Réforme bancaire : le comité de Bâle patine

La réunion des gouverneurs de banques centrales qui devait valider les nouvelles règles mondiales de solvabilité des établissements bancaires est reportée sine die. Le futur cadre réglementaire, appelé « Bâle IV », bloque sur l’opposition des banques européennes et japonaises face à un modèle jugé trop américain.
Delphine Cuny
Mario Draghi, le président de la BCE, a assuré que le Groupe des gouverneurs de banque centrale et des responsables du contrôle bancaire (GHOS), qu'il préside, reste déterminé à parachever la réforme des règles de Bâle III.

[Article mis à jour à 18h]

« Il faut plus de temps. » Mario Draghi, le président de la BCE et du groupe des gouverneurs de banque centrale qui supervise les travaux du comité de Bâle, a ainsi justifié le report sine die, annoncé ce mardi, de la réunion qui devait se tenir le 8 janvier. Le comité de Bâle, hébergé par la Banque des règlements internationaux (BRI) et réunissant les banques centrales et autorités financières d'une trentaine de pays, planche sur la réforme des ratios de solvabilité des banques, décidée après la crise financière. Cette refonte des précédents accords de Bâle III, censée renforcer la solidité des banques, fait l'objet de nombreuses critiques, en particulier des établissements bancaires européens, qui l'ont surnommée "Bâle IV".

« Il faut plus de temps pour finaliser le travail, y compris le calibrage définitif du cadre, avant que le Groupe des gouverneurs de banque centrale et des responsables du contrôle bancaire (GHOS), puisse examiner le paquet de propositions », indique le communiqué sur le site de la BRI.

Opposition des banques européennes et japonaises

Le communiqué ne précise pas les points à creuser.  « Le Comité devrait terminer le travail dans un avenir proche », assure cependant cette instance.

Le projet, révisé à plusieurs reprises, bloque sur l'opposition des banques européennes et japonaises face à un modèle jugé trop américain, inadapté à celui de banque universelle. Les Etats-Unis ont fait pression pour imposer des exigences plus strictes au niveau des capitaux requis, en particulier sur la prise en compte des prêts immobiliers. Selon l'agence Reuters, parmi les éléments les plus disputés figure la proposition d'instaurer un niveau minimum de fonds propres, en dessous duquel une banque ne pourrait pas descendre, quel que soit le résultat donné par les modèles qu'elle utilise. Les deux camps se livrent un véritable bras de fer depuis un an.

« Compléter Bâle III est une étape importante dans la restauration de la confiance à l'égard des ratios de capitaux pondérés des risques des banques, et nous restons déterminés à atteindre cet objectif » déclare Mario Draghi dans le communiqué.

Courant décembre, le directeur financier d'une grande banque française nous confiait son scepticisme :

« Il n'y aura peut-être pas d'accord. Ou bien un accord qui ne sera appliqué ni par les Américains ni par les Européens ! »

On peut en effet s'interroger sur l'attitude de l'administration Trump, qui entrera sans doute en fonction d'ici là. Le candidat du parti républicain s'est montré favorable à un allègement des contraintes réglementaires du secteur bancaire.

Delphine Cuny

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Commentaires 3
à écrit le 03/01/2017 à 15:17
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Bravo pour le jeu de mot qui crève l'écran. Il y a de toutes façon un vrai problème sidéral d"'hypocrisie avec la BCE , installé à Francfort et M Draghi , ex directeur Europe de Goldman Sachs. La doctrine qui veut qu'un banque centrale soit indépenda...

le 04/01/2017 à 15:23
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@francky : je ne vois pas le lien entre l'article et votre commentaire. Mario Draghi ne fait que reprendre à son compte un constat très largement partagé au sein de la place bancaire Européenne. L'application en l'état du paquet "Bâle IV" aurait des ...

à écrit le 03/01/2017 à 14:14
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Normal quand on est du côté obscur de la force... (au cas ou vous vouliez faire un jeu de mots)

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