation verte (emprunt émis par une entreprise ou un acteur public dont le but est de financer uniquement des projets de transition écologique) d'un montant de 300 millions d'euros. Deux ans plus tard, en novembre 2017, elle est revenue sur les marchés obligataires pour lever 320 millions d'euros par le biais d'obligations "développement durable" (green & social bonds) d'une maturité de 17 ans.
En parallèle, la même année, Paris a lancé un fonds d'investissement dédié à la transition énergétique. Baptisé "Paris fonds vert", il est géré par la société Demeter.
"C'est un fonds dans lequel la ville a mis 15 millions d'euros. Au total, le fonds a levé 160 millions d'euros. Il vise à aider les acteurs économiques qui apportent des solutions innovantes en matière de transition et qui ont un impact direct sur le territoire parisien afin de réaliser nos objectifs climatiques [construire une ville neutre en carbone et 100% à énergies renouvelables à l'horizon 2050, ndlr]", détaille Paul Simondon.
Paris fonds vert a ainsi déjà investi dans des solutions de recharges rapides pour les véhicules électriques et des solutions numériques dédiées à la gestion des déchets de chantier. "Il faut démultiplier ce type d'initiatives et il faudra que cela prenne de l'ampleur", ajoute-t-il.
Définir un budget carbone
Autre initiative en cours : la définition d'un budget carbone.
"Elaborer un budget carbone, c'est être capable, sur chaque ligne budgétaire, de qualifier l'impact en termes climatique. Est-ce que cela a un impact positif, négatif ou neutre ? L'enjeu est d'apporter de la lisibilité sur les dépenses de la ville, d'en tirer des conséquences pour tirer nos politiques publiques vers la neutralité carbone et que cela puisse se voir concrètement sur les lignes budgétaires", détaille Paul Simondon.
Paris n'est pas la seule collectivité à s'être lancée dans cet exercice. "D'autres villes ont commencé à présenter leur budget de cette manière. Ce qui est certain, c'est que j'aurai des échanges avec mes homologues de grandes villes sur ce sujet-là. C'est important qu'il y ait une alliance des territoires sur ce sujet. Les territoires doivent s'épauler pour réussir au mieux cette transition", estime l'adjoint.
En matière de territoire justement, l'exécutif parisien entend utiliser toute l'attractivité de Paris pour aider la place financière à devenir la capitale de la finance verte et responsable. "Paris a une capacité de réseau et peut élaborer des alliances pour favoriser des objectifs en commun et repérer les meilleures pratiques", assure Paul Simondon.
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